L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa

Un livre voyageur de Philisine Cave
« Oh my ! cette couverture… » de Cécile, « Rentrée littéraire » d’Hérisson
Une lecture commune avec Hilde

.

.
l-extraordinaire-voyage-du-fakir-qui-etait-reste-coince-dans-une-armoire-ikeaL’extraordinaire voyage du fakir
qui était resté coincé dans une armoire Ikéa
Romain Puértolas

.
Terminal 2C de L’aéroport Charles de Gaulle, un Indien rentre dans un taxi et lâche le nom « Ikéa ».
Dans le rétroviseur de sa vieille Mercedes rouge, Gustave Palourde, le conducteur, examine son client… costume satiné, cravate rouge ornée d’une épingle à nourrice, turban sur la tête, piercing, visage émacié, peau grêlée, regard intense.
Ikéa ? Mais lequel ? Le haussement des épaules est une réponse qui signifie… n’importe lequel… à la grande satisfaction du chauffeur de taxi qui voit là une belle aubaine.

L’Indien paie avec un faux billet de 100 euros la course. Prestidigitation à la Houdini (fort malhonnête), le billet relié à un élastique invisible repasse aussitôt du porte-feuille de Gustave à la poche de l’Indien. Attendez que Gustave s’en aperçoive, gitan au sang chaud, il voudra se venger !

Enfin ! L’Indien est Ajatashatru Lavash Patel, grand fakir du Rajasthan venu acheter un lit à clous, vu sur une revue. L’annonce publicitaire à 99,99 euros était trop tentante… Le coût du voyage a été l’élan solidaire de tout un village pour le bien-être de leur fakir. Juste deux jours pour l’acquisition et retour à la maison nanti d’un lit très spécial.
Petit… grand parcours du magasin en suivant la ligne jaune au sol… surtout ne pas dévier… passer d’univers en univers… émerveillements devant tant de richesse… se retrouver au rayon literie, apprendre que la promotion n’est plus actuelle et qu’il faudra un supplément. Ajatashatru garde son impassibilité, il a la nuit pour réfléchir, et commande. Sa nuit ? N’ayant que son faux billet, il ne peut s’offrir qu’un squatte dans le grand magasin.

Roublard, maître illusionniste, le fakir arrive à se faire inviter au restaurant par une belle femme d’une quarantaine d’années, contrite d’avoir cassé ses lunettes. Et le temps passe en son agréable compagnie, jusqu’au soir où il doit se trouver un endroit…
Tout serait bien trop accommodant et l’histoire courte si rien ne devait arriver !
Durant la nuit, Ajatashatru se cache dans une armoire pour ne pas être surpris par des employés qui se dirigent vers lui. Mais comble de malchance, l’armoire est embarquée dans un camion pour être livrée en… Angleterre.

Ainsi commence le périple du fakir qui n’en demandait pas tant !

« … L’Indien venait de comprendre qu’il avait devant lui les vrais aventuriers du XXIème siècle. Ce n’étaient pas les navigateurs, dans leurs bateaux à cent mille euros, leurs courses à la voile, leurs tours du monde en solitaire dont tout le monde se foutait sauf leurs sponsors publicitaires. Eux n’avaient plus rien à découvrir.
Ajatashatru sourit dans la nuit. Il voulut lui aussi, au moins une fois dans sa vie, faire quelque chose pour quelqu’un d’autre et non plus seulement pour lui-même. »
.

Ce livre au titre incroyable et à la couverture « éblouissante » est le premier roman de Romain Puértolas. Dans cette fable, l’auteur modernise les récits d’aventure de Jules Verne et y additionne des péripéties kafkaïennes. Il balade son fakir, bien malgré lui, dans des conditions très particulières (armoire, valise), en lui faisant faire un tour d’Europe et d’ailleurs… France, Angleterre, Espagne, Italie, Libye… On dit que les voyages forment la jeunesse. Pour le cas, ils font évoluer Ajatashatru de belle manière. Des pays qu’il foule, il n’en voit rien, ni leurs paysages, ni leurs architectures, mais il rencontre des personnages curieux et attachants… gitans bouillonnants, jeune femme de quarante ans esseulée, clandestins soudanais en quête d’une terre d’exil, actrice philanthrope, éditeur en mal de best-seller…
Avec humour, entre deux apesanteurs décalées, mélange de naïveté, de fourberie et d’humanité, l’histoire se construit sur une base altérée par le désespoir de certains.
Ajatashatru arrive de son Rajasthan, le cœur bien lourd de ses tromperies. Depuis tout petit, tricher, mentir, escroquer, c’était avant tout une question de survie. Et il est un des meilleurs pour emberlificoter son monde ; il a de très beaux yeux couleur coca-cola, aussi pétillants que la boisson. Donc, il est conscient, mais il ne fait pas grand chose pour y remédier, ainsi va la vie… jusqu’au jour où il ne peut rien faire qu’à part écouter d’autres histoires, jusqu’au jour où il est un simple paquet que l’on mène d’une frontière à une autre, jusqu’au jour où il découvre l’amitié, la compassion et la générosité, jusqu’au jour où il découvre l’amour qu’il veut rendre au centuple.

