Le ruban moucheté

«XIXème siècle» de Fanny, «British Mysteries» de Lou et Titine
Mois anglais de Lou, Titine et Cryssilda, 14ème billet

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.le ruban mouchetéLe ruban moucheté
Les aventures de Sherlock Holmes
Arthur Conan Doyle

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Un matin d’avril 1883,

Profitant de l’absence de son beau-père Grimesby Roylott, Helen Stoner demande à Sherlock Holmes d’enquêter sur la mort suspecte de sa sœur Julia. Pour étayer et justifier ses soupçons, elle dresse les grandes lignes qui permettront à Holmes de se faire une première opinion…
Veuve avec deux petites filles de deux ans, des jumelles, sa mère a épousé le docteur Roylott qui était au Bengale dans la garnison de son mari, le général Stoner. Elle apportait dans la corbeille de mariage, une belle fortune qui, selon son testament si elle devait disparaître la première, devait se partager en trois parties ; une pour son mari et les deux autres pour ses filles. Aussitôt après les noces, ils décidèrent de retourner en Angleterre où Roylott voulait s’installer. Mais la mort de sa mère, survenue à cause d’un accident de chemin de fer, changèrent les projets. De Londres, Roylott, tuteur des filles, les prit et les emmena sur son domaine familial, Stoke Moran, une terre morcelée, réduite, et un manoir défraîchi, hypothéqué par les derniers héritiers. Là-bas, tout était austère et les humeurs coléreuses, sauvages, de Roylott rythmaient le quotidien, en effrayant tout le monde. Personne n’osait s’aventurer et affronter les bêtes dangereuses qu’il faisait importer des Indes.
Un jour, Julia revint de chez leur tante avec une belle nouvelle. Elle avait rencontré chez elle un jeune homme très bien, s’en était éprise et s’était fiancée aussitôt, à lui. Les noces furent organisées, mais deux semaines avant, on retrouva Julia en agonie sur le seuil de sa chambre, à crier « Oh mon Dieu ! Hélène ! Le ruban ! Le ruban moucheté ! ».
C’était il y a deux ans… Hélène s’en souvient comme si cela avait été la veille.

Holmes et Watson ne l’interrompent pas. Chaque détail a son importance. Ce n’est que sur la fin du récit que Holmes lui demande de lui décrire la chambre et l’aménagement des pièces. Mais pour connaître le fin mot de l’histoire, il devra s’y rendre sur place, en compagnie de son fidèle ami.
Le temps presse… Hélène est amoureuse et doit bientôt se marier. Lors de la précédente nuit, elle a entendu le bruit feutré et les sifflements qui réveillaient et tourmentaient sa sœur juste avant sa mort.

Révolver et brosses à dents sont les seules affaires qu’ils emportent pour leur voyage dans le Surrey. Holmes espère dénouer cette triste affaire, le plus rapidement possible.

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Watson rapporte les faits et nous donne des chiffres dès le début de cette nouvelle. Huit ans qu’il connaît Holmes, qu’il « étudie les méthodes », pour soixante-dix affaires. Il catalogue celle-ci « d’inhabituelle et fantastique ». C’est certainement le même avis que Conan Doyle.
L’intrigue a la construction des autres. Une cliente vient à Baker Street et demande l’aide de Sherlock Holmes. Watson est présent. Lorsqu’elle se confie, Holmes regroupe les informations et commence à les connecter. Il pourrait déjà donner le nom du meurtrier, le mobile, mais n’a pas encore découvert l’arme du crime. C’est justement ce dernier point qui rend l’enquête très intéressante et originale. Il est amusant aussi d’imaginer Holmes a l’affut du moindre indice… « à quatre pattes, le visage contre terre, ou plutôt collé à la loupe… ».
Le paysage et l’atmosphère présentés donnent à notre vision un caractère chimérique et extravagant. U
n parc habité par des animaux exotiques, un manoir en ruine, une descendance qui se dégénère, des bohémiens qui campent dans le bois, une jeune fille en détresse… il ne m’en faut pas plus pour me transporter.
A recommander

P.S. : La dessinatrice Christel Espié a illustré ce roman dans un très bel album paru aux éditions Sarbacane.
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le ruban moucheté.

