Flow, tome 2

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Challenge Halloween de Lou et Hilde
Littérature jeunesse

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Flow, Tome 1

Flow 2

Flow
tome 2
Mikaël Thévenot

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De retour de Boston avec un lourd secret, Josh ne voit pas comment il pourrait en parler à son père et à sa sœur ; pourtant il va devoir le faire car son comportement inquiète ses proches. Cette découverte va chambouler leurs vies…
Chevaucher le flow reste toujours une épreuve, même si ses progrès sont considérables, mais pour lui ce qui urge le plus est une mission qui va le renvoyer en Amérique avec son copain Alex. Là-bas, ils vont retrouver l’ancien agent du FBI, Kyle Chester qui après avoir enquêté sur la mort de la mère de Josh a quitté le bureau fédéral pour être détective privé.
A peine rentré, Josh songe à repartir et cette fois-ci, il planifie avec minutie son voyage, assisté d’Alex et de Bee, une jeune fille experte en cybernétique.

Ce deuxième livre clôt l’histoire largement confiée dans le précédent opus. On poursuit donc les aventures de Josh, entre les révélations, la course-poursuite, et les évènements qui se sont déroulés douze ans auparavant avec la disparition de Jenny, sa prise de conscience, sa fuite et son accident. Il sollicite de plus en plus ses pouvoirs télépathes. Ce don est une puissance qui va le servir, mais il sait également que cette intelligence nouvelle doit être utilisée à bon escient.
Comme pour le premier tome, le rythme de l’histoire reste inégal et j’ai préféré la deuxième partie, plus trépidante.
Je pense que cette lecture, fluide, agréable, prenante, peut plaire aux jeunes adolescents.

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Flow, tome 1


Challenge Halloween de Lou et Hilde
Littérature jeunesse

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Flow
tome 1
Mikaël Thévenot

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Poitiers, 2011,
Josh Gambo, un adolescent de seize ans, vit avec son père, informaticien, et sa sœur, étudiante en première année de médecine. Sa naissance et ses premières années se sont passées en Amérique à Boston, mais depuis le décès tragique de sa mère, morte carbonisée dans sa voiture accidentée, sa famille s’est reconstruite en France. Douze ans ont passé et le drame est toujours très présent. Jenny Gambo était l’assistante du professeur Leonard Cooper, un imminent neurobiologiste qui travaillait sur la maladie d’Alzheimer, mais elle était avant tout une épouse et une mère très aimée. Au fil du temps, les souvenirs de Josh se délitent et il ne la retrouve qu’à travers des cauchemars où il la voit périr dans les flammes, emprisonnée dans sa voiture.
Avec la transition collège-lycée, Josh est de plus en plus perturbé et les migraines qui le font souffrir depuis son enfance reviennent très fréquemment. Seuls un isolement dans le noir et le silence peuvent les atténuer, mais les crises sont un handicap qui lui pourrit l’existence, qui le fait paraître étrange aux yeux des gens et qui le rend solitaire. Sa tête semble exploser en un brouhaha de phrases qui le parasitent comme s’il était sur plusieurs fréquences radio.
Lorsqu’il reçoit un mot sur la messagerie de son journal-blog où il écrit son quotidien et les pensées qui le traversent, Josh est surpris de lire son contenu. Cette personne qui tient à rester anonyme, lui écrit en anglais et l’encourage à travailler son « Flow ». Le flow est le flux des pensées venues de l’extérieur qui l’accaparent quand il croise des personnes. Il doit donc faire plusieurs expériences avant de dompter sa télépathie ; bien s’immerger pour mieux revenir à la surface.
Son angoisse, il ne peut la partager qu’avec son ami Alex, un passionné d’informatique qui ne voit pas en lui une bête de foire et qui va l’aider à découvrir qui est ce mystérieux correspondant.

En parallèle du présent, l’histoire revient souvent en 1999 à Boston, par l’entremise d’un agent du FBI, Kyle Chester, qui enquête sur la mort de Jenny et sur l’agression à son bureau du professeur Cooper. L’affaire qui lie ces deux cas est très complexe. En fait, elle est tellement ténébreuse qu’elle lui est retirée pour être transmise à la CIA qui verrouille le dossier… top secret.

Lancé sur la piste de l’internaute, Josh va retourner à Boston…

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Premier tome d’un diptyque, Flow est un roman fantastico-policier qui mène vers les chemins secrets des agences gouvernementales et des pouvoirs de la télépathie. La lecture est aisée et l’intrigue, au tempo un peu traînant au début, captive rapidement l’attention.
Dans la catégorie jeunesse, le public visé devrait être conquis car il fera certainement l’impasse sur un scénario parfois prévisible.
Je lirai avec plaisir le second tome… A suivre !

