Le jardin de sable

Challenge Petit BAC d’Enna
Challenge Chlorophylle
Un livre offert par Babelio et les Editions Les Cahiers d’Illador dans le cadre des Masses Critiques

 

Jardin de sableLe jardin de sable
Patrick Gillet

« Au centre
Trois pierres noires
Dont une dressée
Autour
Un peu de mousse
Quelques bambous et un pin
Des cercles de sable ratissé
Blanc… »

Le moine jardinier Koseki ratisse le jardin de sable, un éden, en dessinant des ondulations et des lignes droites, le contemple et médite. Il a consacré une vingtaine d’années à l’entretien de cette parcelle de terre suivant les préceptes de Maître Myōan Eisai, le fondateur de l’école Rinzai, en quête de plénitude et d’éternité. Dans ce sanctuaire havre de paix, le monde terrestre touche le monde astral, tout est symbole et harmonie, l’esprit se connecte avec la nature, l’âme devient légère et le cœur cherche à se purifier. Suivant l’art du jardinage, le caractère religieux est en phase avec le cosmos et l’ésotérisme.
« Il est facile d’apprécier la beauté des fleurs pendant leur période de floraison, mais découvrir celle des jeunes pousses sous la neige relève d’une sensibilité plus subtile. »

Du sable, le temps qui s’écoule avec les saisons, du silence, du vide, l’éveil des sens à contempler la subtilité de la simplicité, de la poésie, le zen, la conscience de Koseki se trouble lorsqu’une jeune fille arrive pour pratiquer l’ikebana, l’art floral japonais. Sensible à sa délicatesse, son raffinement et à la sérénité qu’elle dégage, il se replonge dans le souvenir d’un amour de jeunesse.
« Elle saisit une fleur qui doit être orientée vers le haut et dont elle ne conserve qu’un seul bouton, qu’une seule feuille. »

Des touches de couleurs avec les fleurs évoquées, narcisses blancs, glycines mauves, cerisier fleurs, iris, renoncules… Hanako compose et s’élève vers la spiritualité. Elle est la fleur, Koseki est le minéral. Elle l’entretient de la voie des fleurs et il lui parle des sillons dans le sable… jusqu’au jour où « Comme un soleil matinal, une lumière douce embrase le cœur… ».

Douceur et mélancolie, poésie et philosophie, le conte nous mène vers une contrée délicate, épurée et nous raconte une culture fascinante, belle, sobre, complexe et très raffinée. Se mêlent à l’histoire et aux haïkus, les origines du chan (zen), les principes, les composants et le symbolisme des jardins japonais depuis l’Antiquité.
Avec des mots qui capturent et qui charment, la lecture devient une promenade initiatique avec l’Univers et nous invite dans notre « jardin intérieur ».
Je vous recommande ce petit livre…

 

 

Les cousins Karlsson, Tome 1 – Espions et fantômes


Octobre est Halloween avec Lou et Hilde
Challenge polars et thrillers de Sharon

 

Les cousins Karlsson
Espions et fantômes, tome 1
Katarina Mazetti

 

Les grands-parents Karlsson ont eu quatre filles aux caractères et univers bien différents. Trois d’entre-elles ont eu des enfants ; Ulla, chercheuse, a deux filles, Julia et Daniella, Molly, actrice, a un garçon, George, et Ellen, chef cuisinière établie en France, a aussi un garçon, Alex. La quatrième, Frida qui vit seule sur une île suédoise loin de la civilisation, est artiste.
Lorsque Julia, douze ans, apprend par sa mère qu’elle et sa petite sœur Daniella (appelée Bourdon) vont devoir passer tout l’été chez leur tante Frida, c’est vraiment l’horreur ! Et de savoir que leurs cousins, George et Alex, les rejoindront, ne la réconforte en aucune façon car les souvenirs qu’elle a des garçons ne leurs sont pas très favorables.

Julia et Daniella, accompagnées de leur chat Chatpardeur, retrouvent les cousins sur le quai de l’île aux Grèbes. Les quatre enfants qui comprennent qu’il est essentiel de se montrer solidaires, refont connaissance en attendant tante Julia qui tarde à venir. Esprit fantasque, bohème et dévoué à son art, la sculpture, elle n’a aucun sens des priorités et du quotidien qu’elle gère très mal. Elle n’aura donc aucune honte à faire manger une pizza froide à peine décongelée à ses neveux le soir de leur arrivée. Pourquoi froide ? Parce que dans la maison de tante Julia le confort est vraiment secondaire et que la gazinière ne fonctionne jamais !
Dans cette vieille maison de trois étages desservis par un escalier en colimaçon, les enfants constatent que tout est archaïque et qu’il n’y a pas d’eau courante. Toutefois, ce qu’ils vont retenir c’est que tante Julia ne pourra pas s’occuper d’eux et qu’ils seront libres. D’un côté, la mer, de l’autre, la forêt… Quel est l’enfant qui s’en plaindrait ?