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Les cinq pépins d’orange

logomoisanglais15logo british mysterieslogo XIXème 2«XIXème siècle» de Fanny
«British Mysteries» de Lou et Titine

Mois anglais de Lou, Titine et Cryssilda, 1er billet

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les cinq pépins d'orangeLes cinq pépins d’orange
Les aventures de Sherlock Holmes
Arthur Conan Doyle

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Londres, septembre 1887,

John Watson rassemble ses notes. Il regrette de ne pas avoir retranscrit toutes les enquêtes de son ami Sherlock Holmes même si celles qu’il a racontées sont des plus passionnantes. Certaines ont été faciles à résoudre, d’autres plus ardues. Certaines n’ont pas eu de dénouement et d’autres l’ont rempli d’amertume… comme celle des cinq pépins d’orange.

Septembre est venteux, froid, il n’incite pas à baguenauder dans les rues. Holmes n’attend personne, mais la clochette annonce une visite. C’est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui demande conseil pour une affaire étrange (toutes les affaires sont étranges !), Scotland Yard n’ayant pas voulu le prendre au sérieux.
Son oncle Elias Openshaw qui était parti en Amérique et qui avait combattu dans l’armée sudiste aux côtés du général Lee lors de la guerre de Sécession, est revenu en Angleterre avec une belle fortune. N’ayant aucun héritier, c’est vers son neveu John qu’il s’est retourné, lui demandant de venir le rejoindre dans sa demeure pour faire plus ample connaissance. John découvre alors un homme taciturne, secret et peu sociable, mais s’en accommode très bien les années passant… C’est juste avant la mort d’Elias que John prend mesure de tous les mystères qui l’entouraient. Celui-ci a reçu une lettre avec cinq pépins d’orange. Une phrase sibylline signée KKK et cinq pépins d’orange qui l’ont épouvanté et fait brûler des papiers qu’il tenait cachés.

« Mettez les papiers sur le cadran solaire. »

A ce stade de l’histoire, Watson ne sait que penser et Holmes dodeline de la tête, attentif aux moindres faits… A la mort d’Élias, survenue très rapidement après la missive, l’héritage est allé au père de John, qui moins de deux ans après, reçoit à son tour le même courrier contenant les cinq pépins d’orange… Fatalement, la menace qui fut prise comme une plaisanterie mena le cher homme à sa mort.
John étant le dernier successeur, c’est à présent à lui que la missive est adressée.

Holmes renvoie le jeune homme chez lui et entreprend son enquête sans plus tarder. Mais… mais il est déjà trop tard pour John Openshaw car le KKK va encore frapper. Quelles sont ces trois initiales et quelle est la signification des cinq pépins d’orange ?

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Nouvelle extraite des Aventures de Sherlock Holmes, l’enquête est d’abord sortie dans le Strand Magazine en 1891.
Cette triste affaire relate l’assassinat de trois Openshaw et un dénouement bien affligeant qui restera dans les annales comme un échec cuisant. En effet, même si Holmes élucide le mystère rapidement, il n’a pas su protéger John et n’a pas pu appréhender les criminels. Justice sera faite, mais le châtiment ne sera pas rendu par les hommes.
Ce dernier point chagrine Holmes, plus peut-être que la mort de son client. Watson nous le montre affligé, suspendu entre deux émotions, l’orgueil et la contrition : « Je souffre dans mon orgueil, Watson ! C’est un sentiment mesquin, peut-être, mais je souffre dans mon orgueil. J’en fais à partir de maintenant une affaire personnelle ; si Dieu le veut, je liquiderai ce gang. Dire qu’il est venu pour que je l’aide, et que je l’ai envoyé à la mort !… »

Un plaisir de lecture !

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D’autres billets chez Belette,

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Le petit Tōkaidō

logo L'art dans tous ses états
L’art dans tous ses états de Shelbylee

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Le petit Tōkaidō
Hiroshige
Présentation par Nelly Delay
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C’est en sortant de l’expo Okusai que je me suis offert ce superbe recueil d’estampes présenté dans un coffret. Les illustrations, chacune sur deux pages, se déploient en accordéon et racontent le voyage en cinquante-six stations, de la route du Tōkaidō ; de Tokyo à Kyoto. C’est une des voies les plus importantes qui était fréquentée en toutes saisons. 

« LeTōkaidō fut pour Hiroshige ce que le Fuji était pour Hokusai : une passion. »

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Hiroshige
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Hiroshige admire la nature et la dessine sur tous ses aspects. De caste élevée (son père était un officier de la brigade des pompiers), il a pu choisir à vingt-sept ans de se réaliser dans sa passion, le dessin. Toutefois, héritier de la charge de son père, il n’a pas pu abandonner ses responsabilités qui le menèrent à voyager...