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RC 2722

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Challenge Halloween de Lou et Hilde
Littérature jeunesse

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RC 2722

RC 2722
David Moitet

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Depuis quinze ans, Oliver vit sous terre, dans le monde dit « d’après » ; après le Grand Effondrement. A cinq cents mètres de profondeur, la vie s’est reconstituée dans un dédale de galeries qui abritent près de deux mille personnes. Des abris comme celui-ci, il paraît qu’il y en a une centaine, mais qu’en est-il en réalité ? Car nul ne sait ce qu’il se passe ailleurs.
Oliver a voulu quitter son père et son frère qui ont des postes très enviés, pour s’occuper de l’entretien de la structure. La maintenance traite des machines de ventilation, du traitement des eaux, et parfois les missions peuvent être dangereuses car les conduits ne sont pas sûrs, à la limite des zones infestées, par la maladie et la radioactivité, et des zones envahies par les rats affamés.

Ses souvenirs de l’ancien temps sont quasiment inexistants, mais il peut s’en créer avec tous les films qu’il visionne et qui lui racontent un passé révolu.
Les hommes n’ont pas voulu reconnaître les alertes du réchauffement climatique et ont été piégés très vite dans de nombreuses catastrophes. L’effet papillon est venu de Russie avec la fonte du permafrost, générant le réveil de virus mortels. L’homme étant un loup pour l’homme, les ravages ont été considérables. La migration vers le nord a abouti à des camps de réfugiés, à des sélections et des matricules tatoués sur le bras. L’humanité n’avait plus rien d’humain. La misère a tué mais en a fait prospérer d’autres. L’épidémie de choléra a décimé la planète, les centrales nucléaires ont explosé, les incendies ont consumé tous les continents, le désert a avalé toute civilisation, toute végétation… Aujourd’hui, on ne doit plus sortir et seuls les guerriers de l’eau, une élite de jeunes gens conditionnés, peut le faire.

Oliver n’est pas ce qu’on appelle une personne facilement manipulable. Par contradiction, son esprit rebelle s’est façonné au contact de son père, un chercheur spécialisé dans le nucléaire, et de son frère, un guerrier de l’eau, qui ont en commun une grande discipline et une certaine froideur. Il a donc quitté le confort qu’ils lui procuraient pour aller vivre son émancipation avec les agents de maintenance, dans une cellule de dix couchettes. Alors, lorsqu’un jour on lui apprend que son père vient de mourir d’une crise cardiaque et que son frère Marco a été banni de leur colonie pour insubordination, Oliver y voit une manipulation d’envergure et va tout faire pour trouver ce qu’il s’est réellement passé. En volant la carte mémoire de son père qui était implantée dans sa nuque et en voulant suivre son frère expédié en surface, Oliver devient un renégat et va découvrir l’extérieur, un univers nouveau, plein de dangers, où la violence fait sa loi…

Cette fiction post-apocalyptique fait peur car elle est à la frontière de la réalité, et si proche de notre actualité sur certains points. Les catastrophes ont généré un monde inhospitalier, détruit, enlisé, divisé, sans âme, individualiste, complètement fou, régi par la loi du plus fort, du plus riche. Il n’y a plus de nations, mais des cités emmurées.
J’ai beaucoup aimé ce livre et je le conseille aux jeunes lecteurs. Malgré le fond dramatique, ils trouveront du plaisir à lire l’aventure d’Oliver, un périple qu’il va vivre avec une jeune fille de son âge, Tché. Beaucoup d’action, des mystères, de l’amitié, de l’amour… et un dénouement qui espère un futur meilleur.

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L’avis de Sharon

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Image extraite de la série « Tchernobyl »
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Dragons et mécanismes


Challenge Petit BAC avec Enna

Catégorie : Animal fantastique
Animaux du monde avec Sharon

Livre offert par les Éditions Rageot et Babelio dans le cadre des Masses Critiques

Dragons et mécanismes
Adrien Tomas

Dague, un adolescent de seize ans, est ce qu’on appelle un capucheux, un voleur expérimenté au service d’Oogmar le Géant, le chef des receleurs des Gorgones (le bidonville de la métropole d’Asograde) qui lui sert de protecteur depuis le décès de Kimba, une vieille femme qu’il considérait comme sa grand-mère.
Voleur la nuit, mais aussi espion le jour, il travaille au palais comme valet auprès de la princesse-marchande Xeneda. Les informations collectées, plus ou moins secrètes, se monnayent bien et avec cet argent, il rêve de quitter Xamorée par la mer et de faire fortune en devenant mercenaire.
Xamorée est une grande île qui regroupe treize tribus reparties sur tout le territoire. Ces treize cités se sont enrichies depuis que les mages ont pu ériger un bouclier magique contre les dragons de Msitwa Ioka, les terres intérieures. Jadis pour survivre, les Arts sorciers et les Arts guerriers étaient des sciences importantes, mais à ce jour, le pouvoir se tend plus vers l’ingénierie et le commerce par les voies maritimes.

Du même âge que Dague, Mira, l’archiduchesse Dragomira Alexandrovna Kiriell Banessa Antonov d’Asthénocle, se retrouve sur un bateau en direction d’Asograde pour fuir l’archiduc Arlov qui a fomenté un coup d’état et tué ses parents qui régnaient. Accompagnée de ses automates, elle espère trouver le soutien de la princesse Xeneda et en apprendre un peu plus sur les dragons et le pouvoir de l’arcanium, une énergie utilisée par les mécanomages.
La mécanomagie est l’alliance de la mécanique avec la magie ; Mira est maître en la matière. Passionnée par cette science, elle conçoit des automates dont l’apparence ultra sophistiquée est à l’image des humains.

