Rouge Bala

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Une semaine d’illustrations du 26 janvier au 01 février

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rougebalaRouge Bala
Texte de Cécile Roumiguière
Illustrations de Justine Brax

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Bala est une petite fille qui s’ennuie de sa sœur aînée. Elle était heureuse lorsqu’ils étaient ensemble et qu’ils se retrouvaient près de la rivière pour jouer. Son frère Tarum bâtissait des palais de sable et Lali lui contait des histoires.

A présent Lali est mariée et Bala se rappelle de ce jour, un mercredi en l’honneur de Krishna. Une belle cérémonie, des danses, de la musique, un sari dans les meilleures étoffes, des mets raffinés avec des épices rares et des sirops de fruits à volonté, la fierté des parents, le voile de Lali, la pastille rouge sur son front… la soumission de Lali.
Mais Bala trouve juste qu’à treize ans, ça fait un peu jeune…

La mousson est finie, l’hiver se fait sentir. La rivière est triste. Alors que Bala se languit, elle voit une embarcation border la rive avec une jeune femme à son bord qui lui demande où elle est. Elle n’est pas là par hasard, elle voudrait rejoindre la ville la plus proche. Bala, surprise, s’interroge. Que fait cette femme, seule ici ? A la question muette de la petite fille, la jeune femme lui raconte… Elle fuit. Épouse d’un homme riche, mariée à l’âge qu’on marie les filles, elle a souffert de ne pas pouvoir donner un enfant à son mari. « Ventre vide », elle a été humiliée, battue et plus encore. Aujourd’hui, elle aspire à la liberté et à l’éducation qu’elle n’a jamais reçue.

Petite, et déjà consciente des choses de la vie, Bala sait ce qu’elle voudrait faire plus tard, et surtout, elle sait ce qu’elle ne voudrait pas faire… Si son père le permet, elle poursuivra ses études et retardera le plus possible son mariage. Il sera difficile de le convaincre et de contrer les traditions, mais elle essaiera… de toute sa persuasion… et peut-être que sa mère l’aidera…
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L’Inde dans toutes ses couleurs, l’Inde dans ses mœurs. Par l’histoire de Bala, de Lali, de cette femme mystérieuse portée par la rivière, d’Ashna… l’auteur raconte que là-bas les petites filles arrêtent de jouer et d’étudier
pour se marier. Dès onze-douze ans, la famille recherche le prétendant et à treize ans, le mariage se célèbre. Les filles doivent se soumettre à la décision et taire leurs rêves. Les histoires de princes charmants n’ont qu’un temps.
Bala a le courage d’affirmer ses choix et, avec tout le respect, d’en parler à son père. Amenés sur le ton de la sollicitation, plus que sur celui de la rébellion, Bala sait se montrer fine et convaincante. Elle a une fierté et une constance qui vont lui procurer un sursis.
L’album offre pour ce sujet délicat et impitoyable, de la dignité et de la douceur. Il s’adresse aux jeunes enfants. Les mots ne cachent pas l’intensité du message, ils disent que des femmes sont maltraitées, mortifiées corps et âme, mais ils sont dits sans trémolos. La colère est retenue et le bel épilogue montre que rien n’est inéluctable.
Les superbes illustrations ont des couleurs chaudes, vives, puissantes. Des patchworks de tissus sont appliqués sur les plantes, les maisons, la rivière. Il sont des étendards et attirent le regard. C’est un très bel album pour les enfants et les parents pourront accompagner cette lecture de quelques réflexions aussi légères et optimistes qu’est l’histoire de Bala.

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Des billets chez Martine,

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4 réflexions au sujet de « Rouge Bala »

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