« La nature était aussi vivante que les êtres humains. »

A l’âge de trente-six ans, il décide de reprendre les routes qu’il a prises lors de ses périples officiels. Les estampes s’accumulent et parlent essentiellement du Tōkaidō.
Le livre, « œuvre considérable », prendra forme sous le titre « Le grand Tōkaidō », paru entre 1833-1834. Le petit Tōkaidō, avec une sélection de dessins, a été édité en 1840 par Sanoki ; chaque station étant accompagnée d’un poème.

Peintre paysagiste, il célèbre la nature et l’anime par des voyageurs qui la sillonnent.
On voit sur la première station le mont Fuji au loin et au premier plan, le pont Nihonbashi qui enjambe la rivière Sumida. C’est un matin, rose de son aube, déjà en activité.

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tokaido3Nihonbashi – 1ère station

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Sur les autres peintures, toutes les vues sont égayées par une effervescence qui témoigne des passages incessants. Commerçants, cortèges, porteurs, itinérants…, sur terre et sur eau, les processions semblent s’accommoder de la pluie, du vent, de la neige et de la nuit.
Les couleurs sont lumineuses, variées, des dégradés bigarrent les tons, les bleus sont superbes, mais aussi les verts et les ocres. Les traits sont bien dessinés, précis, les compositions sont magnifiques !

 .tokaido2Mishima – 12ème station

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Je vous incite à noter ce livre
des Editions Hazan. Son originalité pourrait faire un beau cadeau. La couverture est toilée d’un tissu moiré, riche, sobre, ses dimensions sont 120 x 176 mm, les reproductions sont de belles factures, et un petit livret écrit par Nelly Delay, historienne d’art et spécialiste d’art japonais ancien, nous permet de comprendre et de situer les planches.
N’hésitez pas !

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Ishiyakushi – 45ème station

 

 

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Le Québec

logomelangedesgenres1logoquebec14Septembre, mois québécois, avec Karine et YueYin « Tout genre » de Miss Léo

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le québecLe Québec Heureux qui… Maurice Sand

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Maurice Sand est le fils du baron François Casimir Dudevant et de George Sand. En 1861, à l’âge de trente-huit ans, il accompagne le prince Napoléon, dit « Plon-plon », dans une mission diplomatique en direction de l’Amérique et du Canada. Proche de sa mère, il lui adresse des lettres qu’il écrit quotidiennement. George Sand trouve dans ce journal, la spontanéité, la fougue d’un jeune homme ravi de découvrir une contrée lointaine et des gens très différents. Dans la préface, elle salue le style d’écriture, enjoué, anecdotique, observateur, intime, et raconte que tout cela mériterait d’être publié dans La Revue des Deux Mondes. La rubrique s’intitulera « Six mille lieues à toute vapeur ».

La route est longue ! Terre, mer, bateau, train, la route qui doit les mener au Québec n’est pas une des plus directes… plus de six mille lieues, soit trois mois et vingt jours de voyage. Maurice dit qu’il a souvent quartier libre et qu’il a le droit d’aller où bon lui semble. Une indépendance qu’il cite… « liberté de manœuvre ». Il n’hésite donc pas à quitter le groupe et à s’aventurer pour saisir les paysages, faune-flore, les gens, physionomie-mœurs, et l’essence particulière d’une atmosphère étrangère. Il imagine sa mère à ses côtés et s’intéresse à toutes les curiosités qu’elle aurait pu avoir.

Lincoln est élu président des États-Unis, la guerre de Sécession se prépare. Après tout un parcours, Washington, Alexandria, Fairfaw, Cleveland, les Grands Lacs…, le voyage princier arrive à la frontière canadienne, Port Huron le 20 août. L’accueil est chaleureux avec trompettes, fanfares et salves de canon. L’ambiance est festive, les bals cadencent les soirées, les femmes dévoilent sans pudeur leurs gaietés et les hommes chiquent, crachent, boivent, sans continence. Maurice souligne que les Américains qu’il côtoie dans cette effervescence, paraissent mal éduqués, bruyants, et sans code de bienséance. Le tableau tranche avec le regard des « indigènes ». Les jours suivants, le bateau vapeur borde des paysages qui célèbrent une nature magnifique, sauvage, rugueuse. Maurice, l’artiste, le géologue, le botaniste, le collectionneur, les dessine avec les mots. Tout est répertorié… le schiste calcaire, le fer, des roches multicolores, les immortelles blanches, les framboisiers, les arbousiers, les pins, les chênes, les érables, des arbres gigantesques qui soulignent la côte. La végétation luxuriante saisit et peut angoisser. L’homme n’ose pas l’apprivoiser et la délaisse pour une région moins rude, vers l’est. Lorsque Maurice est face à tant de grandeur, lorsqu’il parle avec les trappeurs et les locaux, il se dit que la modernité, les élégances, sont superflues. Les indiens aux peaux rouges les regardent arriver. Certains sont de bons hôtes et parlent même « un petit brin de français », d’autres rejettent l’invasion et la suprématie des blancs. Les regards sont indifférents ou tentent de cacher leur mépris. Maurice trouve une ressemblance avec les Arabes qui subissent le colonialisme.