Sur les quais d’Asograde, Dague et Mira se rencontrent sous le feu de l’action face à Arlov, et à partir de cet instant, les jeunes gens ne vont plus se quitter et nouer une grande amitié…
Pourchassés par l’usurpateur, ils doivent quitter l’enceinte de la ville pour pénétrer l’épaisse forêt tropicale tant redoutée. L’autre monde est terrifiant, plein de dangers, de dragons, et c’est à Moko Elimba, la cité minière protégée par un Pavois (barrière magique) où ils trouvent refuge, qu’ils en apprendront un peu plus l’un sur l’autre.
Si Mira est une mécanomage, Dague est un phasmancien car il a le pouvoir de parler aux morts. Le fantôme de Kimba oriente ses pas et lui dévoile petit à petit ce qu’il s’est passé durant ses jeunes années.

Dague souhaite découvrir le secret de ses origines, et Mira, décidée à revendiquer son héritage et à combattre l’homme qui a détruit son monde, lui demande de l’accompagner dans son aventure… Tout deux feront quête commune et seront escortés par Cuthbert, un petit dragon (de la taille d’un chat) persifleur, hargneux et adorable qui les houspille en les appelant « pitoyables humains ».

J’ai beaucoup aimé ce roman jeunesse qui nous embarque dans un univers de fantasy et de steampunk, entre science et magie. L’auteur a écrit ce livre à la suite de « Engrenages et sortilèges », et si les histoires peuvent se lire séparément, elles se passent dans un même monde et à la même époque. Dans une interview, il dit construire son intrigue autour de ses héros (leur histoire et leurs objectifs) en intégrant de nombreux thèmes de notre société actuelle, comme l’écologie, le racisme, l’ostracisme, l’injustice…
Dague et Mira sont des personnages sympathiques, aux caractères très affirmés. Ils affrontent leurs ennemis avec courage et honneur. La quête du pouvoir est l’enjeu des affrontements et le scénario, aux nombreux rebondissements, compte deux adversaires qui s’associent ; le tyran Arlov, un jeune éphèbe mégalomane d’Asthénocle, et Vezzir, un grand sorcier de Mycée qui œuvre pour faire revenir le Dragon Primordial.
Le roman commence dans une cité avec ses quartiers nobles et ses bas-fonds en bordure de l’eau. Cette société est hiérarchisée en castes. C’est bien détaillé et nous n’avons pas de mal à imaginer toute cette architecture qui s’imbrique. Puis l’histoire nous plonge dans la jungle et nous fait rentrer dans une cité minière. Les décors changent, c’est luxuriant, sauvage, plein de mystères et dangereux. Les images sont belles. Le rythme intense captive car on lit facilement les 600 pages en une journée. La trame se tisse de déloyautés, de conspirations, de poursuites et de fuites, de combats, de sortilèges, de mécaniques robotisées, d’explosions et d’expéditions dans des géographies inconnues à la découverte d’autres peuplades.
A tous ces composants, l’aventure s’étoffe également avec une belle dose d’humour. Le dragonnet Cuthbert est irrésistiblement drôle et les fanfaronnades d’Arlov sont ridicules.
C’est donc un roman à recommander… et je vous souhaite une très bonne lecture sur Xamorée, l’île aux dragons.

Dragon estampe

Esprits libres, Mindjack – Tome 1

Un livre offert par les Éditions MxM, dans le cadre des Masses Critiques Babelio

 

 

