Le Horla

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Challenge Halloween avec Hilde et Lou

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.Le horlaLe Horla
Guy de Maupassant

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Lorsque Guy de Maupassant écrit cette nouvelle en 1887, il est très malade. Sa souffrance et les médicaments qu’il prend le plongent dans des états seconds et lui donnent des idées noires. Il transpose alors dans son personnage, le narrateur, tout le mal qui le grignote, et imagine une histoire de possession, une entité vampirique et spectrale, qu’il nomme le Horla.
Le narrateur relate dans son journal intime, ou dans une longue lettre testamentaire, la progression des symptômes ; les prémices fiévreux, les psychoses et les pensées suicidaires. La peur s’installe sournoisement au début, avec la fièvre, les hallucinations, les insomnies et le mal qui commence à empoisonner son sang.
Pensant retrouver la santé en changeant d’air, il quitte sa campagne quelques temps pour d’autres contrées. Mais en retournant chez lui, il découvre que l’un de ses domestiques est atteint des mêmes affections. La créature s’est lové et s’abreuve dans un autre corps.
Très vite, les malaises et les visions reviennent et empirent. Le Horla ne lâche pas facilement sa proie.
Le narrateur se questionne et cherche des informations… peut-il en réchapper ? qui le persécute ? combien de temps cela va-t-il durer ? Complètement sous l’emprise de la bête, l’angoisse et les douleurs sont si fortes qu’il en devient fou.

Tout au long de ce funeste récit, Guy de Maupassant invite le lecteur à faire sa propre analyse. Soit le narrateur a des troubles mentaux et c’est du domaine de la psychiatrie, soit ses délires sont provoqués par une créature démoniaque et c’est de l’ordre du fantastique. A nous d’orienter notre lecture… mais ce qui est sûr, c’est que l’histoire est effroyable !

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Le horla 1

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Le tour d’écrou

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Challenge Halloween avec Hilde et Lou

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Le tour d'écrouLe tour d’écrou
Henry James

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Henri James donne à une veillée de Noël, une ambiance gothique.
Des amis rassemblés près de l’âtre de la cheminée écoutent l’un d’entre eux lire les écrits d’une vieille connaissance qui fut la gouvernante de sa sœur. Douglas, le légataire de la défunte, tient ses confidences sous clef, à l’abri de toute indiscrétion. Tous sont prévenus, la soirée sera glaçante. Les goguenards et les émotifs sont attentifs…
Le narrateur qui nous invite à partager cette intimité, laisse le conteur mettre en place les personnages et le décor d’un huis clos qui s’annonce effrayant.

Dans les débuts de son journal, la préceptrice, alors âgée de vingt ans, rapporte comment elle a été embauchée pour s’occuper de deux orphelins placés sous la tutelle de leur oncle, un célibataire habitant Londres peu enclin à élever ses neveux, et son arrivée dans un vieux manoir perdu dans une campagne reculée de l’Essex. Là, elle fait la connaissance de l’intendante de la maison, Mrs Grose, et des enfants qu’elle devra éduquer. Flora, une fillette de huit ans, et Miles, un garçon de dix ans, qui faisait sa scolarité dans un internat et qui a été renvoyé de son école pour une raison qu’on ne saura jamais.
Mrs Grose se montre charmante avec elle, et le frère et la sœur sont adorables et très attachants. Dans les premiers jours durant ses heures de repos, elle visite l’imposante demeure de Bly à la décoration très chargée, à l’architecture décousue, et son vaste parc. La gentille et naïve jeune fille se prend alors à rêver car tout semble idyllique dans ce cadre romantique. Mais l’histoire va prendre une autre tournure…
Lors d’une flânerie dans le parc, elle aperçoit une silhouette étrange postée sur le haut de l’une des tours du manoir. Peu de temps après, elle revoit cet homme collé à une fenêtre, épiant l’intérieur de la maison, puis c’est au tour d’une femme venue de nulle part. Quand elle se décide à demander des informations des gens de la maison auprès de Mrs Grose, elle apprend les morts tragiques de Mr Quint, officiant comme valet, et de Miss Jessel, l’ancienne gouvernante. Si l’une avait eu le comportement d’une grande dame, l’autre était méprisable. Se sentant en confiance, la pieuse femme révèle que les deux avaient été amants. Il en faut donc peu pour imaginer que ces apparitions seraient l’errance de leurs âmes damnées venues chercher les enfants.
Chaque jour, le malaise s’intensifiant, la jeune gouvernante, dont l’esprit fantasque adhère rapidement à cette nébuleuse hypothèse, intensifie la surveillance des enfants qui semblent être sous l’emprise d’un charme pernicieux. L’angélisme qui les caractérise ne paraît pas très naturel et la douceur de leurs regards devient inquiétante.
Les écrits de son journal prennent une cadence plus soutenue et plus folle. Elle s’attribue un rôle, celui de les sauver, et son angoisse grandissante produit une hystérie annonciatrice d’un drame.

