Pepper et Carrot, Tome 2 – Les sorcières de Chaosah

Octobre est Halloween avec Lou et Hilde

 

 

Pepper et Carrot
Les sorcières de Chaosah, Tome 2
David Revoy

 

Une sorcière ne doit pas faire n’importe quoi ! Une sorcière ne doit pas s’amuser ! Une sorcière doit concocter de vraies potions ! Et une apprentie-sorcière doit écouter ses marraines !

Pepper est à bout… ses trois marraines les sorcières ont décidé d’élire domicile chez elle pour continuer son éducation de manière plus stricte car il est inconcevable qu’à ce stade de son apprentissage, Pepper confonde la plante dent de dragon avec une vraie dent de dragon. Il est aussi inadmissible qu’elle accumule d’innombrables potions pour des soins de beauté alors qu’il y a plus important à faire.

C’est auprès de Safran que Pepper demande un avis sur cette difficile cohabitation et sa jeune amie lui conseille de s’entretenir avec ses tutrices avec franchise, avant toute chose. Mais la conciliation se passant mal, sur un coup de tête Pepper fuit la maison en claquant la porte et décide de retrouver son amie Shichimi qui appartient à la congrégation des sorcières de Ah.

Sur la route, Pepper et Carrot vont rencontrer quelques problèmes, mais ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ?!

Dans ce second tome, Pepper est en opposition avec ses aînées ; confrontation entre deux générations et incompréhension. La petite sorcière, un peu têtue et réfractaire, ne se rend pas compte de tous les enseignements qu’elle reçoit et pense que ses marraines sont ringardes. Il faut dire aussi, que Cayenne, Thym et Cumin sont particulières… C’est donc sur quelques malentendus que les petites histoires s’enchaînent et se concluent par des gags bien marrants, souvent au détriment de Pepper.
Outre une adolescence remuante, l’auteur aborde également le sujet de l’écologie avec le tri sélectif et le recyclage des poubelles. C’est aussi dans ce tome que nous faisons un bon dans le passé pour voir la rencontre d’un bébé chat et  d’une toute petite élève en sorcellerie… Carrot et Pepper…
Une suite toute en charme et humour, que je vous recommande ++. Cette série est parfaite pour les jeunes lecteurs.

 

 

Pepper et Carrot, tome 1 – Potions d’envol


Octobre est Halloween avec Lou et Hilde

 

Pepper et Carrot
Potions d’envol, Tome 1
David Revoy

 

Avec ce premier volume, nous faisons la connaissance de la sorcière Pepper qui vit dans la Forêt de Bout-en-Cureuil avec son chat Carrot, un complice au poil roux.
Pepper est une gentille sorcière qui expérimente plein de potions, et bien souvent, c’est Carrot qui en subit les conséquences, en étant son cobaye.
Puis un jour de marché à la ville de Kamona, une cité médiévale habitée par des monstres, Pepper apprend qu’un concours de potions est organisé et que la meilleure recevra le beau prix de 50.000 Ko. Pleine d’enthousiasme, Pepper n’a qu’un jour pour la découvrir… C’est fou ce qu’on peut faire avec de la brume de nuages noirs, des baies rouges, des œufs de phœnix et du lait de dragon…

Je vous recommande cet album pour ses dessins, sa fantaisie et son humour. Pepper accompagnée de Carrot rencontre d’autres jeunes sorcières, Safran, Coriandre et Shichimie qui seront ses rivales le temps du concours mais qui seront aussi par la suite, ses amies. Ce monde fantastique a de douces teintes et Pepper, apprentie-sorcière, est une adorable gamine pleine de malice, d’ingéniosité et de bienveillance qui fait le désespoir de ses marraines, trois vieilles sorcières grincheuses de Chaosah qui veulent l’attirer vers l’obscur. L’une d’entre elles n’hésitera pas à se transformer en prince pour la tester.
Nous découvrons donc dans ce premier tome, Pepper dans différentes aventures qui suivent une chronologie bien définie et qui ont chacune une finalité irrésistiblement drôle. Peu de texte, un beau graphisme, et beaucoup de rires !

 

 

 

Nymphéas noirs

Challenge polars de Sharon
Challenge Petit Bac d’Enna – Catégorie couleur

 

 

Nymphéas noirs
D’après le roman de Michel Bussi
Adaptation de Frédéric Duval
Dessins de Didier Cassegrain

 

Cet album est une adaptation du livre policier de Michel Bussi, « Nymphéas noirs ». Ne l’ayant pas lu, je ne pourrai pas vous dire si c’est fidèle au roman, mais d’après les avis que j’ai pu voir, cette réécriture graphique est très bien réalisée.