C’est l’été, la Suède en cette saison est très agréable et les enfants découvrent une maison qui se trouve être en définitive, assez plaisante et curieuse. Ils sont libres et seuls au monde ! Seuls ? et non… Dès ce premier jour, en découvrant par l’une des fenêtres le beau paysage, George croit voir une silhouette au loin fuir vers les bois. Puis dans la nuit, c’est au tour de Julia de voir un fantôme…
Qui est cette personne qui semble se cacher ? En riant, ils émettent l’hypothèse que cela pourrait être un loup-garou, un fantôme, un ornithologue et pourquoi pas, un espion…
Voilà un mystère qu’ils vont devoir élucider sans tante Julia qui doit partir sur le continent pour résoudre un autre problème. A eux l’aventure !

Dans la lignée des livres de la bibliothèque rose et verte que je lisais quand j’étais petite, cette série des cousins Karlsson en est une digne héritière. On y retrouve des enfants seuls, sans adultes, de l’amitié, de la solidarité et des mystères à dénouer. Mais alors que ces séries vintages racontaient des histoires de justiciers en culottes courtes et de bandits, Katarina Mazetti aborde dans ce premier tome « Espions et fantômes » un sujet très sensible qui colle à l’actualité de notre époque et qui raconte une histoire bien triste, celle des migrants et des passeurs. Ce n’est pas désuet, c’est très ancré dans notre temps.
Je vous recommande ce roman de la littérature jeunesse qui donne un aperçu bien sympathique de ce que peuvent être les autres histoires qui à ce jour sont au nombre de sept.


Peinture du peintre Suédois Bruno Andreas Liljefors

 

 

Sherlock, Lupin et moi, La cathédrale de la peur

Octobre est Halloween avec Lou et Hilde
Challenge policiers et thrillers de Sharon

 

Le mystère de la dame en noir, T1
Dernier acte à l’opéra, T2
L’énigme de la rose écarlate, T3

Sherlock, Lupin et moi
La cathédrale de la peur, tome 4
Irène Adler
Illustrations Iacopo Bruno

 

Irène reprend la plume pour nous conter cette dernière enquête avec Arsène et Sherlock, qui se passe de nouveau en France. Après quelques mois à Londres où elle et ses amis ont élucidé une affaire liée à une sanglante vengeance, Irène suit ses parents dans une nouvelle maison à Évreux, loin des tourments de la capitale. En ce début de mars 1871, Paris est à l’aube d’une insurrection contre le gouvernement de Thiers.

Dans cette campagne bien plus paisible, à l’orée de la ville, la jeune fille passe les premiers jours à visiter la villa et à s’occuper de sa mère qui souffre des poumons. Avec un père souvent absent et très préoccupé, le majordome Horatio veille toujours sur elle et devance la plupart de ses souhaits. Témoin et complice de ses escapades aventurières en compagnie de ses acolytes, il va jusqu’à lui baliser le passage pour s’échapper de la maison sans faire de bruit.
C’est en trouvant un message sur l’un des bancs du parc que l’histoire commence. Une mystérieuse inconnue lui donne rendez-vous dans les jardins de la cathédrale pour l’entretenir au sujet de Madame Adler et de Monsieur d’Aurevilly, l’ancien propriétaire de leur demeure. Mais cette raison n’est qu’un prétexte pour l’appâter, car le réel motif est un document caché derrière l’un des tableaux de la bibliothèque qu’elle voudrait qu’Irène lui ramène.
Voilà enfin une histoire digne d’intérêt ! et en rentrant chez elle, l’esprit bien chauffé par cette nouvelle énigme, Irène a la grande surprise de retrouver Arsène qui a fuit Bruxelles après s’être disputé avec son père. Les deux amis n’attendront pas longtemps pour voir débarquer Sherlock qui après avoir été éliminé dès le début à un concours d’échecs, est tout heureux de passer quelques jours avec eux.

Ce petit papier parcheminé et codé découvert derrière un tableau, va les envoyer dans le cœur malfamé de Paris à la poursuite du duc de Montmorency et d’un mystérieux Grand Maître, chef d’une société secrète ésotérique. D’indice en indice, de déduction en déduction, Irène, Arsène et Sherlock vont rencontrer le fils du romancier Alexandre Dumas qui les entretiendra sur l’une des dernières œuvres de son père, « Joseph Balsamo ». La toile de fond s’ouvre alors sur un univers occulte et alchimiste, sur des rituels macabres faits dans les catacombes, et sur une sainte relique, le cœur de Saint Michel.
Téméraires et très curieux, les trois amis vont vouloir déjouer les plans machiavéliques d’un sombre individu…

Quatrième opus de la série, nous retrouvons avec grand plaisir nos jeunes enquêteurs dans un périple à Paris. L’auteur aborde un univers après l’armistice signée avec les Prussiens, au début de l’année 1871, et juste avant la Commune où une partie du peuple issu de la classe populaire va se soulever contre le pouvoir mis en place. Tout est en effervescence et très malsain pour nos amis qui découvrent certaines réalités de la vie. Irène décrit bien leur aventure et ne nous cache rien des sentiments qui les animent.
Je recommande aux jeunes lecteurs, de 7 à 12 ans, cette série bien écrite et bien divertissante. Elle réunit plusieurs critères qui les passionneront… amitiés, suspense, action, société secrète, sciences occultes et pan historique de Paris.
Le prochain épisode est intitulé « Le château de glace ». Nous apprendrons peut-être un peu plus sur la mère biologique d’Irène. Car à travers les enquêtes relatées, il y a ce mystère qui se délie timidement de tome en tome…
A suivre !

