Mangez-moi

logogourmandises2logo lecture_aveugleIMGP1800Une lecture à l’aveugle, « une idée » proposée par Jérôme – Merci NathChoco pour ce cadeau ♥
« Les gourmandises »

.

.

.
mangez-moiMangez-moi
Agnès Desarthe

.
Afin de réaliser son rêve, Myriam est obligée de mentir à son banquier en ajoutant quelques fabulations sur son CV, pour le rendre riche et digne de confiance. L’emprunt dans la poche, elle peut monter sa petite affaire, un restaurant qu’elle appelle « Chez moi ». Le nom n’est pas anodin, il est une terre d’asile, une parcelle qui n’appartiendra qu’à elle. Cette chance qu’elle s’accorde, elle la peaufine les nuits d’insomnie en la souhaitant proche de ses idéaux. Elle ne veut pas d’un restaurant sans âme et froid, elle l’imagine chaleureux. Le mieux serait qu’elle puisse choisir sa clientèle pour lui préparer avec amour des petits plats… Sa cuisine, elle la désire généreuse.

Myriam a une quarantaine d’années et déjà, elle est bien fatiguée, lasse de cette vie qui tangue sur un fil. Que s’est-il passé ? Dans la journée, elle se donne à fond dans cette périlleuse entreprise, mais le soir, lorsqu’elle baisse son rideau de fer et qu’elle s’écroule sur son sac de couchage, elle retrouve son passé si douloureux et pesant…

Une petite salle, des meubles de bric et de broc, une bibliothèque, un divan, une cuisine ouverte, une première journée d’incertitudes, un lendemain d’inauguration avec la famille, et voici ses premiers clients qui arrivent un peu à tâtons. Deux jeunes lycéennes qui prendront pension chez elle par la suite, et son voisin fleuriste qu’elle accepte malgré sa mauvaise haleine. Myriam les adopte sans contrepartie. Les filles ont des hanches dodues et ne font pas les mijaurées, elles aiment saucer, elles sont gourmandes, jeunes et fraîches. Vincent lui apporte des fleurs sur le déclin qu’elle met dans des carafons. Et bientôt Ben, un étudiant qui se passionne pour le restaurant et qui se propose comme serveur. Ben apporte à Myriam les bases qui lui manquent ; côté cuisine, rien à redire, mais côté gestion, c’est une catastrophe !
Sur un cahier, elle note ses concepts et se motive. Sa seule ambition, c’est de retrouver une atmosphère familiale. En cuisinant, elle a les gestes de sa grand-mère et ceux de toutes les ménagères. C’est l’amour maternel qui renaît.

Le quartier s’anime chez elle, ceux qui viennent déjeuner, ceux qui viennent souper et ceux qui passent pour un café dans la journée. Ça s’étire, ça devient un foyer. Comme à l’époque où elle travaillait en tant que cantinière dans un cirque, Mr. Slimane, dans sa camionnette bleue, lui apporte les produits de son jardin, des fruits et des légumes de qualité. Le restaurant dégage l’humanité que Myriam recherchait,  elle peut enfin se permettre une petite part de bonheur, c’est tout ce qu’elle s’autorise car les spectres du passé continuent à la perturber.

Petit à petit, au fil de cette lecture qui se pare de plats alléchants, nous découvrons la peine secrète de Myriam. Elle se confie seulement à nous, timidement, et sans le savoir, amorce une guérison.

Soupes, petites salades, herbes parfumées, boulettes de viande, terrines, daubes mais aussi une cuisine raffinée comme… « dos de cabillaud au jus de mûres et aux mousserons, mille-feuille d’aubergine et d’agneau, tourte blanche au fromage, aux raisins et cognac… », Myriam nous enchante, partage, et se donne. « Mangez-moi » pense-t-elle… Celle qui veut garder ses distances, se livre avec abnégation comme une offrande.

C’est un très beau portrait de femme qu’Agnès Desarthe nous raconte. Poignant avec une poésie légère et gastronome, riche en sentiments, en désirs, en espoirs, le roman est une quête. Myriam recherche une légitimation et l’exploration douloureuse se fait dans la confidence. Elle ne se connaît pas, elle est humble alors qu’elle est solaire. L’amour ne se trompera pas… il l’a reconnaîtra.
A ses côtés, de bonnes âmes sont ses anges gardiens. Le cocon est doux, amical avec une once de sensualité.