22 août, Lac Supérieur… visite des mines de fer, collecte de pierres pour George et aurore boréale… 23 août, Île Manitou, Copper-Harbour, Eagle-Harbour… Il voyage à bord du North-Star, en compagnie de trois jeunes filles qui s’appellent Mary et joue les galants avec elles. En parenthèse, il précise que les femmes célibataires sont toutes en recherche d’un mari, elles sont coquettes et voraces. Il faut être donc très attentif et ne pas commettre un impair ! … 26 août, Saut-Sainte-Marie, Île de Mackinaw, il quitte ses compagnons de voyage pour une autre embarcation… 7 septembre, les rives du Niagara… des lieux-dits et des gares qui portent les noms des capitales Londres, Paris, Naples, Moscou, Le Caire… Il retrouve une partie de la délégation pour admirer les chutes. Le spectacle est grandiose, ses mots peinent à décrire…

« C’est si grandiose, si beau que je ne saurais te le décrire, et je pense à ce Nègre d’un roman de Cooper qui ne peut manifester son admiration que par un éclat de rire homérique. Moi aussi je ris, mais c’est de mon impuissance à rendre par des mots l’admirable chose que j’ai vue. Devant ces montagnes d’eau, on ne pense ni à peindre, ni à dépeindre : on est abasourdi, terrifié. L’imagination vous emporte au milieu de ces tourbillons, et on se sent aplati comme un brin de chaume sous cette foudre de cataractes… »

Le pont est traversé, frontière menant aux rives canadiennes, et Maurice voit les forêts comme des cathédrales. Il aime se perdre dans cette immensité. Apprenti aventurier, il croise des écureuils, un pic noir, des fourmilières géantes, des insectes de toutes sortes, des milles-pattes jaunes et des crotales. Ces derniers font sa fierté car il est arrivé à en capturer… Le 11 septembre, c’est Montréal après Mille-Îles, les rapides de Long-Sault. La civilisation est chaleureuse et Maurice est « tout gaillard d’entendre tout le monde parler français à la mode de Normandie et de Touraine ». « Population française et gouvernement anglais », ils sont reçus avec beaucoup de générosité. Des drapeaux, des acclamations, et c’est la Nouvelle France qui refait surface ! Une terre que Maurice dit « lâchement cédée aux Anglais par Louis XV en 1763. » La ville est presque scindée en deux. Les Anglais d’un côté, les canadiens de l’autre. Le 14 et 16 septembre, le Québec. La terre ferait presque pleurer Maurice. Il découvre un sol dévasté par le déboisement, éventré, « en chantier ». L’homme veut la transformer. L’agriculture se fait une place. Il parle des richesses, du sucre brun que l’on récolte en sirop, du goût de l’indépendance et d’une constitution qui se voudrait ni anglaise, ni américaine, ni française. Pourtant la France est bien acceptée. La citadelle est belle, dominante. Le séjour touche à sa fin, les cocktails et les dîners sont aussi au programme. La délégation est fêtée. Le jour du départ qui est aussi la fin de ce recueil, Maurice colporte une conversation qui mérite d’être livrer dans ce billet…

« – Dis donc, les Anglais, ils font feu des quatre pieds pour le prince français !
– Tiens ! je crois bien ! Ils font contre mauvaise fortune bon cœur ; mais, il n’y a pas à dire, il faut le recevoir comme ça, ou avoir la guerre avec la France.
– Bah ! Qu’est-ce que vous dites donc là, vous autres ? Tout le monde est content de voir des Français. Si c’étaient des Américains, je ne dis pas !
– Tiens ! tiens ! regardez donc la-haut. Le canon de la citadelle a envoyé un rond de fumée en couronne !

– Ah ! C’est comme quand on fait des ronds avec la fumée d’une pipe. C’est un présage.

– Quel présage ?
– Présage de bonheur.

– Pour la France ?