Cathédrale d’Évreux

 

 

 

La maison aux 52 portes


Octobre est Halloween avec Lou et Hilde

Un autre avis chez Lou

 

La maison aux 52 portes
Evelyne Brisou-Pellen

 

La maison aux 52 portes… Maïlys la voit pour la première fois sur une vieille photo, un grand manoir de la fin du 19e siècle qui présente une façade avec ses seize fenêtres. Dans la voiture qui les conduit vers cet héritage inattendu venu d’un grand-oncle, elle ne peut s’empêcher d’éprouver un malaise et d’avoir des visions sur une époque révolue. Serait-ce l’attitude soucieuse de son père qui la plonge dans un état fiévreux ?

Sous un ciel menaçant, lorsqu’ils arrivent enfin devant la maison, ils découvrent une propriété décrépie, abandonnée, mangée par les mauvaises herbes et étouffée par les grands arbres du bois qui l’entoure. Sous une épaisse couche de poussière, l’intérieur est en bien plus mauvais état et guère hospitalier. Lugubre est le terme qui vient aussitôt à l’esprit et l’odeur de moisi qui s’en dégage n’arrange rien à l’atmosphère. Étrangement, seul un piano au centre du salon brille comme un sou neuf.
Elle devait être belle cette maison du temps du grand-oncle, avec des domestiques à tous les étages ! Mais pour lui redonner son lustre, il faudra de longues journées de travail et beaucoup de patience.
Pour compléter le sinistre décor, une pluie torrentielle coupe l’électricité qui plonge les nouveaux venus dans la pénombre et qui les prive de la pompe à eau. Avec le chemin
impraticable qui mène à la grande route, ils se retrouvent aussi coupés du monde extérieur. Sans perdre de temps, Maïlys s’aventure avec son père dans la découverte des pièces. Toujours gênée par une étrange tension, une angoisse qu’elle ne peut analyser, elle doit choisir une chambre un peu plus propre que les autres où elle passera la nuit. En espérant retrouver le lendemain son entrain habituel, elle s’endort très fatiguée. Mais durant la nuit, des bruits et des cris la réveillent… Céleste, Céleste… Céleste est son véritable prénom de baptême que lui avait donné son parrain, ce grand-oncle décédé, et de l’entendre ainsi, lui donne la peur de sa vie !
Au matin, elle rejoint ses parents pour le petit-déjeuner et prend la décision de taire ce qu’il lui arrive pour ne pas les inquiéter. Son cauchemar a été effrayant, surtout qu’en se réveillant, elle a constaté des griffures ensanglantées sur la tapisserie de la chambre qu’elle n’avait pas vues la veille. Cependant, elle perçoit dans ces manifestations surnaturelles, comme un appel au secours. C’est donc avec un certain courage que Maïlys entreprend de faire des recherches de la cave au grenier, en quête du moindre indice qui raconterait le passé de la maison.

Dans une ambiance qui se révèle lourde de tristesse, en totale harmonie avec le temps, Maïlys va ouvrir une porte, la cinquante-deuxième, qui donne sur un secret familial bien gardé… et du coup, délivrer tous les fantômes qui hantent la demeure, pour le bonheur et la rédemption des siens.

Cette histoire ne raconte pas les délires d’une jeune adolescente, mais une malédiction et un dédoublement de la personnalité, car Maïlys, comme toutes les femmes de sa famille, est médium. Un esprit manifeste sa peine et son tragique destin à travers elle. Roman pour la jeunesse, il donne à ce mystère une part fantastique et une part bien concrète qui relate des pans de la guerre de 14-18. On voyage alors dans le temps et on aborde la vie des Poilus au front, une partie très intéressante pour les jeunes lecteurs.
Lecture fluide, écriture soignée, intrigue à frissons… c’est assurément un livre à recommander !

 

 

La cycliste solitaire

Mois anglais avec Lou et Titine
Challenges Policiers historiques avec Sharon et Petit Bac avec Enna

 

 

La cycliste solitaire
Le retour de Sherlock Holmes
Arthur Conan Doyle

 

John Watson nous rapporte cette fois-ci une histoire qui ne tire son intérêt que dans sa mise-en-scène et son humour pince-sans-rire. Sans grande envergure, il arrive toutefois à nous la rendre particulière car il joue de son rôle de narrateur en nous dépeignant des actions ridicules où tout le monde en prend pour son grade… La lecture est alors très visuelle et s’aligne plus sur la commedia dell’arte que sur la trame habituelle d’une chronique criminelle.
Il commence par nous dire que dans ses écrits, il y a différentes affaires. Celles qui sont complexes, sanglantes, et qui plaisent au public et puis d’autres qui n’ont rien de spectaculaire, sauf qu’elles ont une cocasserie pétillante.