Je n’ai pas aimé cette histoire, ni l’écriture que j’ai trouvée pesante et alambiquée, je n’ai pas aimé également le personnage de la gouvernante, une ingénue perdue dans ses fantasmes, trop complaisante avec les enfants, et je n’ai surtout pas apprécié les rapports ambigus entre elle et Miles, ceux d’un amour impossible. C’est en lisant le dernier paragraphe de la fin, que j’ai compris d’où venait mon embarrât. Tout au long du récit, on perçoit des équivoques qui ne sont jamais vraiment formulées, et ce flou voulu par l’auteur a entravé ma lecture.
Sur le fait qu’on ne sache pas si les fantômes sont réels ou s’ils sont les chimères d’une jeune fille trop exaltée et névrotique, cela ne m’a pas déconcertée, bien au contraire !

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Peinture de Walter Marshall Clute

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Le vent dans les saules

Il était neuf fois Noël avec Chicky Poo et Samarian
Les animaux du monde de Sharon

Un livre offert par les Éditions Caurette et Babelio dans le cadre des Masses Critiques

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Le vent dans les saulesLe vent dans les saules
Texte de Kenneth Grahame
Illustrations de Chris Dunn

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Publié en 1908, Le vent dans les saules est un livre qui regroupe plusieurs petites histoires, dont les personnages principaux sont une taupe, un rat, un blaireau, un crapaud et une loutre.
Dans un cadre enchanteur en bordure de la Tamise, sous les ramées des saules, les amis connaissent des aventures rocambolesques, drôles et remuantes qui les auréolent de gloire.
Cette parution grand format reprend le texte intégral de Kenneth Grahame et se pare des superbes dessins de Chris Dunn qui rappellent les illustrations d’origine faites par Ernest Howard Shepard.

Le vent dans les saules 4Les récits se présentent en douze chapitres…
« La berge » ;
C’est le printemps, M. Taupe fait le grand ménage de sa maison, puis décide de laisser les corvées ménagères pour aller voir la nature renaître. Vers les berges de la rivière qu’il découvre, il rencontre M. Rat qui lui propose une balade en barque. Virée en bateau sous la frondaison des arbres, pique-nique dans une clairière ensoleillée et douce somnolence, jusqu’à ce qu’un ami de M. Rat vienne les déranger. C’est M. Loutre…
« La Grande-Route » ; L’air est léger et
M. Taupe est triste de laisser ses nouveaux compagnons. Affligé de le voir ainsi, M. Rat décide de l’inviter chez lui pour partager quelques jours de vacances et lui faire découvrir les joies de la rivière. C’est alors que M. Crapaud leur propose un voyage en roulotte ; sa dernière lubie !
Le vent dans les saules 2« La forêt sauvage » ; M. Taupe souhaiterait rencontrer M. Blaireau qui est quelqu’un de solitaire et qui habite la forêt. Sur un coup de tête, sans écouter les conseils de M. Rat, il part seul, dans le froid glacial de l’hiver et se perd…
« M. Blaireau » ; M. Rat et M. Taupe sont accueillis par M. Blaireau. Dehors, il neige et la maison est un havre bien confortable…
« Foyer, doux foyer » ; M. Taupe a la nostalgie de son logis et invite M. Rat dans son modeste intérieur qu’il faudra dépoussiérer et réchauffer… juste à temps, avant de recevoir la visite d’une chorale de mulots qui chante des cantiques de Noël…
« M. Crapaud », « Le joueur de pipeau aux portes de l’aube », « Les aventures de M. Crapaud », « Les voyageurs », « Les nouvelles aventures de M. Crapaud », « Il éclata en sanglots comme éclate un orage d’été » et « Le retour d’Ulysse »… Les histoires suivent le fil des saisons et les tableaux bucoliques peints par Chris Dunn font rêver.