esprits-libres-1Esprits libres
Mindjack, tome 1
Susan Kaye Quinn

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Nouvelle Chicago…

Notre monde a progressivement évolué vers une société de télépathes et, dorénavant, celui qui n’en est pas un est considéré comme un zéro, une personne en marge de la communauté, reléguée à son dernier rang ou, comme dans certains états, enfermée dans des asiles ; une sur mille ne peut lire et communiquer par la pensée.
Kira Moore est une jeune lycéenne de seize ans qui n’a pas encore subi la transformation que tous les adolescents endurent à la puberté. Dans son lycée, elle est mise à l’écart, et depuis que son frère Seamus parti pour West Point n’est plus là pour la protéger, elle se sent harcelée. Seul, Raf, son ami d’enfance qu’elle aime en secret, reste à ses côtés et lui accorde une confiance absolue. Mais lors d’un rapprochement un peu plus physique avec lui, elle foudroie Raf qui perd connaissance. Kira décèle en elle un pouvoir qui pourrait être fatal pour son entourage et décide alors de protéger son ami en le tenant à distance (quitte à le faire souffrir). Cette différence qu’elle ne maîtrise pas et qui l’effraie encore plus, est découverte par Simon, un camarade qui a autant de succès que Raf auprès des lycéens. Simon lui confesse qu’il n’est pas un télépathe mais un mindjacker, comme elle. Ils ont la faculté de pénétrer les esprits et de les manipuler. La divergence leur permet de se fondre dans la masse et de contrôler les pensées, se lier aux autres. Ainsi, elle pourra faire croire à tout le monde qu’elle est devenue une changeline et elle sera intégrée dans la société. Cependant, si une nouvelle voie s’ouvre à elle, elle est faite de mensonges et de manipulations. Après l’avoir initiée à quelques subtilités et au contrôle de sa force, Simon lui parle d’un clan de mindjakers qu’il aimerait lui faire rencontrer à l’occasion d’une cérémonie. L’intégration au sein de la fraternité est presque obligatoire car ils seront désormais sa famille, les seuls à pouvoir la protéger.
Kira se laisse entraîner malgré sa défiance et découvre un enfer à la suite des présentations. Comme par le passé, les Services Secrets traquent les gens dits « anormaux ». A une époque, dans un premier temps, il y a eu les télépathes, puis les zéros et aujourd’hui, ce sont les mindjackers qu’il faut éradiquer.
On soumet à Kira deux choix ; soit elle coopère avec le Gouvernement comme un petit animal de laboratoire, soit elle finira ses jours dans une prison
édifiée pour les mindjackers, perdue dans le désert.
Digne fille de son père, un militaire dans les Services Secrets de la Marine, fière et rebelle, elle ne tarde pas à donner sa réponse… Son esprit est une arme redoutable.
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« Esprits libres » est le premier tome d’une trilogie fantastique qui a pour pour personnage principal une héroïne courageuse, sensible et attachante. L’histoire est basée sur la découverte de son pouvoir, sa survie et ses choix cruciaux qui tissent l’intrigue dans l’action, les amitiés et les sentiments amoureux. Ce monde de télépathes est bien décrit, facile à comprendre, et nous accédons de chapitre en chapitre à des évolutions plus alambiquées, mais toujours cohérentes (pour le genre). Construite comme la plupart des dystopies actuelles, la trame ne perd rien en originalité et intérêt. Je ne me suis pas amusée à noter toutes les invraisemblances, j’ai simplement savouré et aimé cette fiction jeunesse que je vous recommande. Je tiens cependant à préciser que la violence de certains passages peuvent heurter certains jeunes lecteurs.

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desert

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Photo prise « ici »

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Le fils

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Le passeur, tome 1
L’élue, tome 2
Messager, tome 3

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le filsLe fils
Tome 4

Lois Lowry

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Elle est arrivée un jour de tempête, accrochée à un mat brisé. Belle, étrange, différente, elle aurait pu être une sirène…
A moitié morte, les pêcheurs l’ont ramenée dans leur village et l’ont confiée à Alys, une vieille guérisseuse qui la soignera et la traitera comme sa fille. Lorsqu’elle se réveille, elle ne peut leur dire d’où elle vient, qui elle est. Elle sait seulement qu’elle s’appelle Claire. Claire…elle sera alors pour eux, Claire de l’Eau.

« Le village était lové au pied d’une importante falaise, dans l’anfractuosité d’un bras de terre. Cet endroit où la péninsule rejoignait le continent était tellement isolé que le temps n’avait pas d’importance car rien ne changeait jamais. De mémoire d’habitant, nul n’y était jamais venu, et ce n’est que rarement que quelqu’un, d’insatisfaction, le quittait ou du moins essayait. Dans ce cas, on disait qu’il « montait ». Un sentier broussailleux et plein de racines serpentait vers la base de la falaise mais s’interrompait au pied d’un véritable mur de pierre et ensuite il n’y avait pas d’autres issue que de grimper, en effet. Plusieurs l’avaient tenté et avaient fait une chute fatale. Un habitant, Einar le Farouche, avait réussi à grimper mais il était revenu, profondément aigri par ce qu’il avait rencontré au sommet. »

Claire de l’Eau cherche à retrouver la mémoire dans toutes les petites choses du quotidien. Puis un jour, lors de l’accouchement d’une jeune femme du village, tout lui revient…
Elle est née dans un monde par-delà la mer, qui s’est reconstruit après le Chaos. Loin de ressembler à cette communauté de pêcheurs, elle vivait dans une société aseptisée, compartimentée, qui a rayé de son monde les sentiments, les couleurs, les animaux, toute indépendance et libre arbitre. Dans cet univers, on absorbe une petite pilule qui annihile les émotions. Il n’y a alors plus d’intuition, d’affection, d’amour. On compose les couples et on leur attribue des enfants nés de mères porteuses. Éduqués dans cette cellule d’accueil jusqu’à leur douze ans, ils sont après dirigés vers leur fonction. Pour Claire, le comité de gouvernement lui a attribué le rôle de matrice. Durant deux ans, elle s’est façonnée pour qu’à quatorze ans elle puisse engendrer un enfant. Claire a eu cet enfant, n° 36, mais l’accouchement s’étant mal passé, elle n’a pu rester à son poste. C’est à l’Alevinière, au laboratoire d’insémination des poissons,
qu’on la place et qu’on lui apprend les gestes mécaniques d’un nouveau travail.
Elle raconte tout cela à Alys, et plus encore, car Claire n’a pas oublié son enfant et elle a tout fait pour le retrouver…
Résolue, elle arrive à avoir ses entrées au centre nourricier et voit pour la première fois son bébé, un petit garçon magnifique avec de beaux yeux clairs. Lorsqu’elle peut, et sans attirer l’attention sur elle, elle va dans la pouponnière pour s’occuper de lui. On ne lui a pas
attribué de famille ni donné de nom, car c’est un enfant difficile ; on le nomme toujours par son matricule, mais Claire l’appelle Aby.
Puis un jour, le nourricier avec qui elle a sympathisé lui annonce que n° 36 va être élargi. Élargir est le terme qu’on emploie pour dire qu’on efface, on supprime. Il n’ y a alors qu’une issue pour Claire ; prendre Aby, fuir par la rivière et partir en quête de l’Ailleurs. Cependant, rien ne se passe comme elle le pense et Aby disparaît…