Londres 1895,
Mlle Violet Smith est une jeune femme impétueuse qui sait se faire entendre. Elle arrive un jour au domicile de Sherlock Holmes en lui proposant de se pencher sur un fait bien étrange… Elle s’impose presque, face à un détective déjà accaparé par une enquête et un peu agacé de voir une demoiselle aussi « énergique ». Tel est l’adjectif qu’il utilise pour la décrire. Sans cérémonie, il la fait taire et lui prend d’office sa main pour l’étudier, montrant ainsi ses capacités d’analyste. Dans la texture de la peau, il voit que c’est une sportive et une musicienne. Et en effet, Mlle Violet est professeur de musique et fait du vélo…

Elle raconte qu’à la mort de son père, elle s’était retrouvée avec sa mère sans argent en quête d’un emploi. De condition plus que modeste, elle avait accepté de donner des leçons de musique particulières à la fille d’un ami de son vieil oncle parti en Afrique du Sud pour faire fortune. Le pauvre homme était mort dans la misère en s’inquiétant de sa parenté en Angleterre et avait chargé deux de ses connaissances d’aller rendre visite à cette nièce qu’il ne connaissait pas et qui était la seule descendante de la famille.
C’est ainsi qu’elle avait rencontré Messieurs Carruthers et Woodley. En se rendant compte de sa pauvreté, le premier avait proposé de l’embaucher. Charmant, très gentleman, il était la figure contraire du second, un homme rustre et concupiscent.

Dans la maison de Mr Carruthers, Violet s’y sent bien et son élève est une jeune fille délicieuse. Perdue dans la campagne de Charlington, la propriété est loin de la gare la plus proche et c’est donc à bicyclette que tous les samedis, elle s’y rend pour prendre le train de Londres où elle retrouve sa mère. Un travail agréable, une petite rentrée d’argent, un fiancé ingénieur qui bâtit sa carrière dans l’électricité, tout serait idyllique si Mr Woodley ne venait pas aussi souvent la voir. Son comportement et ses regards déplaisants incitent alors Violet à envisager de démissionner de son poste.
Le point inquiétant, dans le genre « icing on the cake », survient tous les samedis lorsqu’elle se retrouve seule à pédaler sur le chemin qui la mène à la gare. Un homme, également sur un vélo, nanti d’une barbe noire très fournie et coiffé d’un chapeau, la suit sur le même rythme qu’elle, à une distance telle qu’elle ne peut voir les traits de son visage. Lorsqu’elle ralentit, il ralentit, lorsqu’elle s’arrête, il s’arrête. La singularité et le comique de la situation n’enlèvent toutefois pas l’impression de menace qu’elle perçoit.

C’est à Watson que Holmes confie les prémices de l’enquête. Il sera ses oreilles et ses yeux. Mais pas tout le monde peut se considérer détective et Holmes, déçu par les qualités de son ami, reprendra l’affaire en faisant une petite incursion dans la campagne de Charlington pour récolter informations et… quelques ecchymoses !
Qui est ce mystérieux cycliste, qui sont réellement Carruthers et Woodley, et Violet doit-elle craindre pour sa vie ? Le rideau est tiré…

Les histoires de Sherlock Holmes sont très différentes les unes des autres. Conan Doyle arrive à donner de la nouveauté dans chacune. Comme Watson nous le confie au début de la nouvelle, il y a celles qui font peur et celles qui font sourire. Le dénouement est heureux, mais il s’en est fallu de peu qu’il vire au tragique…
Une lecture plaisante et bucolique qu’il vous faut lire !

 

 

 

L’entrepreneur de Norwood

Challenge Policiers historiques avec Sharon
Challenge mysteries de Lou
Challenge Petit Bac d’Enna, catégorie métier

 

 

L’entrepreneur de Norwood
Le retour de Sherlock Holmes
Arthur Conan Doyle

 

Londres 1894,
« Du point de vue de l’expert criminel, me déclara M. Sherlock Holmes, Londres est devenue une ville sans intérêt depuis la mort du regretté professeur Moriarty ! »

Dans une précédente chronique relatant le retour du célèbre détective, John Watson nous avait appris que sa femme Mary était morte. Sans attache, il peut donc vendre son cabinet médical pour rejoindre Sherlock Holmes dans son appartement à Baker Street et reprendre son activité préférée, à savoir… suivre son ami dans ses enquêtes.
Holmes s’ennuie et il en arrive à regretter le temps où Moriarty officiait. Il se souvient du plaisir qu’il avait à décortiquer les journaux dans les moindres lignes pour faire apparaître ses affaires mafieuses. Son titre de maître du crime n’était vraiment pas usurpé…

Il en est à se plaindre auprès de Watson, quand un jeune homme débraillé et affolé arrive pour demander de l’aide. Scotland Yard étant à ses trousses, il n’a que peu de temps pour raconter son problème qui risque de le mener à la potence.
John Hector McFarlane est accusé d’avoir assassiné Jonas Oldacre, un entrepreneur de Norwood qui venait de le désigner comme héritier de tous ses biens et qui lui avait donné rendez-vous chez lui pour en débattre. Brûlé, il ne reste du corps qu’un amas de chiffons, d’os et de cendres. Si la police l’a désigné comme coupable c’est qu’il était présent sur le domaine ce soir-là. De plus, grâce à la gouvernante d’Oldacre on découvre par la suite, une tache de sang qui n’est autre que l’empreinte laissée par son doigt. Ce sont les prémices d’une police scientifique qui commence à relever les empreintes digitales et qui voit en cet indice une preuve supplémentaire. McFarlane déballe son histoire en vrac, tout en essayant d’étayer ses propos avec des précisions qu’on lui demande. D’où connaissait-il le défunt ? Les stores du bureau étaient-ils tirés ? Qui lui a ouvert la porte ?
Juste le temps de communiquer le principal, qu’il est interrompu par l’inspecteur Lestrade qui voit en cette occasion l’opportunité de devancer pour une fois Sherlock Holmes.