Je vous recommande cette belle histoire.
.

Des billets chez NathChoco, Patacaisse, Soukee,

Lire un livre à l’aveugle, sans connaître le nom de l’auteur, le titre du livre, le sujet de l’histoire, est une expérience étonnante. Les premières pages ne se lisent pas aussi aisément, car j’ai eu le sentiment d’être embarquée dans une balade forcée. Faire confiance à NathChoco me disais-je… elle sait mes goûts, elle n’irait pas les trahir ! J’ai tenu et n’ai découvert le livre qu’au point final. A ce stade, la curiosité m’avait presque désertée ! J’étais pleine de cette histoire, j’étais à cent lieux…
Etrange pratique, sans contrôle, une belle aventure !
Je remercie NathChoco pour cette surprise et cette amitié bloguesque si particulière.

.

San-Tooshy.

Jeanne ( ou la femme au col doré) de San-Tooshy

.
.
.
.
.
.

57 réflexions au sujet de « Mangez-moi »

  1. oh que je suis contente que tu aies apprécié ce livre. Cela marche aussi dans l’autre sens : va-t-elle apprécier autant que moi ? L’a-t-telle déjà lu ? Merci pour ce joli billet 😉

    • C’est vrai qu’on se met une petite pression ! Mais tu n’avais pas à te soucier pour cette histoire, elle est belle et émouvante. Myriam a une belle personnalité, digne, sincère, entière. Merci à toi !

  2. C’est un livre pour toi, elle a visé juste.
    Mais je croyais que « le concept » de ces lectures à l’aveugle est d’entraîner le lecteur sur quelque chose qu’il ne connaît pas ou qu’il n’aime pas spécialement.
    En fait il vaut mieux viser juste 🙂

    • Oui aussi Louise. Mais également un livre que tu as aimé et que tu voudrais faire partager. J’imagine que si on m’offrait un livre sur la 2ème guerre mondiale, je le refermerais aussitôt ! J’ai des thèmes qui me font fuir.
      Je n’arrive pas à aller chez toi ! J’essaierai plus tard dans la matinée.
      Biz

    • Il pourrait te plaire, tu peux le noter. Les sentiments ne sont pas mièvres.
      J’ai sur mon chevet « Cet été là ». J’ai entamé et pour l’instant ça peut aller…

  3. Je ne connais ce roman que de nom. En tout cas Nathalie est bien tombée, c’est parfait. Et comme tu dis, la lecture à l’aveugle est un peu une pratique sans contrôle.

  4. Puisque tu me le conseilles alors je vais le lire. Pas facile de choisir un livre pour quelqu’un, on ne sait jamais si ça va plaire. J’ai noté aussi de ne pas t’offrir de livre sur la 2nd guerre mondiale.

    • En fait Sandra, je n’aime pas les livres tristes. Je peux verser des torrents de larmes, souffrir durant tout le livre, subir plein de trucs, si la fin est heureuse. Sinon… je suis traumatisée pour la journée, la nuit… et le nœud ne par pas. Tu peux te moquer de moi (gentiment !).
      Bise

    • Plaisante… ce n’est pas ce que je dirais. Le fond est dur, malheureux, mais il y a une légèreté, un optimisme, qui rend cette lecture douce. Je pense qu’il te plaira.

  5. Contente que ce livre t’ait plu, c’est vrai qu’on ne fait pas attention ensuite, livre-mystère ou pas surtoout en ce qui me concerne !!! Mais le livre était tellement génial…que tant bis si j’ai deviné le titre !
    Ton nouveau fond est très…sylvesque !!! 🙂 Le moutarde te va bien et la bannière jolie, je vois twenty-eleven, c’est le même thème non ? On en parlera demain, je file me coucher, bonne nuit ma belle ♥ Bises

    • J’aime bien ce jaune. Pour le thème, j’ai changé. Ce n’est plus le même que l’autre qui était twenty ten.
      Tu n’as pas des difficultés à mettre des photos ? Surtout pour le format.