Le vent dans les saules 5

La vallée de la Tamise est le cadre d’un univers animalier qui côtoie celui des humains. On découvre une bande d’amis qui ont des caractères différents. M. Taupe n’est pas un aventurier et pourtant il se laisse embarquer par les autres avec beaucoup de complaisance. M. Rat est celui qui va l’introduire dans le cercle amical. Il est sympathique, bavard et chaleureux. M. Crapaud est le propriétaire de la Crapaudière, un beau manoir. Riche, arrogant, obsessionnel, mais aussi brave, il lui arrive toujours des péripéties. Le solitaire M. Blaireau est la voix de la sagesse. Quant à Monsieur Loutre, il a une bonne nature et se montre toujours plein d’entrain.
Amitié, complicité, solidarité, aventures, humour, les histoires de ces gentlemen charmeront les enfants et leurs parents.
Un magnifique livre plein de poésie et de douceur à recommander et à offrir…

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Le vent dans les saules 1

La deuxième tache


Lectures celtiques avec Cryssilda
Challenge polars avec Sharon

 

 

Le retour de Sherlock Holmes
La deuxième tache

Arthur Conan Doyle

Pour terminer les chroniques du Retour de Sherlock Holmes, John Watson sélectionne une affaire où il leur fut demandé le « secret le plus absolu » car elle mettait en cause les hautes sphères dirigeantes d’Angleterre et d’ailleurs. Cette enquête, il l’appelle La deuxième tache.

Tout commence par la visite à Baker Street de deux illustres personnages ; Lord Bellinger, 1er ministre deux fois élu, et Mr Trelawney Hope, un membre de son cabinet, chargé des affaires européennes.
Dans une grande nervosité, ils expliquent que la situation est grave car on leur a volé un document d’une importance capitale. Bien entendu, personne ne doit être mis au courant, pas
même Scotland Yard. Le papier en question est une lettre écrite par le roi d’un pays voisin dont le contenu pourrait avoir de terribles conséquences sur la scène internationale. Si la lettre était publiée, ce serait la guerre.
Le vol fut commis chez Mr Hope mais toutes les personnes présentes dans la demeure sont de confiance. Ni sa femme, ni les domestiques, en avaient connaissance. Alors… une personne de l’extérieur ?
Sherlock Holmes n’a que très peu de temps pour retrouver la missive et déjà un nom effleure son esprit, Eduardo Lucas, un grand ténor, mais aussi un maître chanteur et un escroc. Mais tout se fige quand il apprend l’assassinat de ce dernier, chez lui à Westminster.
Un lien relie tout ceci et Lady Hilda Hope pourrait bien être ce fil…

Cette dernière nouvelle est comme un feu d’artifice. Tout est orchestré dans un temps précipité et dans une stressante attente. Watson nous décrit un Holmes inquiet et assez pessimiste. Lorsqu’il comprend le scénario, c’est en se rendant chez Eduardo Lucas où il y rencontre l’inspecteur Lestrade qui lui communique un fait troublant. Quelqu’un a bougé le tapis du salon, car le cadavre de Lucas a laissé deux taches de sang en deux endroits différents…
Sans vous dévoiler le fin mot de l’histoire, je peux quand même vous dire que la lettre sera retrouvée… God save the queen !
Une très bonne enquête, à lire !