L’Ailleurs est terrifiant et captivant. On n’en revient jamais. Dans un premier temps, pour Claire c’est ce petit village suspendu et prisonnier qui fait face à la mer. Aidée de Einar le Farouche, elle va tout faire pour continuer sa route et découvrir ce qu’est devenu son fils.

L’Ailleurs, c’est aussi le terrain de jeux du Commissaire Troqueur ; il peut nous donner tout ce qu’on désire. Une question sera posée.
Que peut-elle sacrifier pour retrouver Aby ?

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Dernier livre d’une tétralogie dystopique, ce tome dénoue l’intrigue initiale et relie les histoires entre elles. Ainsi, nous en découvrons un peu plus sur la communauté de Jonas (Le Passeur) car elle est la même que celle de Claire. L’auteur a la fantaisie de nous balader dans le temps et d’étaler sa narration sur plusieurs années, en trois parties.
La première, « Avant », ambiance froide, stérile, raconte l’époque où Claire brave les interdits en cherchant à se rapprocher de son enfant. C’est troublant et douloureux lorsqu’elle évoque ses sentiments. La seconde, « Entre-deux », se situe dans le village de pêcheurs. La mesure du temps est difficile à définir car on la calcule en fonction de la vie des gens du village. On peut dire ainsi que des années passent… Les phrases émeuvent quand elles parlent du berger Einar, un être solitaire, cassé par son père. Le village reclus, lové sur lui-même, aurait pu être dénaturé, dépravé, primitif, mais l’auteur a préféré écrire une société généreuse et hospitalière, agréable à lire. La troisième partie, « Au-delà », se passe dans cet Ailleurs qui reçoit les exilés, une terre protégée par une forêt dense et enchanteresse. Là, on retrouve Jonas et Kira (L’Élue). Claire n’a plus le premier rôle, c’est son fils qui relate les faits.
Si on peut imaginer qu’un jour notre monde sombre dans une société totalitaire, si on peut concevoir une vie autarcique, la troisième partie nous fait pénétrer dans un univers totalement fantastique avec le
maléfique Commissaire Troqueur. Le genre tend alors vers la fantasy plus que vers une fiction dystopique. Mais belle plume, on se laisse porter par l’histoire sans trop chercher noise aux étrangetés du scénario.
Claire, personnage courageux et déterminé, plaira aux jeunes lecteurs. Elle n’a peut-être pas la même aura que Kira, mais nous la suivons avec plaisir dans ses aventures.

Si je dois vous dire ce que j’ai aimé dans ce livre, je vous réponds de suite, la deuxième partie du livre. Il y a Alys, le vieux Benedikt et Einar. Quant aux décors que je visualisais, ils me faisaient penser aux histoires de Jules Verne et je me suis remémorée une vieille série télévisée « Les Robinson Suisses »… (Je vous parle d’un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître.)

Je vous recommande cette série. Le voyage vers ces Ailleurs fut captivant et je n’ai pas été déçue par cette fin.

 

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146.
Illustration du roman « L’île mystérieuse » de Jules Verne

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Messager

Le passeur – Tome 1
L’élue – Tome 2

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Tome 3

Lois Lowry

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Village est un sanctuaire qui accueille toutes les personnes qui ont fuit les dictatures de leurs comtés. Au-delà de Forêt, nul ne peut imaginer qu’un tel endroit puisse exister…
Jonas le Passeur se nomme à présent Meneur. Le père de Kira qui avait été victime d’une conspiration est le Visionnaire. Quant à Matty, le petit protégé de Kira, il est le Messager. Lui seul peut parcourir Forêt sans crainte.

Les années ont passé, Matty vit désormais avec Visionnaire qui l’éduque et l’estime comme un fils. Le petit garçon que Kira appelait Farouche, est devenu un adolescent courageux et respectueux des règles.
La vie à Village est heureuse, il n’y a aucune répression, tous se montrent solidaires et valeureux dans leurs tâches. Mais un jour, Matty s’aperçoit que l’ambiance commence à s’altérer. Plus individualiste et agressive, leur société semble être sous l’emprise d’une force malfaisante.
C’est en assistant à une séance de trocs, qu’il prend conscience d’un réel changement. Mentor, l’instituteur du village, un homme sage et généreux, se métamorphose en un homme colérique et avide. Une femme douce et maternelle frappe son enfant sans aucune raison. Et plus surprenant, certaines personnes veulent fermer les frontières aux exilés.