 Nous pénétrons dans l’histoire par le récit d’une vieille dame de quatre-vingts ans, toute ratatinée et vêtue de noir, qui habite le petit village de Giverny rendu célèbre par le peintre impressionniste Claude Monet. Narratrice, elle commence par nous présenter trois femmes qui seront le fil conducteur de l’enquête. Elle dit de la première qu’elle est méchante, une sorcière, c’est d’elle dont elle parle, de la deuxième, elle la catalogue de menteuse, c’est Stéphanie Dupain l’institutrice du village qui a trente-six ans, et la troisième, une petite fille de onze ans Fanette Morelle, elle lui attribue l’égoïsme. Trois femmes, trois générations différentes, qui ont le même rêve, celui de partir vers d’autres horizons. En toutes saisons, assailli par les touristes qui viennent visiter la maison et le jardin de Monet, Giverny est devenu bien trop petit pour elles.

Dans la première partie intitulée « Tableau 1 : Impressions », la vieille dame nous annonce sans préambule qu’un meurtre va être commis et en effet, lors de sa promenade matinale dans la campagne, elle découvre un cadavre dans le lit d’un cours d’eau, L’Epte. Sans états d’âme, elle continue son chemin en compagnie de son chien Neptune et n’avertit pas les autorités, laissant à un joggeur le soin de le faire.
Jérôme Morval, crâne fracassé, poignardé, était un chirurgien ophtalmologue de Rouen, qui avait acheté avec sa femme l’une des plus belles maisons de Giverny dont il était natif. Passionné et collectionneur de peinture, mari infidèle, les inspecteurs de Vernon qui sont mandatés vont étudier ces deux pistes, surtout l’une lorsqu’ils reçoivent des photos compromettantes du défunt avec ses conquêtes. Giverny devient alors le tableau d’une incroyable investigation qui tourne essentiellement autour de l’institutrice soupçonnée d’avoir entretenu une liaison avec lui.
D’un côté nous avons l’inspecteur Laurenç Sérénac qui reste sur place pour interroger l’entourage de Morval et de l’autre côté, c’est son adjoint, Sylvio Bénavides, qui oriente ses recherches vers les collectionneurs d’art, un monde pas toujours honnête.
Silhouette presque fantomatique qui narre la trame des évènements, la vieille dame voit tout et partage avec nous ce qu’elle surveille. La jeune institutrice qui aspire à l’amour, en mal de maternité et mariée à un rustre,  et la petite fille très douée en peinture qui rêve de gagner le concours Théodore Robinson.

Sur une dizaine de jours, de nombreux incidents vont intervenir et faire basculer l’histoire vers des mystères insondables. Deux enterrements sont célébrés, celui du notable et celui du mari de la vieille dame. Apparemment, ce ne seront pas les seuls car tel un oiseau de mauvais augures, elle prédit une autre mort.
D’anciennes affaires vont ressurgir et faire apparaître un nouveau personnage, l’inspecteur Laurentin, un policier proche de la retraite qui a bien connu la région et qui avait enquêté sur des toiles de Monet qui avaient été volées. Mais le dossier qui refait surface est celui d’un petit garçon qui avait été retrouvé mort dans la même petite rivière de Giverny en 1937.

La deuxième partie « Tableau 2 : Exposition » reprend en très peu de pages toutes les pièces du puzzle pour les assembler. Le lecteur assimile alors, pas sans mal, toute la tortuosité de l’intrigue et salue l’imagination de Michel Bussi, un maître dans les simulacres, le trompe l’œil. Les secrets de chacun sont noirs, bien gardés, enfouis dans les mémoires ; jalousie, passion, désillusions… et vengeance.

Je vous recommande ce très bel album qui nous entraine rapidement dans une dimension « impressionniste ». Les auteurs ont su rendre toute la complexité de ce policier et ce ne fut certainement une petite affaire… car j’ai rarement lu une histoire aussi enchevêtrée ! Bravo Messieurs ++

 

 

Les vieux fourneaux, Ceux qui restent

Un album offert dans le cadre :
La BD fait son festival avec Rakuten #1Blog1BD
Les BD du concours

 

Les vieux fourneaux
1. Ceux qui restent
Scénario de Wilfrid Lupano
Dessins et couleurs de Paul Cauuet

 

Ils étaient trois copains dans cette campagne qui les voyait jouer, pêcher, rêvasser et grandir. Ils étaient trois copains qui se sont retrouvés à travailler pour la même entreprise, un grand laboratoire pharmaceutique niché dans cette même campagne. Ils étaient trois copains qui un jour, après de très longues années, se sont retrouvés pour la crémation de Lucette, la femme de l’un des trois.