 

 

 

Le manoir de l’abbaye


Lectures celtiques avec Cryssilda
Challenge polars avec Sharon

Le retour de Sherlock Holmes
Le manoir de l’abbaye

Arthur Conan Doyle

Hiver 1897,
En pleine nuit, John Watson est embarqué par son compère Sherlock Holmes pour venir en aide à Stanley Hopkins, l’inspecteur de Scotland Yard. C’est la septième fois que le remplaçant de Lestrade le sollicite et à chaque fois, les enquêtes se sont révélées intéressantes.
Gare de Charing Cross pour le train du Kent, Holmes informe Watson du contenu de la courte lettre qui l’invite sans plus tarder à venir chez Sir Eustace Brackenstall, où comme il le pressent, il y a eu un crime.
A leur arrivée, Hopkins leur résume les faits avant de clore l’affaire. Des cambrioleurs qu’il soupçonne être du gang Randall, père et fils, ont volé l’argenterie de la maison, ont neutralisé Lady Brackenstal en la brutalisant et on tué son mari qui avait voulu s’interposer. Chronique banale d’un vol qui a mal tourné, Holmes, avant de donner son aval à l’inspecteur, questionne la jeune femme qui tente de narrer avec précision le fil de la tragédie. Et comme toujours, se sont les petits détails qui le fascinent, des éléments anodins, des particularités si étranges qu’elles en deviennent risibles, mais qui donnent à l’histoire une autre version.

Alcoolisme, violences conjugales, rôle de la femme dans la haute société du XIXème siècle, histoire d’amour… les sujets abordés sont multiples et l’auteur nous présente un Sherlock Holmes plus tolérant et bienveillant qui conclut l’enquête par une grâce, suivant l’expression latine « Vox populi, vox Dei ».
Il est toujours passionnant de lire le cheminement intellectuel du détective et dans ce cas-là de le voir faire un pied de nez à Scotland Yard…

Un billet sur les nouvelles du Retour chez Belette

Le trois-quarts manquant

Lectures celtiques avec Cryssilda

Challenge polars avec Sharon

Le retour de Sherlock Holmes
Le trois-quarts manquant

Arthur Conan Doyle

John Watson est assez fier de Sherlock Holmes qui n’a pas replongé dans son addiction, la drogue. Mais l’équilibre est précaire, et il est bien difficile de toujours lui trouver des occupations pour stimuler son esprit, fonctionnel vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
En ce mois de février, les enquêtes tournent au ralenti et il écrit que le temps est « triste ». Alors lorsqu’un télégramme fantaisiste arrive, c’est fête ! Le visage de Holmes reprend des couleurs.

« Prière de m’attendre. Malheur épouvantable. Perdu trois-quarts aile droite. Indispensable demain. Overton. »
Envoyé par Hopkins, l’inspecteur de Scotland Yard qui remplace Lestrade, Mr Overton est dans une fâcheuse posture car son trois-quarts a disparu. Seuls les amateurs de rugby peuvent comprendre les termes « trois-quarts, aile droite » et n’y verront pas un sens codé…
Mr Overton est le capitaine de l’équipe de Trinity College à Cambridge et dans deux jours, ses joueurs devront affronter l’équipe d’Oxford dans un match de grande importance. Cependant, l’homme sur qui tout repose, Godfrey Staunton, a disparu de l’hôtel où il logeait.
Holmes, toujours assisté de Watson, relève l’affaire en commençant son enquête dans la chambre d’hôtel où il découvre le calque sur un buvard d’un mot écrit, dans lequel le jeune homme demande l’aide urgente d’un professeur de Cambridge.
Neveu de lord Mount-James, un vieil aristocrate très fortuné, Godfrey pourrait avoir été enlevé par des bandits pour une rançon, ou enlevé pour avoir contracté une dette…
Le temps presse ! Entre la demeure de lord Mount-James et celle du Dr Armstrong, Holmes et Watson vont retracer le parcours de Godfrey…