Les présages sont alarmants, l’atmosphère s’alourdit, Forêt devient plus dense, plus menaçante. Meneur et Visionnaire décident d’envoyer Matty chercher  Kira. La jeune tisserande devra tout abandonner sans perdre de temps…

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Troisième tome de la série « Le Quatuor », « Messager » raconte l’histoire de Matty. Il réunit les deux autres intrigues qui n’avaient en commun que leur monde dystopique.
Le petit chenapan intrépide qui nous avait fait sourire dans le précédent livre, est devenu un adolescent brave, studieux et attentionné envers son père adoptif. Sans avoir bridé son caractère vif et indépendant, Visionnaire a su modérer son impulsivité.
A village, comme dans les autres communautés que nous avons lues, chaque personne reçoit le nom de sa vocation. Meneur voit sa personnalité et la rebaptise. Ainsi Matty est devenu le messager qui maintient un lien avec l’extérieur. D’autres sont Herboriste, Ramasseur, Mentor…
L’auteur donne à cette histoire sa part obscure. Sous l’influence d’une énergie ou d’une entité pernicieuse (grande énigme du livre), Village change. Une exaltation se propage et modifie la personnalité des gens. Avec cette violence latente, ce désir de fermer les frontières et de ne plus accueillir les exilés, ce monde fantastique nous renvoie à notre triste actualité.
Si le récit débute avec légèreté, petit à petit nous sombrons dans l’angoisse. Des secrets, des conspirations, une autorité qui va vers l’oppression et qui contrôle les esprits, une nature qui sanctionne cette « pollution », et Matty qui nous livre ses intuitions pessimistes.
Pour en revenir à Matty, il va se découvrir un don. Il a la faculté de soigner. Il est l’un du Quatuor et rejoint Jonas et Kira qui tout deux ont les facultés de voir l’avenir.
Nous finissons la lecture avec plein de questions. Ce tome ne livre aucun des mystères. Nous finissons la lecture avec une petite larme… car l’aventure a ses drames.
Le prochain et dernier livre a pour titre « Le fils ». Quel sera son univers ?

Une série à recommander.

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Photo prise « ici »

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Hamlet au paradis – Subtil changement, tome 2

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Un livre offert dans le cadre des Masses Critiques de Babelio

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Hamlet au paradisHamlet au paradis
Le Cercle de Farthing, Subtil changement – Tome 2
Jo Walton

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Nous sommes dans le Londres de 1949, huit ans après la fin de la guerre. L’Angleterre a négocié avec Hitler leur paix, laissant au dictateur le reste de l’Europe ; un monde fascisant, conservateur, anticommuniste, antisémite et homophobe.
Viola Lark, comédienne talentueuse promise à un bel avenir, partage le récit de ce roman policier et uchronique avec l’inspecteur Carmichael de Scotland Yard…

Viola Lark a commis un acte qui mérite la pendaison, mais elle sait que tout lui sera pardonné si elle rentre dans « le rang ». Fille renégate d’une famille patricienne, belle-sœur de Himmler, elle va devoir courber l’échine pour survivre. Elle entame le récit comme une confession et raconte comment tout a commencé.
Un metteur en scène de renom lui propose un rôle qu’elle ne peut refuser. Dans une adaptation avant-gardiste, Hamlet est une femme ! Viola veut ce personnage et n’hésite pas à sacrifier sa belle chevelure pour le rôle. Alors que l’excitation exacerbe une partie de la troupe, on apprend qu’une des actrices, Lauria Gilmore, vient de mourir dans un attentat à la bombe.

L’enquête sur l’attentat est menée par l’inspecteur Peter Anthony Carmichael de Scotland Yard. Acte terroriste de la part des communistes ou des Juifs ? Carmichael doute du fait et oriente son investigation dans le cercle intime de l’actrice. Rapidement, il découvre une personnalité complexe et des motivations qui ont pour but de changer la politique du pays.
Un groupe d’hommes démocrates souhaite accorder à Churchill le pouvoir de réformer le gouvernement et de briser le pacte de Farthing.

Par l’intermédiaire de son oncle lord Scott, Viola est approchée par ces hommes de l’ombre qui préméditent une action de grande envergure. Quant à l’inspecteur Carmichael, il débute son enquête sous la pression de sa hiérarchie qui, sans subtilité, veut l’impliquer dans de nouvelles réformes et la création d’une police secrète qui prendrait exemple sur la Gestapo d’Hitler.
Contraints à suivre des voies qu’ils ne souhaitent pas prendre et poussés vers les extrêmes, tous deux ont conscience d’être des funambules qui avancent sur une corde raide.

