La crue
Tome 1 – Blackwater
Michael McDowell
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Virginie, Alabama, 1919,
La crue de printemps de 1919 à Perdido fut exceptionnellement violente. Les deux rivières ont inondé la petite ville d’une boue rouge et détruit toutes les habitations en les plongeant sous cinq mètres d’eau.
Tous ont fui sur les hauteurs. Constater les dégâts ne sera pas une chose facile, peut-être même impossible et il faudra envisager de tout reconstruire. Outre les dévastations qui offrent une image apocalyptique, l’atmosphère délivre une odeur nauséeuse et entêtante. Pour analyser la situation, à bord d’une petite barque, Oscar Caskey, héritier d’une grande et riche famille, et Bray, son dévoué serviteur, tentent de se frayer un passage sur la voie principale. Quatre jours ont passé et la ville fantôme est effrayante. C’est pourquoi, lorsqu’ils voient une silhouette à travers la fenêtre du grand hôtel, ils ont une petite réticence à aller voir de plus près. Ils découvrent une jeune femme qui attend patiemment sur son lit que quelqu’un vienne la sauver. Si Oscar semble subjugué par son mystère, sa beauté, sa chevelure rousse, Bray ressent un sentiment trouble, plus lié à de la peur qu’à de l’admiration.
Elle s’appelle Elinor Dammert et elle est arrivée à Perdido pour enseigner. Impassible et charmante, la catastrophe ne semble pas l’avoir perturbée et c’est avec une grande dignité qu’elle embarque sur le petit esquif pour regagner la terre ferme.
Elle est d’abord une curiosité, puis une énigme car les questions qu’on lui pose n’ont pas de réelles réponses. Pour certains, elle est une femme courageuse et très attirante. Elle séduit très vite les hommes, les femmes et les enfants. Mais pour d’autres, comme pour Mary-Love la mère d’Oscar, ils perçoivent sa singularité et son côté obscur comme une menace, dans son attitude, sa façon de parler et de se mouvoir.
Mary-Love Caskey ne voit pas d’un bon œil cette nouvelle venue et s’inquiète pour son fils qui se sent de plus en plus conquis. De plus, la couleur de ses cheveux est de la teinte de l’argile qui englue tout le paysage. Elle paraît tisser ses fils autour de Perdido. Elle paraît à la fois magicienne, ondine et sorcière.
Qui est-elle vraiment ?
Dès le début de la lecture qui est le premier tome d’une série de six, on ressent un malaise. C’est grinçant, sinistre et un peu excessif. Tellement secret !
Elinor, est-elle une manipulatrice maléfique ou est-elle un ange salvateur ? Le style gothique nous mène certainement vers le fantastique où l’angoisse est distillée à petites doses pour que le mystère demeure.
J’ai lu le livre avec une petite distance pour me préserver. Je n’ai pas voulu m’attacher à l’un ou à l’autre, décelant une diablerie quelque part sans jamais la définir. L’auteur laisse le suspense entier, nous incitant à regagner la famille Caskey et Perdido dans le second tome intitulé « La digue ».
Originaire d’Alabama, Michael McDowell sait nous imprégner de l’essence de sa terre, même si ce petit coin perdu, Perdido, bordé par deux rivières, Perdido et Blackwater, existe sans vraiment exister.
A suivre… et mention spéciale pour la belle édition…
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Une lecture chez Aifelle, Béa, Belette, Hilde, Alex,
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