      • Je ne comprends pas je n’ai aucune difficulté ni rien de changé apparemment sauf pour les vidéos, je n’arrive plus à insérer avec le lien, de façon classique, bouh !♥

        • Les photos. Arrives-tu à les agencer sur tes billets ? les mettre côte à côte, les agrandir, les diminuer… J’ai de gros problème et je passe du temps.

          • Ha mais je décide de la taille AVANT de les insérer : ils te demandent « gauche, centre, droite », puis l’adresse (là tu peux mettre le lien du Tumblr ou du site) et ensuite la taille « miniature, moyenne, large ou format maxi », je ne les bouge plus après quand elles sont dans le billet, on ne peut plus depuis longtemps ! Des fois je me demande si on a la même plate-forme !!! 😆

            • Je fais autrement ! J’enregistre l’image sur mon fichier, je vais la chercher, je l’insère dans le billet et je change les dimensions avec la souris… chose que je ne peux plus faire !!!
              Bonne journée

  6. Nath Coco ne risquait pas de se tromper en ce qui te concerne Syl, je dirais plutôt que un peu de… beaucoup d’amour & beaucoup de cuisine 😆
    Tu as en fait un très joli billet, léger comme la cuisine nouvelle, lourd comme l’amour et l’amitié qui se dégagent de ce roman.
    J’aime beaucoup aussi l’idée du livre mystère, ça doit faire battre le coeur plus vide sûrement. Lire à l’aveugle, comme en écoutant une chanson à The Voice sans voir l’interprète 😉
    Je n’ai pas mis le bout de mon petit doigt dans cette proposition de Jérôme, par manque de temps. Il la refera cette expérience.
    Bises♥

    • Tu connais mes ingrédients préférés ! Dans l’histoire, Myriam a une cuisine assez traditionnelle mais elle marie judicieusement les épices, les herbes, et emploie de très bons produits. J’aime cette cuisine, pas prétentieuse et naturelle.
      Pour la lecture à l’aveugle, tu me fais bien rire avec ta comparaison ! Soène, si tu devais être un plat, tu aurais du citron, des échalotes, du poivre, et de l’artichaut… aux cœurs sucrés.
      Bonne soirée et bon week-end !

  7. J’aime beaucoup votre concept de « lecture à l’aveugle » et je dois dire que ce livre me plairait beaucoup également.
    Merci du partage Syl, gros bisous.
    Lylou

  8. Félicitations ! La petite curieuse a résisté à l’envie de déchirer la couverture , c’est très, très fort ! 😉 Mais apparemment ce livre ne pouvait que te plaire.

  9. je sors de mon statut de ‘lectrice cachée’ ou ‘anonyme’ de ton blog à l’occasion de ce billet : je suis très contente de voir que tu as aimé ce roman, cela avait été un énorme coup de cœur lorsque je l’avais lu (il y a déjà un moment !)

    • Mrs Figg, ravie que tu montres le bout de ton nez. C’est l’occasion de venir te rendre visite aussi ! Mais j’étais déjà venue te lire…
      A bientôt

  10. Très troublant ces expériences de lectures à l’aveugle, je testerais bien mais j’ai déjà tant dans ma PAL… D’ailleurs ce titre là tiens ;0) Le pauvre est là depuis un petit moment… Il est dans ma PAL noire précisément :0) Du coup, ça me donne bien envie de m’y plonger…

    • Moi aussi, j’ai plein de livres en attente, mais celui-là clignotait !
      C’est une lecture pour toi L’Or ! Douce et amère comme tu aimes.

  11. Un roman qui n’est pas pour moi, tant je suis à 100 lieues de cette « gastronomie ». Mais l’expérience du livre en aveugle, je ne sais pas, je ne sais pas si ça me plairait. Mais j’aime lire vos expériences.

    • Je pense que tu aimerais ce livre. La nourriture que l’on nous propose est surtout une histoire de générosité. On y conte les soupes, les légumes du jardin cultivés à l’ancienne avec l’amour de la terre. Mais tout cela est prétexte à une autre histoire plus personnelle, plus intense sur l’amour d’une mère envers son fils. Très sensible, bien pour toi !

Laisser un commentaire