– Et pour nous aussi, donc ! Ça veut dire que nous redeviendrons enfants de la mère-patrie.
– Laissez donc ! nous n’avons pas trop à nous plaindre pour le moment. Si on continue à marcher droit…
– Dame ! on verra, on verra. Vive la France ! en attendant.
– Oui, oui, vive la France ! »

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Ce recueil de lettres n’a rien de barbant ou de savant. Comme il est dit dans la préface, Maurice a écrit cette correspondance pour divertir sa mère. Ça se lit facilement, avec plaisir et intérêt.

La place du Québec est petite et se raconte dans la fin du livret. Dans ce court chapitre, plus que la nature, c’est l’ambiance qui est traduite. La carte territoriale n’a rien de conforme à celle d’aujourd’hui, elle était bien plus réduite. Il semble que la délégation princière permet de redécouvrir ces régions oubliées et joue un rôle de voyagiste. Maurice retrouve ces lointains cousins et l’alchimie affective renait avec force, à sa grande stupéfaction ! Sur ce continent, il y a beaucoup de nous, de notre terroir.
Je vois George Sand se régaler des missives qui devaient arriver par paquets ! Son fils a un certain talent de conteur… Il combine les images entre une nature majestueuse, une société qui partage son voyage, moins conservatrice qu’on aurait pu le penser, des fastes et trompettes, des bals et des séductions, les officiels, le peuple amérindien… rien qui ne peut lasser et tout qui peut captiver.
Dans le récit, Maurice emploie souvent le terme « Nègre » pour appeler les noirs qui servent sur le bateau. Sincèrement, dans ce cas là je ne pense pas qu’il y ait matière à se formaliser, même si c’est déplaisant. Pas de racisme, mais plus une époque qui ne notait pas le caractère péjoratif de l’adjectif. Il est à relever également que Maurice a de la compassion pour le peuple indien. Les passages qui les concernent sont respectueux.
Je garderai de ces lettres, l’extrait où Maurice fait face aux chutes du Niagara. Il disait que les mots ne pouvaient exprimer la puissance, l’impact, la beauté des lieux. Je ne suis pas d’accord… j’ai reçu à cet instant précis, les embruns des cascades.

Des lettres que je vous recommande ! « … Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… » Les Regrets, de Joachim du Bellay

.. Krieghoff_Quebec_1862 Vue de Québec, 1865 du peintre Cornelius David Krieghoff . . .

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Enola Holmes, Métro Baker Street – Tome VI

logo mois anglais 3LOGOSSHDsansfondlogo thriller 13logo british mysterieslogo XIXème 2.

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Le mois anglais avec Titine, Lou, Cryssilda – 13ème billet
La Communauté Sherlock, « God save the livre » d’Antoni, « XIXème siècle » de Fanny, « British mysteries » de Lou et Hilde, et « Thrillers-Polars » de Liliba
Une lecture commune avec Shelbylee et Manu

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La double disparition, tome IL’affaire Lady Alistair, tome II
Le mystère des pavots blancs, tome IIILe secret de l’éventail, tome IV
L’énigme du message perdu, Tome V

 

enola6Les enquêtes d’Enola Holmes
Métro Baker Street, Tome VI
Nancy Springer

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Juillet 1889,

Dans le manoir familial de Ferndell, Sherlock Holmes se fait remettre par la gouvernante Mrs Lane, un colis bien étrange dans lequel se trouve une lettre destinée à Enola. A n’en pas douter, l’enveloppe énigmatique, décorée d’arabesques au fusain, est l’œuvre de sa mère, Lady Eudoria Vernet Holmes, disparue depuis un an. Dans la famille, sa mère n’est pas la seule à s’être évaporée dans la nature… sa jeune sœur Enola se cache dans les rues de Londres pour fuir le pensionnat pour jeunes filles que ses frères lui destinaient…
Il est temps pour Sherlock de retrouver Enola ! et Reginald est celui qui l’aidera… A cela, le colley est bien d’accord, il est prêt à mettre sa truffe au service du célèbre détective.

A Londres, Enola s’est reconstituée une autre identité. Elle n’est plus Miss Meshle la secrétaire du Dr Ragostin, mais son assistante, Mrs Jacobson. Plus digne, plus affirmée, elle ne doute plus de ce qu’elle veut faire. Retrouver les personnes ou les objets qui disparaissent, est sa vocation. En ce mois de juillet, un jeune homme tourmenté arrive au bureau du Dr Ragostin en pestant après ces incapables de Scotland Yard. Sherlock Holmes étant absent, le duc Luis Orlando del Campo veut que le Dr Ragostin retrouve sa femme, la délicate et sublime Blanchefleur qui a disparu dans la bouche du métro de Baker Street. Enlèvement, fugue, aucune trace, aucune piste, rien ne peut supposer l’un ou l’autre. C’est en interrogeant les dames d’honneur de la duchesse et en se rendant sur place, dans les profondeurs de la station de métro, qu’Enola va débuter son enquête. Elle devra faire attention car son frère Sherlock qui est également mandaté pour retrouver la disparue, la suit de près… et quand on parle de Sherlock, on sait que Mycroft n’est pas loin…