Antoine, Pierrot et Mimile sont vieux et en ce jour bien triste, sont heureux de se revoir. La vigueur n’est plus, les os craquent, mais les tempéraments sont les mêmes avec la truculence, l’irrespect et les bons souvenirs de l’époque. Anarchistes, révolutionnaires, militants pour les classes ouvrières, syndicalistes, c’étaient les années 60 un peu sauvages, folles et tellement libératrices.

Ils se remémorent Lucette, une femme à l’humeur vive, une sacrée nana qui avait démissionné de son travail de comptable pour devenir une marionnettiste itinérante. Antoine s’abandonne un instant et confie qu’il aimerait la rejoindre là où elle est, mais il y a sa petite-fille qu’il aime et qui a besoin de lui car Sophie, enceinte de sept mois, est seule et n’a pas de compagnon pour élever son futur bébé. Forte de caractère, indépendante et courageuse, elle ressemble tant à sa grand-mère !

Le lendemain matin, Pierrot et Mimile qui sont restés avec Antoine pour le soutenir dans son deuil jouent aux boules alors que ce dernier s’en va chez le notaire pour mettre à jour quelques papiers. Mais à son retour, rien ne va plus ! Sans une explication, Antoine rentre chez lui pour aller prendre un fusil et s’en retourne à la voiture pour repartir. Un petit voyage dit-il… Ses deux camarades qui n’y comprennent absolument rien, vont aussitôt demander des comptes au notaire qui leur concède, sous la menace, quelque chose de stupéfiant. Dans une lettre, Lucette avoue à son mari qu’elle a eu une liaison avec leur ancien patron. Ils devinent alors qu’Antoine est parti en Italie pour tuer le vieux Garan-Servier qui passe sa retraite en Toscane.

Sans perdre une minute, Pierrot et Mimile vont voir Sophie pour lui annoncer les aspirations criminelles de son grand-père et décident d’un commun accord de partir tous les trois à sa poursuite.
Une épopée à bord de la vieille camionnette de Lucette se met en route ! Arriveront-ils à temps pour empêcher Antoine de commettre le pire ?

Qu’ils sont attachants ces trois compères de la génération baby-boomer ! Insolents jusqu’à l’incivilité et parfois l’immoralité, ils en deviennent drôles et émouvants. Incontrôlables, dotés d’une jouvencelle « fraîcheur » qui semblerait être éternelle chez eux malgré les misères de la vieillesse, sinoques, excessifs, ils nous embarquent dans la camionnette rouge pour un voyage dont l’extravagance est un enchantement. Il y a les pages qui nous racontent ce périple routier, puis leur arrivée en Toscane qui va être le théâtre de bien des surprises et d’autres, aux teintes monochromes, qui retracent les conflits de 68 à l’usine. L’occupation illégale de l’entreprise, les banderoles syndicalistes avec les slogans « Vive la classe ouvrière », « Nos 40h sinon rien », « Tous unis pour la garantie de l’emploi »… les barricades, les feux, les fourgons des CRS… et en figure de proue, Lucette pour insuffler de la force à ses camarades. Ils ont tous des souvenirs qui la concernent et ce voyage leur offre une incursion dans leur jeunesse.
Sophie est la digne descendante de cette lignée de gauchistes. Elle nous raccorde au temps présent. L’amour qu’elle voue à ses grands-parents la lie à Mimile et Pierrot dans un grand élan de tendresse. Dans une scène assez cocasse et pleine d’ardeur, « chatouillée » par ses hormones de femme enceinte, elle s’adresse à un petit groupe de retraitées et donne un aperçu de ce que les prochains tomes peuvent donner, un plaidoyer écologique…
« – Quoi, c’est vrai ! Vous autres les vieux, vous êtes toujours là à vous extasier devant les enfants ! « Et qu’il est mignon, et gnagnagna ! » Vous feriez mieux de vous excuser, ouais !
Regardez autour de vous ! Vous nous laissez un monde tout pourri, vous avez tout salopé, et ensuite vous venez souhaiter bon courage aux locataires suivants ! Vous manquez pas d’air !…
– Mais qu’est-ce qu’on vous a fait ?
– Vous m’avez fait, ma petite dame, que votre génération est à l’origine de tous les fléaux du monde moderne ! La mondialisation, l’ultralibéralisme, la pollution, la surexploitation, l’agriculture intensive, les paradis fiscaux, la communication ! Tout ! Vous êtes inconséquents, rétrogrades, bigots, vous votez à droite, vous avez sacrifié la planète, affamé le tiers-monde ! En quatre-vingts ans, vous avez fait disparaître la quasi-totalité des espèces vivantes, vous avez épuisé les ressources, bouffé tous les poissons ! Il y a cinquante milliards de poulets élevés en batterie chaque année dans le monde et les gens crèvent de faim ! Historiquement, VOUS ÊTES LA PIRE GENERATION DE L’HISTOIRE DE L’HUMMANITE ! Et un malheur n’arrivant jamais seul, vous vivez HYPER vieux !… »