Le metteur en scène de « Hamlet, princesse du Danemark » ne le sait pas encore… mais sa pièce va connaître un certain retentissement…
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On retrouve dans ce deuxième tome de la trilogie, un montage similaire au premier. Une histoire racontée par deux personnes, deux visions, une tonalité très britannique, une sphère conservatrice, aristocratique, et la montée du fascisme en Angleterre. L’auteur nous fait la surprise de convier Hitler dans son livre et nous le faire rencontrer… Mais si « Le Cercle de Farthing » nous présentait un scénario sis dans un huis-clos, « Hamlet au paradis » nous fait circuler dans différents univers. Les ambiances de la ville (théâtre, cafés, hôtels, dédales des rues…) et les ambiances extérieures (campagne, manoir, gares…) apportent au livre un réel intérêt.
Livre uchronique, livre d’espionnage, l’intrigue policière n’est pas le véritable moteur, ce que je regrette un peu car j’aurais aimé plus de suspense dans la trame.
Cette suite est aussi intéressante pour certaines révélations faites sur le caractère  de l’inspecteur Carmichael. On apprend qu’il est homosexuel et qu’il vit avec un ami. Son personnage prend de l’ampleur et si parfois on peut faire la moue, agacé à lire tant de candeur de sa part, on peut espérer que dans le troisième opus sa personnalité se révèlera plus frondeuse, car il est temps qu’il comprenne certaines choses…
Pour Viola, ce n’est que vers la fin du roman que j’ai ressenti de l’intérêt pour le personnage, lorsqu’elle réalise ce que fait Hitler. Auparavant, son histoire familiale, ses sentiments pour Devlin, sa passion pour le théâtre, n’ont pas su me captiver et me la rendre sympathique.
Pour conclure, je souhaite donner un avis assez favorable car j’ai lu ce livre avec plaisir, toujours curieuse des pages à tourner. J’ai aimé le côté froid et angoissant des romans d’espionnage et cette fin qui annonce des actes de résistance.
J’espère ne pas être déçue par le tome à venir…
A suivre !
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D’autres billets chez AcrO, Dionysos,

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Hamlet

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L’Elue

l'ElueL’Elue
Lois Lowry

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Kira qui était orpheline de père, vient de perdre sa maman, et son kot, sa maison, a brûlé avec toutes ses possessions. Handicapée depuis sa naissance d’une jambe difforme, personne ne veut l’accueillir et presque tous désirent l’envoyer dans la forêt où elle sera dévorée par des bêtes féroces ; hors des limites, nul n’ose s’y aventurer, sauf les chasseurs pour ramener du gibier. Ce monde, régi par un conseil de douze hommes qui établissent des règles strictes, élimine les faibles de la communauté, une société construite après la Catastrophe. Chacun a sa place et celle de Kira était auprès de sa mère dans l’atelier de tissage où elle excellait dans son rôle d’ouvrière.
Convoquée au Palais du Conseil, seul vestige des anciens temps, Kira se retrouve devant les douze Seigneurs en tant qu’accusée. A ses côtés, Vandara l’accusatrice convoite ses terres. La malformée subit le jugement avec beaucoup de dignité et pour ne pas contrarier les Sages, elle accepte un défenseur en la personne de Jamison, un homme de la génération de son père.
Tout en reconnaissant son statut d’orpheline et d’handicapée, Jamison informe l’assemblée du don de Kira. Elle produit un tissage et des broderies d’une qualité exceptionnelle comme on n’en a jamais vu jusqu’à aujourd’hui. Son travail n’est pas simplement d’une finesse absolue, il est magique. L’étoffe vit, se remplit de lumière, danse, évoque des histoires…

Sauvée… Grâce à son don, Kira est épargnée. Jamison la prend sous sa tutelle, l’installe dans une chambre spacieuse du palais, riche d’un confort qu’elle n’a jamais connu, et lui confie une tâche. Pour débuter, on lui remet un ouvrage d’une rare préciosité. Elle le connait bien pour l’avoir vu tous les ans entre les mains de sa mère. C’est la robe du Chanteur qui raconte la genèse de son peuple avant la Catastrophe. La restauration des vieux fils passe aussi par l’élaboration d’écheveaux. La teinture est un art qu’elle ne maîtrise pas tout à fait et c’est chez Annabella, une vieille femme, qu’elle va poursuivre son apprentissage, à l’élaboration d’un jardin de couleurs ; entre fleurs et racines.

Voisin mitoyen de sa chambre, elle fait la connaissance de Thomas, un garçon de son âge doué pour la sculpture, qui passe son temps à produire des pièces de remarquables factures. Orfèvre talentueux, lui aussi entretient une parure du Chanteur ; sa canne.
Kira ne pouvait rêver d’avenir plus enchanteur ! Surtout lorsque Jamison autorise Matt et son chien Branch à s’installer avec elle. Matt est le frère qu’elle aurait aimé avoir, un gosse débrouillard, fidèle, qui joue a être son chevalier protecteur.
Retracer les dessins érodés, insuffler encore du nerf au tissage, n’est pas le seul objectif qu’on lui destine, et quand l’énigmatique Jamison lui en parle, transfiguré, elle en ressent toute l’exaltation. Elle va devoir écrire leur avenir. Sur un pan de la robe, vierge de toute trace, elle va entreprendre la vision de leur monde ; l’actuelle et la future.

Chez Annabella, Kira se passionne pour la science des teintes dont une est difficile à trouver, le volubilis qui donne le bleu. Matt s’engage alors à le lui trouver et quitte l’enceinte protégée pour s’aventurer dans la forêt. Inquiète, Annabella cherche l’amitié de Thomas et échange avec lui des confidences. C’est lors d’un de leurs rendez-vous nocturnes qu’ils perçoivent les pleurs d’un enfant dans les sous-sols du palais…

Pourquoi enferme-ton un enfant ? Quelle est cette malédiction qui semble frapper les enfants dotés d’un talent particulier ? Et si le palais n’était qu’une prison ? En cherchant des réponses à ses questions, Kira découvrira des secrets bien enfouis et la cruauté des Seigneurs qui les dirigent.