Un roman sympathique, une belle histoire, c’est à recommander !

 .
Des billets chez Hilde, Philisine, Anne Souris, Strawberry, Argali, PassionCulture,

.
Singapore_Botanic_Gardens_Cactus_Garden_2
Cactus… Un lit ?
.

.
.
.

44 réflexions au sujet de « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa »

    • Il se lit assez vite car on ne le lâche pas. Je n’ai pas mis que c’était un coup de cœur, mais j’en garderai un bon souvenir. C’est doux pourtant les fonds ne sont pas gais.

  1. J’ai vu l’interview de l’auteur à La Grande librairie !
    Il a l’air sympathique et drôle mais je t’avouerai que son histoire ne me tente pas trop…
    * même si ton avis dessus me met le doute ^^ 🙂 *

    • Je t’inciterais à le lire, mais je ne veux pas forcer. C’est une lecture dynamique, drôle, sans anémie ni pathos. Très visuelle aussi. Je verrais bien un film.

  2. Je suis tout à fait d’accord, c’est une belle histoire. Pas mal d’humour mais aussi des moments qui m’ont beaucoup touchée. Je trouve que c’est un roman qui fait du bien et ça se lit très vite. Je ne regrette pas de m’être laissée attirée par ce titre.

    • Moi également ! Tu imagines un film ? Avec en guest star Sophie M.
      Ce que j’ai aimé aussi (j’aurais dû le mettre dans le billet) c’est sa façon de se tenir, sa réserve, alors qu’à l’intérieur de lui, ça fait des sauts périlleux… Il y a beaucoup de noblesse dans le personnage, même si c’est le plus filou des filous…

  3. J’ai vu l’auteur aussi à LGL (trèèès baignoirable d’ailleurs) mais là n’est pas le sujet… Il ne me tente pas vraiment, je trouve la couv’ hideuse mais vu ton avis, je vais peut-être en changer…plus tard ! 😀 Bises

    • Oh ! tu es incroyable ! Je te conseille « Michel Strogoff », c’est magnifique. D’ailleurs, il faut que je le relise.
      Ca ne ressemble surtout pas à Jules Verne dans le style. C’est une boutade sur la manière de se déplacer, de faire ainsi les pays de l’espace Schengen, non pas en dirigeable, mais en armoire, une fiction burlesque qui se mêle au tragique…
      Biz incorrigible troublionne !

      • En fait, j’ai peur que ça ressemble  » le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ». Livre que je n’ai pas beaucoup apprécié. A la fin, j’ai trouvé ça lourd et long.

        • « Le vieux… » j’ai ce livre dans ma pal ! Et tu ne l’as pas aimé ? Oh… ça ne va pas m’inciter en l’en sortir !
          La lecture du fakir n’est pas longue et indigeste. Elle est plutôt speed !

    • Je ne sais plus à qui j’ai dit que ce n’était pas un coup de cœur même si j’avais aimé. C’est limite remarque… il fallait juste un petit truc pour la bascule. Bref… je te remercie pour le partage. Bises

  4. Avec le titre je me demandais ce que j’allais lire. Un plan pour monter une armoire ikea mdrrr.
    En faîte j’ai bien aimé, c’est rocambolesque par moment.
    Tu sais que l’auteur n’écris que sur son portable?
    Gros bisoux Syl ^^

    • L’auteur ? Il m’a l’air d’être un sacré zozo ! Si tu aimes le genre un peu fou, connais-tu « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir » de J. Heska ?

  5. J’ai repéré ce roman dès sa sortie et bonne nouvelle ma médiathèque l’a acheté il y a peu, je pourrais donc le lire mais il est plus que réservé alors ça ne sera pas pour tout de suite !

  6. Je lis ton avis que je partage, j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre, depuis le temps que je le voyais sur les rayonnages de ma médiathèque je l’ai enfin emprunté et j’ai bien fait.
    Bonne soirée Syl !

Laisser un commentaire