Cette nouvelle raconte une histoire de très petite envergure, sans un maître chanteur, un kidnappeur ou un usurier à emprisonner. Son dénouement est comme les journées de février… triste. Il n’y a donc pas de trame policière, mais il est toujours très intéressant de lire les stratégies investigatrices du célèbre détective qui finira par découvrir où se cache Godfrey.

Des aventures à lire !++

Un billet chez Belette…

Les trois étudiants


Polars avec Sharon
British Mysteries avec Hilde  et Lou

 

 

Les trois étudiants
Le retour de Sherlock Holmes
Arthur Conan Doyle

 

« Modeste et instructive »… 1895, John Watson s’attache à nous dévoiler une affaire qui n’a pas un grand intérêt criminel, mais qui donne encore à analyser un trait du caractère humain.
Plusieurs semaines après un grand scandale qui a secoué Sherlock Holmes (il est écrit « douloureux scandale »), le directeur des études et conférencier au Collège Saint-Luc, M. Hilton Soames, demande au détective de solutionner une affaire au sein de son établissement, le plus rapidement et le plus discrètement possible.
Trois étudiants qui doivent passer un examen de grec ancien en vue d’une importante bourse d’études sont mis sur la sellette car ils sont soupçonnés d’avoir consulté les épreuves écrites. Des papiers sur le bureau de M. Soames déplacés et une clé ne se trouvant pas être à sa place sont des indices qui prouvent que le bureau a été visité durant son absence.
Holmes et Watson suivent donc M. Soames sur les lieux du délit pour interroger les suspects.
Gilchrist, Daulat et Miles n’ont en commun qu’une brillante intelligence. D’origines différentes, de tempéraments différents, ils restent une énigme pour le directeur, mais pas pour le célèbre détective extralucide… Mais au trio d’étudiants, vient s’ajouter un autre personnage, M. Bannister le fidèle domestique de M. Soames.
Qui est le scélérat qui s’est déshonoré ? La réponse ne tardera pas à arriver… et fort heureusement, car Sherlock Holmes peut se montrer désagréable lorsqu’il est loin de Baker Street.

Une nouvelle dans les annales encore bien écrite ! Moins ténébreuse que certaines, son dénouement se conclue par une clémence qui arrange bien tout le monde.
A lire !

 

 

 

 

Les six Napoléons

Petit BAC avec Enna
Polars avec Sharon
British Mysteries avec Hilde  et Lou

 

Les six Napoléons
Le retour de Sherlock Holmes

Arthur Conan Doyle

L’histoire que Watson rapporte est amenée par l’inspecteur Lestrade de Scotland Yard. Lors d’une petite visite de courtoisie, il entretient Sherlock Holmes d’une enquête particulièrement étrange.
« – Rien d’intéressant en cours ?
– Oh ! non, monsieur Holmes ! Rien de très particulier.
– Alors racontez-le-moi.
Lestrade se mit à rire.
– Ma foi, monsieur Holmes, je ne vois pas pourquoi je nierais que j’ai une histoire en tête. Mais il s’agit d’une affaire si absurde que j’hésitais à vous en parler… »

L’affaire si singulière tient de la psychiatrie. Un homme pénètre par effraction dans des maisons et des magasins de Kennington Road pour détruire les statues de Napoléon 1er, des bustes en plâtre sortis de la fabrique des frères Harding. Idée fixe, monomanie, fanatisme ? et si ce cas de folie n’était tout simplement qu’une affaire de banditisme ? Holmes et Watson se lancent à la poursuite du maniaque mais très vite, un cadavre donne une note criminelle à l’enquête. C’est donc vers les milieux mafieux que les pas du détectives se dirigent…

La tonalité légère du début de la nouvelle bascule rapidement vers le tragique d’une affaire policière. La trame n’est pas exceptionnelle, mais elle est comme les autres, bien écrite et bien détaillée. Le plaisir de lecture est toujours présent…
A recommander !