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Ce livre est le deuxième tome d’une tétralogie dystopique qui débute avec « Le Passeur ». L’auteur a imaginé un monde reconstruit après une apocalypse, qui subit la dictature des castes dirigeantes et honore la mémoire des anciens temps. Aucune faiblesse n’y est admise, le savoir n’est que parcimonieusement offert. Dans cette histoire, Kira ne sait pas lire et son univers ressemble à un royaume moyenâgeux avec sa société féodale. Si dans le premier tome les émotions n’étaient pas admises, dans cette suite (qui n’en est pas une), l’amitié, l’amour et la fraternité sont des sentiments tolérés. Moins angoissant que le précédent, mais tout aussi mystérieux, le scénario est plus subtil, moins dramatique, et laisse dans sa fin un espoir d’une vie différente. Alors que Jonas était seul, Kira a deux amis, on ne ressent donc pas le poids de la solitude.
« L’élue » est une belle histoire servie par des personnages très intéressants, ambigus, fourbes pour certains, courageux, intègres pour d’autres. L’intelligence de Kira est sa force, c’est ce qui lui permettra d’affronter les desseins les plus noirs. Au jeu des stratégies et des faux-semblants, elle vaincra.
De Jonas à Kira, on peut penser qu’ils vivent dans des communautés voisines et qu’un jour ils se rencontreront… Leurs mondes sont parallèles, communs, et les frontières pas si infranchissables.
Je vous recommande ce livre de la littérature jeunesse qui fut un plaisir de lecture et je me plonge prochainement dans la suite, « Le Messager ».

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Le passeur

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Lois Lowry

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Jonas est un jeune garçon de douze ans qui va bientôt célébrer la cérémonie de décembre avec ses amis Asher et Fiona. Dans leur communauté, c’est à cet âge qu’on leur attribue leur véritable fonction qui définira leur vie. L’étape n’est pas sans inquiétude car c’est aussi un adieu à l’insouciance et à l’indépendance des jeunes années.
Dans sa famille, on se demande bien quel statut on va lui attribuer… Son père est nourricier et sa mère a un poste à la justice. Quant à sa sœur Lily, elle est encore bien petite. Ses seules préoccupations sont les études et savoir bien attacher ses cheveux.
Le jour de la célébration, Jonas a la surprise de recevoir la plus haute charge de la communauté. Il sera le dépositaire de la mémoire, un Passeur, car il possède  les quatre qualités requises ; intelligence, intégrité, courage et sagesse.

Le Passeur est l’homme qui détient le savoir du monde ancien, celui qui existait avant le contrôle climatique. Il est le seul car dans le monde actuel, nommé aussi « Identique », personne n’est au courant de cette forme de vie. Ce monde est aseptisé, sans couleurs, sans émotions, divisé en castes, avec des cellules familiales d’un masculin, d’un féminin et de deux enfants, c’est aussi un univers qui ne tolère aucune faiblesse. Lorsqu’on est déficient, lorsqu’on commet une faute impardonnable, on est « élargi » et le terme n’est pas anodin. Tout cela, Jonas le reçoit par le Passeur quand il pose ses mains sur lui. Le fluide passe avec des images et des sensations surprenantes, inconnues, qu’il doit conserver et taire. Il apprend également à dissimuler, il apprend surtout que ses parents sont les premiers à le faire, à mentir.
La complicité avec le Passeur est immédiate. Jonas essaie de le soulager de ses douleurs et des noirceurs qu’il a emmagasinées, mais le vieil homme commence par lui offrir les belles choses des temps passés, la neige, des animaux, des instants heureux en famille, le nom des couleurs, le bonheur, l’amour, la liberté, avant de lui montrer la peur, les guerres, la souffrance et la sauvagerie des hommes. C’est enivrant  et si déchirant !

Alors un jour, lorsque ses parents lui apprennent que Gabriel, l’enfant qu’ils élèvent depuis sa naissance, va être élargi, Jonas s’insurge et décide de fuir leur communauté avec ce frère de cœur. Il va partir à la recherche d’un « Ailleurs »…

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J’ai beaucoup aimé cette dystopie qui révèle un monde sans pitié. La cruauté est dans l’absence des sentiments et le contrôle despotique de la société. Tout bien ordonné, propre, sans faille, avec une petite pilule pour annihiler les émotions, on découvre petit à petit l’inhumanité des programmes et la frigidité de chacun.
Jonas est un enfant différent qui se distingue par ses réflexions et sa sensibilité. Les Sages ont vu juste, il est un esprit brillant et téméraire. Son apprentissage avec le Passeur va stimuler son désir d’émancipation ; vivre un monde vrai et pas seulement le rêver.
Une belle histoire, émouvante, que je vous conseille. Elle est la première d’une série. Il me reste à lire « L’élue », « Messager » et « Le Fils ».

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