Cette lettre envoyée par Lady Eudoria pour sa fille Enola, que veut-elle raconter ? Où est passée la douce Blanchefleur, aussi fragile qu’une porcelaine ? Sur la route de ses investigations, Enola croisera ses deux aînés, Sherlock et Mycroft, et curieusement, elle sera bien heureuse de les retrouver car l’entreprise est particulièrement dangereuse, la vie de Blanchefleur est menacée.
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Dernier tome de la série (à ce jour) et certainement mon préféré, nous retrouvons Enola et ses frères dans une enquête qui va les réunir. Le secret de leur mère sera aussi dévoilé dans un ultime message codé. Cet épisode est touchant car l’émotion va toucher les trois enfants Holmes.
Enola va fêter ses quinze ans, elle est déjà indépendante et très déterminée. Dans ce roman, nous la suivons dans le quartier de Baker Street et cette ligne de métro qui est ouverte depuis une vingtaine d’années déjà. On découvre un monde souterrain peuplé de « Toshers », des fouilleurs d’égouts, qui se partagent les lieux et qui revendent leurs affaires dans l’East End. J’avais déjà lu que tout se vendait dans ce quartier et que l’âme n’avait que peu de poids.
Au delà de l’intrigue, c’est toute une époque victorienne qui est abordée. Dans ce dernier livre, l’auteur fait une pirouette en revenant sur l’histoire du premier tome. Enola refusait de porter un corset, ou alors quelque chose de très relâché. Dans ce tome, Blanchefleur, comme toutes les femmes de ce temps, esclaves des dictats la mode et de la bienséance, a le corps atrophié par un corset « cuillère » (ce n’est pas sans rappeler les pieds bandés et réduits des Chinoises.). La femme est un objet, propriété de son mari, de ses parents, jamais libre de ses mouvements.
« L’une des pires cuirasses : le plus long des corsets en tout cas, enserrant sa victime du dessous des bras jusqu’au bas-ventre, avec cette « cuillère » d’acier destinées à interdire toute avancée du corps au-dessous de la poitrine, hormis une infime rondeur abdominale. Et depuis l’enfance ! »
Nous avons plaisir à voir Enola mener son enquête, se travestir et jouer à cache-cache avec ses frères. L’auteur l’affuble d’un humour bougon et moqueur qui est un de ses principaux charmes. Son intelligence n’a rien à envier à Sherlock, quant à sa soif de justice, elle est avant tout une générosité et une bienveillance envers son prochain.

Je vous recommande cette série qui est un plaisir de lecture ! Et je demande à l’auteur de nous permettre de retrouver Enola dans d’autres aventures, maintenant qu’elle à la permission des ses tuteurs…

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Des lectures faites en compagnie de deux copines, Manu et Shelbylee.

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Jeannot Lapin

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Le mois anglais  avec Titine, Lou, Cryssilda – 6ème billet
« Je lis des albums » d’Hérisson, « Animaux du monde » de Sharon, « Classique » de Stéphie, « God save the livre » d’Antoni

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Les petits livres animés de
Beatrix Potter

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Jeannot et Pierre sont deux cousins inséparables et assez entreprenants qui aiment rendre une petite visite au jardin de Monsieur MacGregor dès que celui-ci a le dos tourné !
Les oignons, les salades, ont bon goût et un mouchoir, de la taille d’une nappe, rempli de gourmandises, ferait bien plaisir à la maman de Pierre… Ils se servent, dégustent également quelques produits… et entendent un bruit !
De peur, ils se faufilent à l’abri sous un panier et observent de loin celui qui ose les déranger.
Que va-t-il leur arriver comme aventure cette fois-ci ? Sachant que toutes leurs histoires se terminent bien au chaud dans le giron maternel…

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Un arbre, une pirouette, un oignon qui dégringole les marches du potager… tout s’anime et donne du relief à l’histoire. Ce petit livre pop-up des Editions Gallimard n’est hélas plus édité… Je l’avais acheté à mes fils, il y a presque vingt ans.
On reconnaît Pierre à sa veste bleue et Jeannot à sa veste marron. Il a aussi un béret vert surmonté d’un pompon rouge, posé comme un champignon sur sa tête.
Les illustrations de Beatrix Potter sont très belles, douces dans les traits et les couleurs aquarellées. Elles sont présentées comme à l’origine, dans un livret d’environ 15 x 15 cm.
On trouve actuellement de beaux livres sur les aventures de Pierre Lapin et ses amis dans des coffrets, carrousel, pop-up… je vous invite à aller voir chez votre libraire… les enfants ont toujours aimé ces histoires.