 

 

 

Charles-Auguste Milverton

Petit BAC avec Enna
Polars avec Sharon
British Mysteries avec Hilde  et Lou

 

Charles-Auguste Milverton
Le retour de Sherlock Holmes
Arthur Conan Doyle

 

John Watson commence la nouvelle en disant que cette affaire est unique dans les annales des aventures de Sherlock Holmes (il le dit souvent, il me semble) et que par discrétion pour les victimes, il ne la situera pas dans la chronologie.

C’est l’hiver, il fait très froid, et de retour d’une promenade, Sherlock Holmes découvre une carte de visite portant le nom d’un agent d’affaires, Charles-Auguste Milverton. L’homme n’est pas un inconnu et Holmes le compare à un serpent. Maître chanteur sévissant dans la haute société et génie dans son domaine, ses victimes n’ont jamais pu, jusqu’à présent, porter plainte contre lui et le faire condamner.
Lady Eva Blackwell, l’une de ses dernières proies, est une jeune débutante qui va se marier au comte de Dovercourt, mais avant ses fiançailles, elle s’était amourachée d’un jeune homme et lui avait adressé des mots enflammés. Pour sept mille livres, elle peut acheter le silence de Milverton qui détient la correspondance embarrassante.

Mandaté pour régler la transaction, Holmes reçoit le maître chanteur et échoue dans les négociations. Cynique, il se doutait bien qu’il allait à l’échec avec ce genre de personnage et c’est avec une joie toute fiévreuse qu’il se travestit en plombier pour charmer la femme de chambre de Milverton afin de lui soutirer des informations sur son employeur.
Pourquoi Watson n’est guère surpris lorsque peu de temps après, son ami lui demande de l’accompagner une nuit, outillé d’une pince-monseigneur, d’un diamant pour vitre, d’un trousseaux de clés, d’un masque, d’une paire de chaussures silencieuses et d’une lanterne sourde ?

Sur les lieux du cambriolage, le bureau de Milverton, Watson et Holmes sont sur le point de réussir leur coup, quand Milverton rentre pour recevoir une dame voilée. Juste le temps de se cacher derrière des rideaux, les deux comparses ne tardent pas à être témoins d’un crime ; l’exécution de Milverton par la mystérieuse inconnue.
Vengeance ? Certainement… et cette résolution peu orthodoxe semble satisfaire pleinement le célèbre détective qui devra expliquer à l’inspecteur Lestrade, venu le lendemain pour l’entretenir de cette nouvelle enquête, seulement quelques fils de la trame de ce dénouement. On ne peut quand même pas tout dire !

Cette aventure écrite dans Le retour de Sherlock Holmes, est à lire rien que pour l’aura mystérieuse de la meurtrière et pour la scène du cambriolage qui suscite bien des sourires.
Holmes travesti en plombier pour pouvoir pénétrer la maison du criminel me rappelle une scène écrite par Agatha Christie avec Hercule Poirot (je ne sais plus quel livre !).
Comme pour d’autres histoires relatées précédemment, il est intéressant de voir que l’auteur attribue à son enquête une justice plus que partielle.
Un plaisir de lecture à recommander !

 

 

La cycliste solitaire

Mois anglais avec Lou et Titine
Challenges Policiers historiques avec Sharon et Petit Bac avec Enna

 

 

La cycliste solitaire
Le retour de Sherlock Holmes
Arthur Conan Doyle

 

John Watson nous rapporte cette fois-ci une histoire qui ne tire son intérêt que dans sa mise-en-scène et son humour pince-sans-rire. Sans grande envergure, il arrive toutefois à nous la rendre particulière car il joue de son rôle de narrateur en nous dépeignant des actions ridicules où tout le monde en prend pour son grade… La lecture est alors très visuelle et s’aligne plus sur la commedia dell’arte que sur la trame habituelle d’une chronique criminelle.
Il commence par nous dire que dans ses écrits, il y a différentes affaires. Celles qui sont complexes, sanglantes, et qui plaisent au public et puis d’autres qui n’ont rien de spectaculaire, sauf qu’elles ont une cocasserie pétillante.