Le mystère de ce meurtre va mener Holmes sur le passé d’Oldacre avec des informations qu’il va chercher auprès des parents de McFarlane, car avant de découvrir le meurtrier, il faut dépister le mobile… Pour lui, il n’y a aucun doute sur l’innocence du jeune homme, mais il sera difficile de le faire comprendre à Lestrade qui se réjouit déjà de clore l’affaire.

Ce n’est pas souvent qu’on lit Sherlock Holmes douter, non pas de ses capacités à résoudre une énigme, mais de ne pas pouvoir la dénouer dans les temps. Dans ce mystère, il y a urgence et la vie d’un homme est en jeu car s’il devait être juger, il serait à coup sûr condamné à mort. Tout l’incrimine et la justice porte déjà un avis définitif. La gravité de l’histoire et le compte-à-rebours mettent une pression qui n’est pas désagréable. Bien entendu, la résolution de l’enquête fera apparaître une mise en scène digne des plus grands criminels, avec un fond machiavélique et cruel.
Cette nouvelle est la deuxième dans la chronologie du Retour de Sherlock Holmes. A lire et à relire comme toutes les autres !

 

Épisode de la série Granada

 

Sherlock, Lupin et moi, L’énigme de la rose écarlate

Polars avec Sharon
Petit Bac d’Enna, catégorie couleur
British Mysteries de Lou

 

Le mystère de la dame en noir, T1
Dernier acte à l’opéra, T2

Sherlock, Lupin et moi
L’énigme de la rose écarlate, tome 3
Irène Adler
Illustrations Iacopo Bruno

 

Londres sous la neige, décembre 1870,
Dans son journal, la jeune Irène écrit… La famille Adler est réunie. Paris étant toujours assiégé par les Prussiens, de nombreux Français se sont réfugiés de l’autre côté de la Manche. Ces derniers évènements ont ressoudé ses liens avec sa mère qui se montre moins pénible. Avec un père souvent en voyage pour ses affaires et une mère prise par les œuvres de charité, elle a régulièrement l’occasion de rencontrer Sherlock dans le salon de thé qui est devenu leur quartier général. Tout serait idyllique si Arsène était présent. Le jeune homme travaille dans un cirque et se trouve actuellement à Anvers avec son père. Le quotidien est sans surprise, mais heureusement c’est bientôt Noël, une fête qu’elle apprécie beaucoup…

Juste avant de prendre son cours de chant, Irène voit un Sherlock satisfait et pas morose comme les autres jours. Enfin ! Il a découvert dans le Times une énigme digne de les tirer de l’ennui. Signée par Frère Noir, des positions d’une partie d’échecs sont publiées dans un petit encarté et Sherlock est persuadé que c’est un code entre deux malfrats. Il lui explique que les positionnements sont en fait des localisations géographiques des rues de Londres et plus précisément de trois habitations. Ils en sont tous les deux à discuter de cette intrigante affaire lorsque une heureuse surprise s’annonce… Arsène est de retour pour reformer leur trio d’invincibles enquêteurs car un crime vient d’être commis dans l’une de ces maisons. Samuel Peccary, un riche négociant, a été poignardé et le meurtrier a laissé près de son corps une rose rouge.

Sans plus attendre, les trois amis vont à Scotland Yard pour raconter leur découverte et annoncer qu’un autre meurtre se prépare. Mais l’accueil n’est pas comme ils auraient pu le souhaiter et ils sont reconduits fraichement à la porte.
Désenchantés par les services de l’ordre, ils n’en sont pas moins obstinés et décident de mener leur enquête, seuls…
C’est en faisant des repérages et en voulant informer le propriétaire de la deuxième maison, un riche homme d’affaire, qu’ils font la connaissance de Charles Frederick Fields, un ancien de Scotland Yard. A sa retraite, le vieil homme a ouvert une agence privée et cette affaire, peut-être la dernière, l’intéresse au plus haut point car elle fait référence à l’époque où il était inspecteur principal… Impressionné par leurs déductions, il n’hésite pas à leur dévoiler quelques informations pour les regrouper avec celles de nos détectives en herbe qui avaient déjà fait le rapprochement avec la bande de cambrioleurs, La rose écarlate. Ces malfaiteurs sévissaient il y a une vingtaine d’années de manière très intelligente et toujours sans violence, avec à la clef des butins fabuleux. Si tout s’était terminé avec la mort de leur chef, Fields avait toujours espéré retrouver ses acolytes et ainsi clore le dossier définitivement.

Alors… qui reprend le symbole de la rose écarlate pour signer ses crimes ? Car après Samuel Peccary, une deuxième victime fait la une des journaux. Une rose rouge à ses côtés… Le meurtrier semble plus résolu et opiniâtre que ses aînés. Sherlock, Arsène et Irène vont devoir faire très attention !