Pour le mois anglais et pour les albums d’Hérisson, Karine et NathChoco proposent également un billet sur Beatrix Potter, ses œuvres, sa vie.

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H. H. Holmes

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« Thrillers et polars » de Liliba et « XIXème siècle » de Fanny

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Englewood, Tome I
Texte d’Henri Fabuel – Dessins de Fabrice Le Hénanff

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En prenant cet album, je me suis bel et bien fourvoyée… Je croyais prendre une histoire avec Sherlock Holmes et j’ai pris « l’histoire vraie du premier serial killer américain ».

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Londres 1888,
Mary Jane Kelly, une jeune prostituée, a été retrouvée assassinée, éviscérée. Ce meurtre horrible perpétué à Whitechapel, un quartier de l’East End de Londres, est le cinquième d’une série. Un nom circule… Jack l’Éventreur.
Alors que les enquêteurs cherchent désespérément le moindre indice, l’assassin rejoint un autre continent ; quinze jours de traversée à bord d’un bateau, arrivée à Ellis Island, New-York puis Chicago.
Soupçonnant ce fait, Scotland Yard prévient l’agence Pinkerton de Chicago du danger et leur demande une investigation.

Chicago 1886, 1889…
Jack l’Éventreur serait le machiavélique Docteur Henry Howard Holmes, un vulgaire apothicaire qui élabore d’atroces scénarios pour parvenir à ses fins et qui assouvit ses folles pulsions par le poison et le scalpel.
Assistant à la pharmacie de M. Holden, puis propriétaire à la mort de celui-ci, Holmes s’enrichit de façon malhonnête et achète un terrain à Englewood. Il y fait construire un grand immeuble qui regroupe une pharmacie, des boutiques et un hôtel, tout cela pour l’Exposition Universelle de 1893. Seul le diable sait ce qui se trame dans les profondeurs du bâtiment, véritable atelier des enfers. Son ascension sociale le mène à reconsidérer sa vie familiale car il voudrait se libérer de sa femme et de son fils qui sont dans le New Hampshire. Plus rien ne l’arrête.

Chez les Pinkerton, Charles Angelo Siringo est mandaté pour retrouver le dangereux criminel. Avec l’aide de la secrétaire de l’agence, Hélène, il se lance dans l’enquête…

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Comme je vous le disais précédemment, j’ai pris cet album par hasard. Ma déception passée, j’ai vite été intéressée par le graphisme et l’histoire, même si l’intrigue est scénarisée de manière surprenante. La chronologie des vignettes change fréquemment et nous passons du présent au passé sans annonce préalable, ce qui donne un rythme embrouillé à la lecture. J’avoue que cette anarchie m’a beaucoup dérangée.
H.H. Holmes est un « tueur en série américain » qui assassina près de deux cents personnes. Ce premier tome, d’une série qui en prévoit quatre, le montre sans âme et prêt à tout dans ses projets. En parallèle, les agents de la Pinkerton commencent leurs recherches et nous rencontrons le célèbre justicier Angelo Siringo qui sera assisté d’Hélène Martinelli, une secrétaire audacieuse.
En ce qui concerne les dessins, je les ai trouvés superbes. Une atmosphère sombre, épaisse, sécrète une angoisse qui trouve son apogée dans la dernière page, une fin en suspension.
J’ai hâte de lire le second tome.

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Une étude en rouge

logo keep-calm-and-readlogo british mysterieslogo XIXème 2«Victorien» d’Aymeline, «God save the livre» d’Antoni, «British Mysteries» de Lou et Hilde, « XIX siècle » de Fanny et Kheira et « Classique » de Stéphie


Une lecture commune avec Bleue et Violette, Nahe, Shelbylee, Fanny, dans le cadre de Oh, Sherlock you are merveilleux !