 

La construction du récit et les dialogues sont bâtis sur ce modèle, verts, dynamiques, plein de vie. Quant aux dessins, ils sont expressifs et ont la particularité de coller parfaitement au scénario et aux personnages.
Je vous incite, si vous ne l’avez pas encore fait, à lire ce premier album, une très jolie histoire sur l’amitié et l’amour, qui se termine par un sympathique pied de nez à Garan-Servier qui est atteint de la maladie d’Alzheimer…
A recommander ++ !

 

 

 

 

Édouard Manet et Berthe Morisot, une passion impressionniste

Les BD sont chez Noukette ce mercredi !
Challenge Petit Bac d’Enna
Un album offert pour Noël, par Do.

 

Edouard Manet et Berthe Morisot
Une passion impressionniste
Scénario de Michaël Le Galli
Dessins de Marie Jaffredo

 

Le récit débute en 1884, un an après la mort d’Édouard Manet, quand  Edma jette au feu les lettres de Berthe dans lesquelles elle confiait l’histoire d’amour qu’elle avait vécue avec le peintre. A travers ses écrits, on replonge quelques années en arrière…

Les sœurs Morisot, Edma et Berthe, peignent dans une des salles du Louvre lorsqu’elles sont présentées à Édouard Manet par l’entremise d’Henri Fantin-Latour. Invitées dans son atelier de la rue Guyot, les échanges – sur la peinture en général et les tableaux de Manet en particulier – établissent des liens qui ne feront que se consolider au fil des ans.
A cette époque en 1868, Manet a déjà une grande renommée même si certains de ses tableaux, Le déjeuner sur l’herbe et L’Olympia, ont suscité de vives polémiques lors de leurs expositions au Salon officiel de Paris. Arrogant et un peu dédaigneux, il snobe gentiment les jeunes filles et propose à Berthe de poser pour lui. Pour commencer, elle sera son modèle et le troisième élément de son tableau Le Balcon.
Un lien s’établit et les rencontres chapeautée par les mères Morisot et Manet se font régulièrement dans les familles.
Un jour, chez les Morisot rue de Passy, il surprend Berthe en retouchant au pinceau une toile qu’elle était entrain de peindre. Par ce geste suffisant, il outrage la jeune artiste et renforce sa position de dominant. Ce geste ne sera pas le seul et tout au long de leur relation, le tempérament du maître se confrontera au sien car Berthe voudra très rapidement s’affranchir de cette servitude.

Dans le Paris éclaté et transformé par le Baron Haussmann, un nouveau style de peinture naît ; c’est l’impressionnisme. La lumière, les couleurs, le mouvement, les thèmes abordés, les touches du pinceau, tout devient plus vivant et plus réaliste. Les auteurs de l’album nous montrent un Manet bavard, un peu caractériel, égocentrique, très charmeur et infidèle. Il est sous le charme de l’intelligence de la jeune fille et son admiration pour sa peinture ne cesse de grandir. Sa personnalité n’est pas sympathique, mais Berthe est séduite par l’aura de l’artiste. Influencée dans les premiers temps par sa peinture, elle souhaite elle aussi trouver sa voie et ne pas être qu’une simple copiste.
Des morceaux de correspondance léchés par les flammes, Edma brûle l’admiration et l’amour de Berthe, une passion qui a généré de l’amitié mais aussi beaucoup de jalousie et de colère. Tous deux se sont aimés intensément et secrètement.
L’album s’arrête sur cette reconnaissance. Manet trouve « magnifique » une marine que Berthe lui offre pour clore leur amour impossible.