Sherlock Holmes, Arsène Lupin, Irène Adler ; ce livre est un troisième tome des aventures de nos jeunes amis très réussi, et l’époque de Noël est un atout à l’ambiance. Irène la narratrice détaille aussi bien l’enquête que les éléments d’une ville dans ses festivités. La trame policière est adaptée pour les jeunes lecteurs, captivante dans son énigme et pas trop sanglante. Comme pour les précédents opus, nous retrouvons dans la jeunesse de nos héros toutes les caractéristiques de leur personnalité d’adulte. Les tempéraments s’affinent, les témérités deviennent plus intrépides et leur connivence plus complice. A ces héros, les auteurs intègrent des personnages qui ont vraiment existé. Ici, c’est l’inspecteur Field qui eut une certaine célébrité en son temps. Et tout au long du livre, un autre personnage fictif apparaît en filigrane, un jeune garçon qui assiste Field et qui a une intelligence hors du commun. Ce n’est qu’au point final de l’enquête qu’on nous révèle son nom : James Moriarty.
La suite de cette série va être sans aucun doute aussi passionnante, surtout lorsque le récit amorce quelques mystères qui concernent Irène…
Une lecture à recommander !

D’autres billets chez Sharon, Belette et Bianca

 

 

 

Sherlock, Lupin et moi, Dernier acte à l’opéra

Challenge et mois des polars avec Sharon

 

1er tome – Le mystère de la dame en noir

Sherlock, Lupin et moi
Dernier acte à l’opéra, tome 2
Irène Adler
Illustrations Iacopo Bruno

 

Londres, septembre 1870,

Le temps des vacances à Saint-Malo est terminé. Sherlock a regagné l’Angleterre, Arsène est quelque part dans le circuit d’un cirque ambulant en quête de nouveaux spectacles, et à Paris, Irène se morfond dans la bienséance, à la merci de sa mère qui organise des réunions mondaines avec ses amies. Épuisée par l’ennui, elle en est à apprendre par cœur les lettres envoyées par Sherlock qui la distraient de son confinement et de la triste actualité. Napoléon III a capitulé face à l’armée prussienne et a été déchu de son titre. Il n’y a plus d’Empire, mais une République qui se constitue, avec des soldats Allemands, baïonnette à l’épaule, partout dans la capitale.
C’est donc avec une grande joie qu’elle accepte de partir avec son père à Londres pour assister au dernier concert à Covent Garden de la cantatrice Ophelia Merridew menée par son mentor le compositeur Giuseppe Barzini. Elle rapporte dans ce journal de souvenirs, l’effervescence heureuse de ce départ qui s’entache toutefois par l’absence de sa mère qui, perturbée par ce voyage précipité, a décidé de rester à Paris.

Le train bleu, le paquebot, les falaises de Douvres, quelques pas sur le quai pour le débarquement, et voilà qu’elle reçoit déjà un petit mot de Sherlock qui lui donne rendez-vous le lendemain dans un coffee de Londres et qui l’informe qu’Arsène sera là, lui aussi ! A l’idée de reformer leur trio, Irène a le cœur qui s’emballe…
C’est à l’hôtel Claridge que son père, Mr. Nelson (le majordome-homme de confiance) et elle, posent leurs valises. Sans perdre de temps, elle assiste le soir même au concert et en ressort émerveillée par la grâce et le talent de la cantatrice. En ces instants tout semble idyllique, sauf que son père s’inquiète de n’avoir reçu aucune réponse de sa femme à ses messages et qu’il doit abandonner une fois de plus Irène aux bons soins de Mr. Nelson, pour retourner à Paris.
Ce dernier fait ne chagrine pas trop la jeune fille car ainsi, elle sera plus libre d’aller où bon lui semble et suivre ses compagnons d’aventure… Nostalgique de Saint-Malo, elle aimerait bien vivre quelque chose de palpitant.

Lorsque les trois amis se revoient ce n’est pas avec légèreté et insouciance. Arsène leur apprend que son père Théophraste est inculpé du meurtre commis à l’hôtel Albion, du secrétaire particulier du compositeur Giuseppe Barzini, et que de plus, on le croit responsable de la disparition de la cantatrice Ophelia Merridew, témoin du drame. Il leur confie également que son père est un voleur qui opérait ce soir là sur les lieux de la tragédie à la demande d’un commanditaire Espagnol.
L’innocence de Théophraste n’est pas remise en question par Sherlock et Irène qui se proposent d’assister Arsène dans l’enquête qu’il va mener pour le disculper et le sauver de la potence car les policiers de Scotland Yard sont sûrs d’avoir leur coupable.

