La sorcière Rabounia

 

Octobre est Halloween avec Lou et Hilde
et les samedis sont albums illustrés pour les enfants en compagnie de Hérisson pour son challenge

 

 

La sorcière Rabounia
Texte de Christine Naumann Villemin
Illustration de Marianne Barcilon

 

La sorcière Rabounia vit dans un livre de contes à lire le soir et plus précisément dans l’une des histoires qui s’intitule « Potions et araignées ». Pas très aimable, pas très belle, elle élabore tous les jours dans ses chaudrons des potions magiques.
Mais un jour, elle est réveillée brusquement par des pleurs qui n’en finissent pas et des cris qui disent : « J’ai perdu mon doudou ! ». Alors pour retrouver la paix, elle décide sur un coup de tête d’enfreindre les lois et de traverser pages et histoires pour rechercher l’insupportable braillard…
Elle découvre un petit lapin blanc qui ne cesse de pleurer car il a perdu son doudou, un morceau de chiffon rouge. Énervée, Rabounia exige qu’il stoppe net ses jérémiades, mais le petit lapin est trop triste. Elle lui propose alors de lui faire apparaître un doudou qui ressemble au sien, mais le petit lapin ne trouve aucune ressemblance avec le carré de tissu qu’elle lui donne ! Que faut-il faire pour qu’il se taise ? Et puis c’est quoi ce truc ?
Petit lapin lui explique… Un doudou, ce n’est pas n’importe quoi ! Un doudou doit être doux. Un doudou doit avoir vécu. Un doudou doit sentir… une odeur… Un doudou est usé, malodorant et avoir eu sa dose de câlins.
Pour retrouver sa tranquillité, la sorcière Rabounia est prête à tous les sacrifices ! Dorloter le petit lapin, apprendre des chansons, les lui chanter et à être plus aimante…

Une adorable histoire pleine de tendresse, cajoleuse et douce comme un doudou ! Les illustrations sont charmantes et très expressives. Rabounia, chapeautée d’un champignon et chaussée de baskets, perd vite son air renfrogné et devient la plus mignonne des nounous. Juste le temps d’endormir le petit lapin car après, elle doit vite regagner son territoire, entre les pages 56 et 63 de son livre d’histoires.
Je recommande ++ cette lecture du soir qui fera rire les enfants et qui les transportera gentiment au pays des bons rêves.

 

 

 

 

La Provence, de village en village

« L’art dans tous ses états » de Shelbylee, « Région de France » de Lystig, « Beaux livres » d’Eiluned, et Rencontre « Non Fiction » de Flo

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La Provence, de village en village
Aquarelle de Pierre Pellet
Texte d’Yvan Audouard

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La couverture que je vous propose n’est pas celle de mon livre. Le mien a une couverture mobile qui se glisse dans un cadre. Livre-objet, il est un présentoir des aquarelles de Pierre Pellet que l’on retrouve dans une enveloppe ; dix vues de la Provence.
J’ai reçu ce livre pour mon Noël dernier. Nous avancions, ma mère et moi,  sous des bourrasques de vent, dans les rues de Salon-de-Provence, nous étions frigorifiées. C’est une ville venteuse, à croire que le Mistral s’est réfugié dans cette petite ville pour aider les avions de la base aérienne à décoller (c’est ce que l’on aime se rabâcher !). Dans une petite rue, une galerie de peintures nous offrait un beau répit contre la froidure. Aux murs, de très belles aquarelles racontaient la région. L’artiste présent se faisait discret et c’est plus qu’évident que notre admiration devait le réjouir… Il proposait son livre de façon modeste. Elémentaire mon Cher Watson… nous sommes reparties avec notre livre dédicacé et enrubanné. Ma mère pour moi, moi pour elle…

« O fan, on se croirait aux Goudes. »
Ainsi commence Yvan Audouard qui rapporte un souvenir de voyage, dans la rade de Stockholm. Les Goudes… il faut le dire avec l’accent. Les Goudes de Marseille, tout un poème ! On y va se jeter, malheureusement bien souvent de force que de gré.
Donc, Yvan Audouard, dans ce rappel anecdotique, veut conter sa Provence. Il dit qu’il la vit depuis près d’un siècle.
On lui a demandé cette préface, alors qu’il ne connaissait pas l’artiste. Tous deux habitaient le coin, Pellet à Salon, lui à Fontvieille. La rencontre se fait d’abord par les aquarelles. Des sites que notre auteur connait bien. On ne peut pas lui mentir ! Le dessin pour l’un et les mots pour l’autre… le pays d’Arles est à l’honneur, puis Marseille, son nord, son est… jusqu’aux Alpes.
L’homme des mots parle de pierres, de terres et d’Histoire. Il sait que ce terroir a été façonné « plus à la volonté des hommes qu’à la bienveillance de Dieu ».

Isle-sur-Sorgue

Je retiens quelques mots, quelques idées qui font écho aux dessins.
Ombre et lumière, au pluriel si vous le désirez car je pense que c’est plus complexe. Pays sans frontière aux multiples facettes ; forteresses, oliveraies, cyprès, platanes, vignes, petits chemins de pierres, collines, gorges, marais, cultures, petits villages, petites crèches, ports… Poésie, parfums et gourmandises…
Lorsqu’il écrit Marseille, il dit que c’est la salle d’attente de la Provence. C’est si vrai !
Fables, galéjades, on sent l’anis et l’huile d’olive, on entend les cigales, on est bousculé par le Mistral, on trébuche sur la caillasse, la sueur colle, la poussière du soleil s’incruste. L’Antiquité nous salue, la Méditerranée nous éclabousse d’embruns, les poissons arrivent seuls dans la marmite de la bouillabaisse… Ne vous gaussez pas ! Je lis le texte, je vois tout cela et même plus. La truculence du verbe est un charme à la lecture et leste les images qui s’organisent dans notre esprit… Ça mérite un peu plus de discipline !
Audouard a assez causé, il laisse la plume et contemple avec nous, notre Provence.

Salon, la fontaine moussue et la porte de l’Horloge

La douceur des couleurs et le serti teinté sépia rendent aux paysages beaucoup de quiétude, comme s’ils avaient été faits à l’heure de la sieste, ou, pour les ciels du soir, juste avant l’apéro (ressentis très personnels !). Le touriste voyage, le Provençal revoit avec joie son pays ; les monuments, les cours intérieures, les places des villages, les rues pavées, la garrigue et des vignobles, des toitures orangées et des pierres blanches, ocrées, la côte et l’intérieur des terres. Soixante-quatorze vues qui nous baladent…

Alpilles, château d’Estoublon-Mogador

Un beau livre, source d’inspiration, que j’aime feuilleter.
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Yvan Audouard est décédé à l’âge de 90 ans en 2004. Vous trouverez des informations sur Wikipédia.
Pierre Pellet était à Salon l’année dernière. J’ai lu qu’il avait vécu à La Réunion et qu’il est en Provence depuis une vingtaine d’années.
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