« Une passion impressionniste » aborde leur histoire romancée sur deux ou trois ans (Berthe épouse en 1874 Eugène Manet, le frère cadet) et met en scène toute une époque avec des personnalités proches des deux artistes. L’album, aux douces teintes, peut-être un élément déclencheur qui incitera le lecteur à aller visiter le superbe musée Marmottan à Paris, qui possède  plus de quatre-vingts œuvres de Berthe Morisot et une centaine d’Édouard Manet, tableaux et dessins. Pour cela, je salue le travail des deux auteurs…

 

 

 

 

Petit vampire et la maison qui avait l’air normale


Octobre, challenge Halloween avec Lou et Hilde
et Mercredi BD chez Moka

 

 

Petit Vampire
et la maison qui avait l’air normale
Tome 4
Joann Sfar

 

Petit Vampire voit dans les bois une maison qui semble au premier coup d’œil, « normale ». Mais… à l’intérieur, il rencontre une créature verte tenue prisonnière qu’il va appeler Chaipas. Car quand il lui demande son nom, l’autre lui répond chaipas. Lorsqu’il lui demande ce qu’il fait ici, la réponse est chaipas. Et quand il découvre des monticules de crânes et les automates d’un homme et une femme mis en scène dans un semblant de normalité, le petit monstre qui ressemble à une pieuvre dit… chaipas !
Pour comprendre ce qu’il se passe, Petit Vampire et Chaipas montent à l’étage. Dans une pièce, tout un attirail de machines avec leviers, de tubes, de pistons en action, de bocaux en ébullition, forment un sacré bazar ! Intrigués par leur découverte, ils font la bêtise d’actionner une manette qui les propulse dans un monde encore plus étrange, où d’autres créatures pas très sympathiques s’entretuent.
Mais c’est quoi ce cirque ? dans quel univers sont-ils tombés ? De caverne en caverne ou d’oubliette en oubliette, Petit Vampire et Chaipas vont rencontrer un monstre qui va tout leur expliquer. Leur monde est le ménisque, une dimension située entre l’air et l’eau. Il fut un temps où les différentes créatures qui le peuplaient, vivaient en bonne harmonie, puis un jour, des Terriens sont venus entreposer des armes et tout a changé.

Ce n’est que dans la moitié de l’album que l’histoire prend un sens. On lit frontières, identités, djihad, peuples du dessous, peuples du dessus et guerres. Petit Vampire va faire le triste constat que les Terriens ont amené la violence et que depuis, les sentiments guerriers sont exacerbés, sans solidarité et sans paix.
Il va falloir trouver une issue…

Je commence mon incursion dans la série du Petit Vampire avec ce quatrième tome qui je pense ne doit pas être le plus facile ! J’ai dû relire l’album plusieurs fois pour arriver à le comprendre et à l’apprécier. Farfelu, fantastique, fouillis, dense, noir, le scénario aborde une réflexion assez réelle sur les hostilités et les affrontements entre communautés. Le tous ennemis mène à une perspective très pessimiste sur notre société, notre planète.
Quant aux dessins, il faut aimer le crayon de l’auteur, et moi, j’aime beaucoup.
Une lecture pas évidente, mais à noter !

 

 

 

Emma G. Wildford

La BD de la semaine chez Stéphie

Un album offert par les éditions Soleil, collection Noctambule, et Priceminister-Rakuten, dans le cadre de « La BD fait son festival ». Note 20/20

 

Emma G. Wildford
Zidrou, Scénariste
Dessinatrice et coloriste, Edith

 

Cet été de 1920 est très chaud, et dans leur propriété de la campagne de l’Essex, loin de la fournaise de Londres, Emma G. Wildford reste aux côtés de sa sœur Elizabeth qui est enceinte de son premier enfant.
Elizabeth se languit et Emma écrit. Écrire de la poésie est la seule façon pour elle de supporter l’absence de son fiancé Roald, parti dans la région du lac Inari, au nord de la Finlande. Descendant sur quatre générations, d’une longue lignée d’explorateurs-aventuriers, il avait dans l’idée de retrouver le tombeau de la géante Dola, déesse protectrice, et ainsi, rendre hommage à ses prédécesseurs. Mais voici plus d’un an qu’Emma n’a pas reçu de nouvelles, et ses multiples requêtes auprès des membres la Royal Geographical Society restent vaines car ils le croient tous mort.