Cette aventure n’est pas comme la précédente car elle touche intimement un membre de leur fraternité. Pour dénouer la trame du traquenard qu’un diable d’homme a tendue, leurs premiers élans les mènent dans un tripot malfamé et dans des quartiers obscurs et miséreux de la ville, plus précisément à Bethnal Green d’où Ophelia Merridew est originaire.
Dans les pas de Sherlock et d’Arsène, Irène découvre une ville qui déploie ses petites rues comme une pieuvre ses tentacules…

Deuxième tome de la saga « Sherlock, Lupin et moi », les auteurs nous offrent un roman qui captivera les jeunes lecteurs par son intrigue, son tempo très dynamique et le portrait d’une époque en pleine évolution. Il est très intéressant de lire ce qu’il se passe à Paris, de découvrir la ville de Londres dans ses contrastes et de pénétrer le monde de l’opéra.
Comme je le disais dans le précédent billet « Le mystère de la dame en noir », c’est Irène qui nous convie à les suivre dans leurs investigations qui se révèlent de plus en plus intrépides, et à travers quelques confidences qui balisent ses écrits, nous en apprenons beaucoup sur elle, ses amis et leurs familles. Les caractères s’étoffent en laissant deviner l’ébauche de leur personnalité future.
L’histoire avec ces trois amis donne quelques émotions, entre frissons et sourires. Elle est à recommander !
A suivre…

D’autres billets chez Sharon, Belette et Bianca

Plan de Londres en 1862

 

 

Sherlock, Lupin et moi, Le mystère de la dame en noir


Challenge polars avec Sharon
Challenge Petit Bac d’Enna, catégorie couleur

 

 

Sherlock, Lupin et moi
Le mystère de la dame en noir, tome 1
Irène Adler
Illustrations Iacopo Bruno

Saint-Malo, été 1870,

Irène Adler, une gamine de douze ans, a quitté la capitale avec sa mère pour passer des vacances estivales à Saint-Malo. Toute seule et menée par son ennui vers les remparts de la cité malouine, elle rencontre Sherlock Holmes, un Anglais de trois ou quatre ans plus âgé qu’elle qui s’est installé avec un livre sous la statue du corsaire René Duguay-Trouin(*). Même si les premiers échanges sont impétueux, entre une espiègle et un sérieux, le contact s’établit facilement. Étrangement, une amitié semble s’imposer d’une manière très naturelle, évidente. Puis lorsque Sherlock la présente à un camarade du nom d’Arsène Lupin, Irène est comblée ! Les vacances s’annoncent passionnantes car les deux garçons vont la distraire et l’extraire du carcan de la jeune fille de bonne famille.

Dans une barque appartenant au père d’Arsène, le trio rame vers la demeure Ashcroft, une imposante bâtisse qui surplombe la mer. Loin des convenances et de la tutelle des adultes, ils peuvent rêver d’indépendance et d’aventures, en s’imaginant mille mystères. Mais des fantasmes enfantins à la morbide réalité il n’y a pas d’intervalle quand tous trois découvrent le cadavre d’un homme, échoué sur la plage. Noyade ou meurtre ? Dans la poche de son veston, une lettre parle de fautes et de repentirs ce qui étaierait la piste d’un triste suicide, mais lorsque Irène surprend au loin une silhouette sombre et fantomatique qui les observe avec attention, pour disparaître instantanément, tout laisserait à penser que ça serait un acte criminel.

Les jeunes amis qui étaient avides d’action voient en cette intrigue matière à s’aventurer et à vivre des vacances palpitantes ! Un meurtre, un cadavre dont l’identité est à découvrir, et d’autres évènements qui mènent au vol d’un magnifique collier en diamants et à un mystérieux équilibriste qui arpente les toits de la cité la nuit, vont assurément donner quelques frissons à ces détective en herbe…

Irène Adler est l’association de deux auteurs Italiens, Alessandro Gatti et Pierdomenico Baccalario qui donnent une nouvelle histoire de jeunesse à trois illustres personnages.
Et si Sherlock Holmes ne rencontrait pas pour la première fois Irène Adler dans « Un scandale en Bohême » en 1888 et Arsène Lupin en 1904 lors de son arrestation ? Leur personnalité et leur intelligence étant prédisposées à se réunir, c’est par la plume de la jeune Irène que nous lisons leurs rencontres dans des épisodes dignes de leur goût pour le danger, les énigmes policières et le travestissement. Dans un style qui allie la fraîcheur, la candeur, de la jeunesse et la clairvoyance d’un esprit fin, elle rapporte avec un certain humour leur enthousiasme et leur complicité face aux périls qui vont jalonner leurs retrouvailles qui comptent à ce jour six tomes.
Outre cette intelligence et cette audace commune, Irène a séduit ses comparses avec son caractère malicieux et sa voix remarquable. Nous savons déjà qu’elle sera plus tard une cantatrice. Dans ce tome, elle parle un peu de ses parents qui habitent Paris. Proche de son père, un homme d’affaires Américain, elle dit qu’elle n’a pas de connivence avec sa mère qui voudrait la façonner à l’image modèle de la parfaite jeune fille de son époque. Autre personnage récurent de la série, elle est souvent confiée aux bons soins d’un majordome, Mr. Horatio Nelson qui se conduit avec elle, soit comme une gouvernante, soit comme un garde du corps. Il est un homme très mystérieux, toujours là dans les moments critiques.
De son côté, formé par son père, Théophraste Lupin professeur de boxe, gymnastique et d’escrime, Arsène est un grand sportif. De sa mère, il raconte à ses amis qu’elle est d’une famille noble qui a refusé de reconnaître son mariage avec un misérable roturier sans fortune. Les ayant délaissés pour un temps, Arsène se retrouve donc avec son père à suivre les itinérances d’un cirque…
Quant à Sherlock Holmes, on apprend qu’il a un frère plus âgé, Mycroft, et une jeune sœur, tous deux assez horripilants. C’est pour les fuir que Sherlock s’échappe le plus souvent de chez lui pour trouver le calme. Taciturne et sérieux, avec un soupçon d’excentricité, il est l’esquisse du célèbre détective que nous révérons.
Au fil de la saga, nous en apprendrons plus sur leurs secrets familiaux, des secrets déjà lus dans les canons holmésiens et lupiniens et d’autres tirés de la belle imagination de nos auteurs.
En ce qui concerne l’intrigue policière de La dame en noir, elle est d’un niveau jeunesse qui ne posera pas de difficulté pour les jeunes lecteurs. Vous l’aurez compris… le charme de ce scénario est avant tout dû à la fusion de nos trois héros.