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une étude en rougeUne étude en rouge
Arthur Conan Doyle

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Londres, 1881,

Bombay, Kandahar, Maiwand, Peshawar, et… Portsmouth.
Le docteur Watson du 5ème régiment de fusiliers de Northumberland, est rapatrié sur le sol anglais. Sa blessure à l’épaule aurait pu lui être fatale sans le dévouement de son ordonnance.
A Londres où il a décidé de poser ses valises, il se met en quête d’un logement ; sa solde de démobilisé ne lui permettant pas d’extravagances. C’est par le plus grand des hasards, mais aussi par l’entremise d’une vielle connaissance, qu’il rencontre Sherlock Holmes. Ce passionné en chimie cherche un colocataire pour un appartement sis au 221b, Baker Street, chez une logeuse Mrs. Hudson.
La transaction se conclut rapidement et Watson, le narrateur, se retrouve à déballer ses malles en compagnie de ce nouveau compagnon. Aux premières observations, la personnalité de Holmes, toute étrange soit-elle, lui convient. Elle aimante sa curiosité et son admiration.

« Sherlock Holmes ne paraissait certes pas difficile à vivre ! C’était à sa manière un homme tranquille, avec des habitudes invariables. Il était rarement debout après dix heures du soir, et le matin, immanquablement, avant que j’eusse quitté mon lit il avait pris son petit déjeuner et était sorti. Tantôt il passait la journée au laboratoire de chimie, tantôt dans les salles de dissection ; de temps à autres, il faisait une longue marche qui, semblait-il, le conduisait parmi les quartiers les plus mal famés. Dans ses accès de travail, il déployait une énergie à toute épreuve ; puis venait la réaction : pendant de longues journées, il restait étendu sur le canapé sans rien dire, sans remuer un muscle, depuis le matin jusqu’au soir. Alors son regard devenait si rêveur et si vague, que j’aurais pu le soupçonner de s’adonner à quelque narcotique… »

Un matin, Holmes reçoit le courrier d’un inspecteur de Scotland Yard, collègue de Lestrade, qui vient fréquemment lui rendre visite. En effet, Holmes se targue de solutionner quelques intrigues sans se déplacer, seulement grâce à ses capacités d’analyste. Dans ce cas précis, l’affaire nécessite un déplacement. Un cadavre a été découvert dans une maison déserte, lugubre, sans blessure apparente et sans indice pour débuter l’enquête, si ce n’est une bague de femme dans un coin, au sol.
Watson n’hésite pas à emboîter les pas de Holmes, intrigué par le comportement et les procédés de son ami.
Sur place, les déductions s’imposent. Le visage tordu par une agonie prouve que l’empoisonnement est la cause du décès, de plus, le mot « vengeance » en allemand apparaît sur un mur, écrit avec le sang de la victime.
L’investigation patine, mais au grand soulagement de Scotland Yard, un coupable est trouvé… ce qui rend sceptique Holmes.

Le récit de Watson s’interrompt pour laisser place à une autre histoire qui démêlera cette triste affaire ; l’acharnement et la fidélité d’un homme pour la femme qu’il a aimé.
Une trentaine d’années plus tôt en Amérique, John Ferrier se prépare à mourir avec sa fille adoptive de cinq ans, Lucy, lorsque des mormons les sauvent et leur offrent l’hospitalité de leur communauté, à Salt Lake City…

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Conan Doyle commence ainsi les enquêtes de Sherlock Holmes, rapportées par son ami John Watson. Il partage son roman en deux parties.
La première relate la rencontre de Watson et Holmes. Sous la plume de l’un, le portrait du célèbre détective prend forme ; son physique, son caractère, son comportement. Holmes, homme de science, mélomane, sportif, sensitif, est très intelligent ! Watson, parfois dubitatif, finit par lui trouver du talent et une certaine magie car son intuition est diabolique ! On décèle à travers ses confidences tout son intérêt et sa considération.
Leur relation se ponctue d’humeurs très variées ; enthousiasme, gaité, morosité. Holmes est un personnage fantasque, brouillon, qui souffre parfois de mélancolie. Watson le découvrira plus tard…
Nous croisons aussi les inspecteurs de Scotland Yard, Lestrade et Gregson. On détecte une rivalité, de la jalousie, de leur part envers Holmes. Ce dernier n’a aucune pitié pour la bêtise et manque de diplomatie. Son arrogance est exaspérante.
La deuxième partie est un retour en arrière. Nous quittons Londres pour l’Utah en Amérique. Watson est le scribe qui recueille une confession ; on ne le sait que dans les dernières pages, d’une conclusion amère et tragique. L’histoire conte les premiers pionniers mormons, leurs préceptes rigides, et l’amour de deux malheureux.

Une affaire différente des suivantes, moins hardie mais émouvante, plus intime, elle est un prélude aux enquêtes de Holmes, détective privé.
Ce fut une relecture et un véritable plaisir.

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