Roald avait promis d’épouser Emma le jour de ses vingt ans et lui avait laissé une lettre à ne lire que si le destin se montrait cruel. Certaine qu’elle le reverra et dotée d’un caractère fortement obstiné, elle décide de ne pas tenter le mauvais sort en décachetant la lettre et de prendre le premier paquebot de la Blue Star Lines pour le rechercher sur les terres de Laponie. Là-bas, Borge Hansen, le représentant local de la Royal Geographical Society, l’attendra pour lui servir de guide…

Trésors, légendes, étendues enneigées, grand froid, nous accompagnons l’intrépide et folle Emma dans son périple du bout du monde, avec ce très bel album, un livre coffret qui recèle des petites surprises (une photo, un billet d’embarquement, une lettre…). L’histoire est avant tout l’émancipation d’une jeune fille qui se libère des carcans de son époque. Des débuts enchanteurs, poétiques et mélancoliques qui dévoilent avec pudeur son amour passionné pour son fiancé, l’ambiance change lorsque nous abordons sa quête initiatique empreinte d’aventures et d’amour, lors de ce voyage qui se révèlera être difficile et douloureux, mais aussi un tremplin pour l’avenir. La transition se fait en couleur, en paysages et en sentiments, avec une touche plus onirique.
Je vous recommande ce très beau portrait de femme, sensible, fier, courageux, ardent, éloge à l’espérance, la foi, l’amour et au féminisme. Un coup de cœur.

 

 

 

Peindre sur le rivage

 

Mercredi BD dans le cadre nordique de Cryssilda
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Peindre sur le rivage
Anneli Furmark

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Hélène, une femme d’une quarantaine d’années, se replonge dans le journal intime qui retrace son année 1990. La première page commence en septembre, alors qu’elle vient de quitter Stockholm pour aller étudier dans une école d’art au nord du pays, et la dernière page boucle ses confidences en juillet 1991.

Logée chez une vieille dame qui a aménagé le haut de sa maison pour des locataires, elle liste des codes de bonne conduite et se promet de rester concentrer sur son travail. Mais dès le premier jour d’école, elle fait des connaissances et se rend compte qu’il lui sera difficile de tenir ses nouvelles résolutions.
Elle raconte le paysage qui dans un premier temps ne l’enchante guère, la lumière particulière, Iris sa logeuse, Irène sa nouvelle amie, ses professeurs, Evald, un vieux peintre bohème qui parcourt les rivages en quête d’inspiration, et Lauri Stenman, un peintre reconnu qui vient passer trois semaines dans son école… Elle parle aussi d’une question qui la taraude : « Qu’est-ce que l’art ? ». Peu sûre d’elle, à la recherche d’un style, d’une œuvre à réaliser, elle admire l’impétuosité et la détermination d’Irène. Son destin semble encore incertain et rempli de doutes. En tant que femme, en tant qu’artiste, quel chemin doit-elle prendre pour s’épanouir ?
En se relisant, elle s’aperçoit que ses écrits tournent plus autour de ses amours que de ses peintures. Entre Irène et Lauri, son cœur déjà abimé par une relation malheureuse n’ose se donner pleinement.
L’année fut riche, les souvenirs reviennent et peut-être quelques regrets.

Cet album est une deuxième incursion dans l’univers d’Anneli Furmark. J’ai donc abordé l’histoire avec plus de facilité que pour la première, sensible à l’ensemble, histoire-graphisme-colorisation. J’ai beaucoup apprécié les paysages déclinés dans les différentes saisons, ainsi que la personnalité d’Hélène qui déploie ses ailes doucement. Si elle semble fragile au départ, on s’aperçoit qu’elle a aussi un tempérament terrien, bien ancré dans son monde.
Poétique, nostalgique, chargée des espoirs et des doutes de la jeunesse, cette chronique sans emphase, toute simple, éclatante de couleurs, a été une belle lecture.