J’ai beaucoup aimé ma lecture et je ne tarderai pas à vous raconter le prochain tome. J’ai aimé et je vous recommande la série !
Mes amies de lecture me rejoignent… Sharon, Belette, Bianca

(*) Erreur :
La statue du corsaire ne pouvait pas être en 1870 car elle a été édifiée en 1973 !

 

 

 

Le mystère de la chambre jaune


Un livre offert par Babelio et les Éditions Omnibus dans le cadre d’une opération « Masses Critiques »

Un beau livre pour Noël
Roman policier pour le challenge de Sharon

 

 

Le mystère de la chambre jaune
Gaston Leroux
Illustrations de Simont & Loevy

 

Cette histoire comme nous l’annonce dès les premières pages le narrateur, est l’une des plus grandes énigmes des affaires criminelles. Elle dépasserait les enquêtes de Sir Arthur Conan Doyle et l’imagination fantasque d’Edgar Allan Poe. Elle prend ses racines en Amérique et elle s’épanouit en France, sur le vieux continent.
C’est son ami le jeune Joseph Rouletabille, reporter dans un grand journal, qui a résolu le mystère et qui dans un coup de maître, un coup d’éclat, en a divulgué toute la teneur en plein procès. Mais de la vérité, la justice et les médias n’en connaîtront qu’une partie, et c’est quelques années plus tard que le narrateur prend la plume pour nous la dévoiler.

La nuit du 25 octobre 1892, au château du Glandier dans la campagne d’Epinay-sur-Orge, on a découvert la fille du propriétaire, le professeur Stangerson, inconsciente dans sa chambre et gravement blessée à la tempe et à la gorge. Le mystère de la chambre jaune tient du fait que la porte était verrouillée de l’intérieur et que les volets étaient fermés. La jeune femme gisante au sol et la trace ensanglantée d’une main sur le mur sont les seules représentations de l’agression. La chambre étant mitoyenne au laboratoire du père où celui-ci travaillait avec son vieux serviteur, Père Jacques, on se demande alors par où se serait enfui le criminel…
Délégué par son rédacteur en chef, Rouletabille embarque avec lui Sainclair (le narrateur) pour investiguer au château, marchant ainsi sur les pas de la police et se confrontant à l’inspecteur Larsan qui en tant qu’enquêteur a déjà une belle notoriété derrière lui.

Rouletabille fait le plan du pavillon du parc qui regroupe le laboratoire, la chambre de Mathilde et les appartements à l’étage de Père Jacques, et rencontre les habitants du domaine ; M. Darzac le fiancé qui devait l’épouser et les domestiques. Aucun indice, aucun suspect à noter, mais il est une certitude pour lui, ce ne sont pas les premiers inculpés par la police qui sont coupables.
Quand Mathilde se réveille de son coma, tout le monde espère avoir des explications. Mais la demoiselle, encore confuse et taiseuse, n’en donne pas.
Les questions sont nombreuses ! Pourquoi, qui, comment ? Surtout que très vite, le petit reporter pense qu’un deuxième attentat serait à craindre…

Le roman de Gaston Leroux est sublimé dans cette belle collection Omnibus qui joint à la fin toute une documentation illustrée des maîtres du « crime impossible », de 1838 à 1945, ainsi que la biographie de l’écrivain, par Philippe Mellot. L’esthétique classique et riche des livres anciens, avec les gravures de la première édition en 1908, ajoute un charme supplémentaire à la lecture…
Ce roman paru en feuilleton dans le journal L’Illustration un an auparavant, est la première aventure du jeune Rouletabille.
Grande énigme qui fut saluée et reconnue par les maîtres du genre, elle est machiavélique dans toute sa construction et mène à un final renversant.
L’enquête n’est pas facile et Mathilde ne fait rien pour aider. On voit qu’elle a un secret et qu’elle est soutenue en cela par Darzac qui est à son tour inculpé. Au fil des pages, les écrits du narrateur qui suit Rouletabille se complètent avec les rapports de justice, et l’écheveau se dénoue lentement, accusant parfois quelques longueurs narratives, et pourtant bien maîtrisées. Les personnages, l’époque, les décors, la plongée dans la fin du XIXe siècle est très intéressante, et le XXe est amené par la jeunesse, la fougue, la vivacité intellectuelle, de Rouletabille.

Un classique excellent, à lire ou à relire dans cette belle version.