Londres 1895,
Mlle Violet Smith est une jeune femme impétueuse qui sait se faire entendre. Elle arrive un jour au domicile de Sherlock Holmes en lui proposant de se pencher sur un fait bien étrange… Elle s’impose presque, face à un détective déjà accaparé par une enquête et un peu agacé de voir une demoiselle aussi « énergique ». Tel est l’adjectif qu’il utilise pour la décrire. Sans cérémonie, il la fait taire et lui prend d’office sa main pour l’étudier, montrant ainsi ses capacités d’analyste. Dans la texture de la peau, il voit que c’est une sportive et une musicienne. Et en effet, Mlle Violet est professeur de musique et fait du vélo…

Elle raconte qu’à la mort de son père, elle s’était retrouvée avec sa mère sans argent en quête d’un emploi. De condition plus que modeste, elle avait accepté de donner des leçons de musique particulières à la fille d’un ami de son vieil oncle parti en Afrique du Sud pour faire fortune. Le pauvre homme était mort dans la misère en s’inquiétant de sa parenté en Angleterre et avait chargé deux de ses connaissances d’aller rendre visite à cette nièce qu’il ne connaissait pas et qui était la seule descendante de la famille.
C’est ainsi qu’elle avait rencontré Messieurs Carruthers et Woodley. En se rendant compte de sa pauvreté, le premier avait proposé de l’embaucher. Charmant, très gentleman, il était la figure contraire du second, un homme rustre et concupiscent.

Dans la maison de Mr Carruthers, Violet s’y sent bien et son élève est une jeune fille délicieuse. Perdue dans la campagne de Charlington, la propriété est loin de la gare la plus proche et c’est donc à bicyclette que tous les samedis, elle s’y rend pour prendre le train de Londres où elle retrouve sa mère. Un travail agréable, une petite rentrée d’argent, un fiancé ingénieur qui bâtit sa carrière dans l’électricité, tout serait idyllique si Mr Woodley ne venait pas aussi souvent la voir. Son comportement et ses regards déplaisants incitent alors Violet à envisager de démissionner de son poste.
Le point inquiétant, dans le genre « icing on the cake », survient tous les samedis lorsqu’elle se retrouve seule à pédaler sur le chemin qui la mène à la gare. Un homme, également sur un vélo, nanti d’une barbe noire très fournie et coiffé d’un chapeau, la suit sur le même rythme qu’elle, à une distance telle qu’elle ne peut voir les traits de son visage. Lorsqu’elle ralentit, il ralentit, lorsqu’elle s’arrête, il s’arrête. La singularité et le comique de la situation n’enlèvent toutefois pas l’impression de menace qu’elle perçoit.

C’est à Watson que Holmes confie les prémices de l’enquête. Il sera ses oreilles et ses yeux. Mais pas tout le monde peut se considérer détective et Holmes, déçu par les qualités de son ami, reprendra l’affaire en faisant une petite incursion dans la campagne de Charlington pour récolter informations et… quelques ecchymoses !
Qui est ce mystérieux cycliste, qui sont réellement Carruthers et Woodley, et Violet doit-elle craindre pour sa vie ? Le rideau est tiré…

Les histoires de Sherlock Holmes sont très différentes les unes des autres. Conan Doyle arrive à donner de la nouveauté dans chacune. Comme Watson nous le confie au début de la nouvelle, il y a celles qui font peur et celles qui font sourire. Le dénouement est heureux, mais il s’en est fallu de peu qu’il vire au tragique…
Une lecture plaisante et bucolique qu’il vous faut lire !