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Ils étaient des enfants de Montmartre, des titis, des gavroches. On les appelait des Poulbots du nom de Francisque Poulbot qui les faisaient vivre dans ses dessins.
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Jean se rappelle juin 1905, Montmartre,
Les enfants de la butte, l’Aspic, la Ficelle, Trois Pouces et Manon, comptent sur Bismarck le crapaud pour faire un élevage de grenouilles. Dans un pré, aux dessus des habitations, ils organisent leur quartier général autour d’une mare, dans un vieux tacot mangé par les herbes. Lorsqu’un jour ils voient débarquer un promoteur assisté de son contremaître venus pour métrer le terrain, les enfants décident de se révolter en les accueillant à coup de lance-pierre. « Rien ne peut me faire renoncer ! »… crie Noblard furieux, tout en rebroussant chemin et en oubliant son fils Jean qui se retrouve alors aux prises des Poulbots. Quelle belle opportunité pour eux ! Ils vont le garder en otage et ainsi pouvoir réclamer une rançon. De l’argent, il en faut pour sauver les parents de La Ficelle qui ont perdu leur travail et qui vont bientôt camper sous une tente…
Alors que les poulbots contraignent Jean à écrire une lettre à son père, « le petit bourgeois » leur propose un autre plan…
« – Ajoute que tu as écrit cette lettre sous la torture !
– Mon père ne paiera jamais une telle somme !
– Mon œil ! Il est bien assez riche !
– Peut-être… mais il ne m’aime pas assez pour ça !
– Ben on verra s’il ne change pas d’avis quand il recevra une de tes oreilles !… »
Dans les rues de Montmartre, les chats de Théophile Steinlen attendent leur gamelle, Francisque Poulbot cherche l’inspiration hors de son atelier, Bibi-la-Purée « roi de la bohème » vagabonde au gré de sa fantaisie, au cabaret du Lapin Agile on trinque, on parle toiles et couleurs, le Bateau-Lavoir est plein d’artistes… Les bandes d’enfants traînent dans le quartier de jour comme de nuit, s’accordant un peu d’insouciance dans leurs jeux, fuyant leurs misères, parfois leurs parents. Nous sommes en 1905, c’est le début de l’été, malgré le dénuement dans lequel vivent les poulbots, la vie semble belle. Il leur reste encore une petite dizaine d’années avant d’en partir.
Jean, l’Aristo comme ils l’appellent, n’est plus solitaire, il a trouvé une famille.
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Aquarelle exposée au musée Montmartre
Photo personnelle recadrée
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Après la place du Tertre, on descend une petite rue, puis on prend à droite et encore à droite… Une pancarte « Musée Montmartre ». Nous rentrons, ça sent bon la sciure, les peintures, tout est propre, refait neuf, clair, beau. Il n’y a personne dans le musée… profitons ! La première salle qui nous reçoit a sur ses murs des aquarelles. Ce sont des planches de l’album « Poulbots » de Patrick Prugne. Nous nous penchons plus près, nous sommes admiratifs des dessins, de la finesse des détails, des couleurs intenses, douces, chaudes, vives. Sur la première, on trouve dans les bruns et les bleus de la nuit, une lumière qui illumine un enfant. Nous sommes séduits et attendris ; nous passerons à la boutique avant de partir !
De retour à la maison, je découvre… et, si les couleurs reproduites sont moins soutenues, je tombe immédiatement sous le charme de l’histoire, des dessins, du vieux Montmartre et des enfants. L’humour, l’argot, la fraîcheur, l’innocence des poulbots font sourire tendrement. Il y a le pré aux grenouilles que des investisseurs, « les raccourcisseurs de maquis », convoitent, Bismarck le crapaud qui ne pourra jamais être un mâle reproducteur de grenouilles, les rêves de Jean qui désirent être artiste peintre lorsqu’il sera grand, un trésor caché dans les cendres de la grand-mère… la solidarité, l’amitié, les bêtises, la liberté, les choses dures de la vie… C’est beau, trop vite lu, mais c’est le genre d’album que l’on aime laisser sur la table basse du salon pour le feuilleter encore et encore…
Dans la dernière partie intitulée « Les carnets », juste avant de fermer les rideaux, l’auteur nous offre ses esquisses sur l’étude des personnages et des décors. Les plans de rues de l’Abreuvoir, du Mont-Cenis, et du cabaret du Lapin Agile ont été inspirés par de vieilles cartes postales.
Par ce billet, je vous incite à vous procurer cette bande dessinée et à aller visiter le musée de Montmartre.
D’autres billets chez Mo’, Maryline, Jérôme, Noukette,
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beaux dessins et intéressante histoire
bon week end
bisous
rosa
En effet, les dessins sont superbes.
Bon week-end Rosa ! Bise
Il y avait très longtemps que je n’avais plus entendu ce mot.
Vieille expression qui a pris tout son sens dans ma lecture.
Oh c’est bien ,je me souviens des cartes postales poulbots. Et que d’humour dans le texte. Je note le nom de l’auteur.
C’est vrai qu’on sourit mais la fin nous laisse dans une petite mélancolie. Ces enfants sont partis à la guerre… ils avaient 18-19 ans.
Il attend sagement dans ma pal. Hâte de le lire !
Les dessins sont beaux ! Le lendemain de ma visite au musée, l’auteur dédicaçait ses bd… dommage !
Bonne lecture Jérôme !
Toute une époque ces poulbots et tout l’esprit de Montmartre à l’époque du Bateau-Lavoir… Je traquais les affiches sur les Quais quand j’étais jeune… ils m’ont toujours attendrie ces poulbots ! 😉
C’est une belle bd.
J’ai aimé me promener dans les rues de Montmartre.
C’est une bd qui a l’air très belle et très intéressante. Je la note!
Si le Père Noël pouvait te l’apporter ! Elle n’est pas que belle, elle a un fond.
Comme j’aimerais pouvoir aller à cette Expo ! Grâce à toi, j’ai pu la visiter par procuration et me la représenter un peu.
Je la note, ils l’auront peut-être à la médiathèque…en tout cas ton article est alléchant ! Dans une veine un peu similaire, tu connais Les Quatre de Baker Street ?
Oui Jainaxf, je connais de nom les Quatre de Baker Street. Noté et souligné sur mon carnet mais ma bibli ne les a pas. Grand dommage ! Il va falloir que je leur en parle.
Biz
C’est un mot qui me faisait beaucoup rire lorsque j’étais enfant, les dessins sont superbes !
Et moi, quand j’étais enfant, ça me rendait toujours triste. Cette BD me réconcilie avec ces vieilles illustrations.
Quelle beauté cet album !
Oh, oui alors !