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Extrait tiré du livre « Avant j’étais juste immortel » de Juliette Bouchet
p. 146, 147, 148,149
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« …
– A moi quoi ?
– Ouais, à toi. Je te montre ce que je sais faire, et toi pareil. Montre.
– Je ne pratique aucun art martial…
– Fais-moi les autres choses alors, comme tu veux, ou un petit truc, si t’es fatigué, une boule de feu ou un cri de stegosaurus.
– Hein ? Mais comment veux-tu que je te fasse une boule de feu ?
– Bah, je sais pas moi, fais ton truc, si tu veux je me tourne… ha, OK, c’est ça, t’as peur que je te pique ton pouvoir en fait…
– Vadim… Qu’est-ce que ta mère t’a dit sur moi au juste ?
– Elle a dit que t’étais pas comme les autres… dit-il tout bas, en s’approchant à pas feutrés, elle a dit qu’on pouvait pas te garder à l’hôpital mais qu’elle avait encore besoin de « vérifier certains fonctionnements » ! Elle doit étudier ton anatomie, tes besoins vitaux, tes déplacement et ton endurance.
– Bah ouais, tu m’étonnes…, dis-je pour moi-même. Et donc toi, tu en as déduis que ?
– Bah, c’est clair quand même, non ?
– Ça dépend, moi je pense savoir de quoi elle parle, mais toi, t’as compris quoi ?
Vadim, agenouillé près du lit, me fixe avec émerveillement :
– T’es un super-héros.
Je n’ai jamais envisagé ma condition sous cet angle.
– Vadim, je ne suis pas un super-héros…
– Tstt tstt… T’inquiète pas, je dirai rien, même pas à Ryan alors que lui, il dit qu’il a la cape d’invisibilité. Mais je sais que c’est pas vrai. S’il l’avait vraiment, je l’aurais vue. Parce que je vois des trucs invisibles, le soir dans ma chambre surtout. Tu vois, moi aussi j’ai un super-pouvoir ! Alors dis-moi, t’as quoi toi ?
– Heu… Je cours vite, je suis très fort… Parfois je peux sauter très haut… Et, normalement… je peux pas mourir.
– Et… c’est tout ?
Le mioche a l’air déçu. Le comte Dracula ne fait plus recette.
– Tu voles ?
– Non.
– T’as un sabre laser ? Tu contrôles le feu ou les éclairs ?
– Non, rien de tout ça…
– Tu te transformes quand même ? Ou juste tu cours vite comme un lapin ?
– Ah oui ! Ça oui, je me transforme… on peut dire ça !
– En quelle couleur, vert, jaune ?
– Sans couleur… Je me transforme pas de partout…
– Pfff… ça y est je sais, tu fais comme Wolverine, t’as des couteaux qui te sortent des mains !
– Non plus, non… Je… comment dire…
Je suis en train de perdre la face devant un môme de neuf ans. D’abord la mère, ensuite le fils. Il suffit !
– Montre-moi !
– Non impossible, par contre, je peux te dire qui je suis, si tu me promets de le garder pour toi.
– Promis.
Drapé dans une couette en plumes d’oie à la housse rose pâle, je me redresse d’un coup d’épaule, et, endossant le poids de ma lignée au fond des yeux, je lui révèle mon identité.
– Je m’appelle Raphaël Elmo Mihnea Tepes Basarah Draculea.
Silence gênant, d’où perce un :
– Et… ?
– Je suis le descendant direct de Vlad l’Empaleur, plus connu chez vous les humains sous le nom de « comte Dracula ».
– Désolé, je vois pas !
Ha, la claque !!!
– Dracula, tu vois pas ? Mais faut sortir mon gars ! Mais si, fais un effort… Un monsieur tout blanc, toujours en costard, avec des poches sous les yeux et qui plaît beaucoup aux femmes, ça te dit rien ?
– Qu’a l’air un peu coincé ?
– Oui, voilà, mais c’est parce qu’il est timide en fait !
– Haaaaa… Si, ça c’est M. Gallimard, mon prof de SVT. T’est le fils de M. Gallimard ?
La loose. Ma famille est officiellement tombée dans l’oubli, entraînant dans sa chute feu mon patriarche. Accablé par une vexation cuisante, je joue mon va-tout.
– Francis Ford Coppola ?
– …
– Twilight ?
– Ah… Ça me dit quelque chose… HOOOOO ça y est je sais !!! T’ES UN HOBBIT !!!
Je vais t’en montrer moi du Hobbit.Sûr de mon effet, je ferme les yeux, ouvre la bouche et retrousse les babines sur mes splendides et rutilantes incisives, longues de plus de 1,5 centimètre en pleine action.
– Mais t’es… t’es… haaaa… HAAAAAA !!! MAMAN !!!
… »
Billet à venir dans le courant de la semaine.

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