 

 

 

Un soleil entre des planètes mortes

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Ce mercredi BD se passe chez Moka
dans le cadre nordique de Cryssilda
Une lecture commune avec Nahe qui a lu « Le centre de la Terre »

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Un soleil entre des planètes mortes
Anneli Furmark

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Murjek, Gällivare, Kiruna… le train file vers des montagnes, des précipices, des fjords, un ciel bas, blanc, qui se dépose sur un paysage enneigé, glacé, vers Narvik le terminus et Tromso. Barbro, une Suédoise de cinquante ans, a décidé de s’offrir un périple dans le nord de la Norvège, sur les traces de l’héroïne du roman qui l’accompagne depuis toujours, « Alberte » de Cora Sandel.

Complexée et confondant sa timidité avec de la lâcheté, Barbro s’identifie à Alberte, jeune fille du siècle dernier qui se sentait laide, insipide et prisonnière de sa condition de femme dans une province reculée ; une province à la bordure du monde qui s’invite par la mer, mais très à l’écart aussi. L’histoire en trois volumes, éditée dans les années 20 jusqu’à la fin des années 30, commence par la présenter dans sa famille bourgeoise et austère, envieuse de son frère Jacob qui voulait braver le courroux paternel en arrêtant ses études pour s’embarquer sur un navire marchand.

Petite souris, Barbro s’était emparé de ces livres comme si elle se saisissait d’un bouclier et avait rêvé toute sa vie d’émancipation et d’aventures, sans jamais oser entreprendre. A cinquante ans, alors que le miroir lui renvoie le portrait de sa grand-mère, elle se demande si ce n’est pas déjà trop tard…

Tour à tour, dans des tons aux dominantes vives de bleus et de rouges pour Barbro et des tons de gris, noirs et blancs pour Alberte, l’album graphique d’Anneli Furmark raconte ces deux personnalités déchirées, craintives, si embrouillées dans leurs modesties et leurs fantasmes ; si semblables.
L’auteur parvient à nous faire ressentir leurs détresses, leurs envies, leurs espérances, leurs solitudes… l’attente et l’ennui. Les dessins sont taillés, rudes, abrupts, dépouillés, et riches de cette atmosphère étrange et polaire.
Je recommanderai ce livre qui a su m’apprivoiser et m’émouvoir.

 

Le billet de Nahe « ici »

 

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Croquemitaines, Livre 2


Halloween à Poudlard avec Hilde et 
Lou
Billet n°18
La BD de ce mercredi est chez Stéphie

 

Croquemitaines – Livre 1

  Croquemitaines
Livre 2
Scénario de Mathieu Salvia
Dessin et couleur de Djet

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« Le croquemitaine voyage de nuit,
dans toutes les caves, sous tous les lits,
il traîne ses guêtres sans aucun bruit,
prends garde à toi, passé minuit. »

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La fin du tome précédent nous laissait présager que l’ensemble des croquemitaines allait traquer Elliott et Père-la-Mort sans pitié. Dans un univers toujours sombre et violent, seuls contre tous, l’enfant, l’ancien et le chien vont essayer de survivre encore quelques nuits.

En demandant à Grand-Papa-Janvier, seul rescapé de la vieille garde, de les aider, ils auraient peut-être une chance, mais les anciennes amitiés ont bien changé !

Dans cette suite, Père-la-Mort se dévoile un peu plus. Il raconte à son protégé le croquemitaine qu’il était, sans foi, ni loi, et comment il a créé le chien avec toute l’énergie de sa haine. Tous deux erraient assoiffés à la recherche des petites-sœurs, jusqu’au jour où ils ont découvert Elliott dans son berceau, un être fragile et innocent.

Intrigues, combats, noirceurs, férocités, les croquemitaines se déchaînent et l’histoire ne laisse que peu d’espoir au dénouement…

« Croquemitaines » est un diptyque violent et angoissant, avec un bon scénario et de beaux dessins, qui reprend la légende des personnages maléfiques de notre enfance.
Dans les lieux sordides de la ville, leur univers infernal vit en marge de notre monde sans qu’on le sache. Ils se nourrissent de nos peurs, de nos couardises, et ils excitent nos plus vils instincts. De ce cauchemar, il est donné une part de tendresse et d’émotion dans la complicité et l’abandon entre l’enfant, le chien et Père-la-Mort. C’est émouvant et c’est ce que j’ai préféré. La créature sauvage se transforme en une personne généreuse, rassurante et protectrice.

Comme dans le premier volume, nous retrouvons à la fin de l’album un cahier graphique qui reprend le travail de certaines scènes, du crayonnage à la colorisation.
Ces deux albums que je vous recommande, ne sont pas à mettre entre les mains de jeunes enfants.

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