Un mois au Japon en compagnie de Lou et Hilde
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Parfum de glace
Yôko Ogawa
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Hiroyuki était un créateur de parfums. Talentueux, il arrivait à définir toutes les senteurs et à recréer des essences sur des ambiances et des émotions. Ses études que l’on retrouve dans son bureau, sont poétiques comme des haïkus. Deux ou trois phrases expriment des instants fugitifs et des émois ; ces petites choses qui s’accrochent à nos souvenirs et qui nous font les revivre. « Gouttes d’eau qui tombent d’une fissure entre les rochers. Air froid et humide d’une grotte. », « Réserve de livres hermétiquement fermée. Poussière dans la lumière. », « Frasil sur un lac à l’aube. », « Mèche de cheveux d’un défunt formant une légère boucle. », « Vieux velours passé qui a gardé sa douceur. »…
Pour sa compagne, il avait inventé « Source de mémoire » ; notes de fougère, forêt, jasmin, rosée et des fragrances d’après la pluie.
Hiroyuki s’est suicidé dans son atelier en buvant de l’éthanol anhydre, le lendemain de ce merveilleux présent, et aux services des urgences de l’hôpital, Ryoko, la femme avec qui il vivait depuis un an, a bien du mal à comprendre ce geste.
Elle se souvient de sa douceur et de son affection… Pourquoi a-t-il voulu partir ? Pourquoi lui a-t-il menti sur son identité ? Elle découvre qu’il a un frère et une mère, alors qu’il lui avait dit qu’il n’avait plus de famille. Elle découvre qu’il était un surdoué en mathématiques et lauréat de nombreux prix. Elle découvre un autre homme, un excellent patineur sur glace.
Dans une première phase, avec l’aide d’Akira le frère de Hiroyuki, Ryoko retracera l’enfance de l’homme qu’elle aimait. Puis l’étape suivante la mènera à Prague où elle essaiera de déceler l’origine de ses blessures du temps de son adolescence, juste avant la cassure.
L’auteur laisse à Ryoko la narration de l’histoire, et les chapitres se construisent en un jeu de piste, en mêlant les deux étapes de ses investigations. Les souvenirs redéfinissent le portrait de Hiroyuki et aident la jeune femme dans son deuil. Elle n’aura jamais été aussi proche de lui que dans cette quête qui s’ancre entre deux mondes ; « entre réel et imaginaire, symbolique et inconscient ». Tout en délicatesse et poésie, le drame qui est en substance de fond s’articule autour de toutes ses évocations collectées et de certaines scènes imaginées, comme si le fantôme de Rooky (surnom de Hiroyuki) embarquait Ryoko dans ses rêves secrets. C’était un homme d’exception à multiples facettes, multiples parfums, il était ombre et lumière.
Je vous recommande ce très beau livre captivant, hypnotique. L’écriture a la particularité, le parfum, des plumes nippones ; onirisme, pudeur et chimères.
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C’est tentant ; et la couverture est superbe 🙂
Hum… je l’ai acheté pour sa couverture ! Et elle n’est pas trompeuse.
En te lisant, je me souviens l’avoir déjà lu. J’aime beaucoup cet auteur !
J’ai lu ta chronique sur Babelio. Difficile de parler de cette histoire ! Il y a tellement de sentiments qui s’en dégagent ! et les images foisonnent !
Quelle incroyable histoire ! J’essaierai de trouver ce récit car il m’intrigue vraiment
Il y a du suspense pour une intrigue que Ryoko élucide. Un roman bien ficelé ! et pas si triste.
Ma seule expérience avec Yôko Ogawa a été un échec… Du coup j’hésite à la relire…
Je crois que j’ai fait une bonne pioche ! Une belle plume, facile à lire, mais étrange… comme beaucoup d’auteurs japonais !
Bon week-end Noukette !
Je ne connaissais pas l’auteur. Merci pour ce partage!
Je pense avoir bien commencé avec ce titre. Je vais continuer avec « La formule préférée du professeur ». A suivre pour notre mois !
Oui !!! Syl, j’adore Yoko Ogawa !! J’ai lu comme toi celui-ci d’abord et j’ai énormément aimé, ensuite, « la formule préférée du professeur », « la marche de Mina », « les tendres plaintes », et j’en ai lu encore pas mal d’autres.
Ton billet fleure bon le Japon.
J’aime bien la littérature japonaise ça me donne envie de m’y remettre 😉 c’est une culture à part mais vraiment sympathique 🙂