Le cercle de Farthing

11188172_391095041080163_5368143613513055468_nlogo_babelioUn livre offert dans le cadre des Masses Critiques de Babelio avec la collection Lunes d’encre – Denoël – Gallimard

Mois anglais de Lou, Titine et Cryssilda, 2ème billet

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Le cercle de Farthing
Le cercle de Farthing
Jo Walton

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Le cercle de Farthing est une société conservatrice très influente de politiciens, de militaires et de gens du monde de la finance, qui règne en sous-main sur l’Angleterre depuis le traité de paix signé avec Hitler, en 1941. Farthing est aussi un domaine dans le Hampshire qui appartient à la famille Eversley.
Huit ans après la guerre, Hitler a remisé ses ambitions et se contente de la partie occidentale de l’Europe (la France incluse). Les Juifs sont toujours persécutés, faits prisonniers et gazés. Le fascisme s’insère partout, même en Angleterre où de plus en plus les Juifs sont ostracisés.
L’élite, la caste supérieure dominante tirée de l’aristocratie britannique,  Lucy Eversley, petite-fille de duc, a voulu s’en affranchir. En épousant David Kahn, elle est allée à l’encontre de sa famille et de leur monde. Même si David est l’héritier d’une famille fortunée et directeur de sa propre banque, il a une tare qu’on ne lui pardonnera jamais.

Le temps d’un week-end, tous se retrouvent à Castle Farthing pour un raout politique. Faux-semblants, adultères et concile sur l’avenir, Lucy, à mille lieux de ces intrigues, se demande pourquoi sa mère a tant insisté pour qu’elle vienne en compagnie de son mari que tous méprisent. L’ambiance est pesante, hypocrite, puis survient le drame… L’un des invités découvre dans un boudoir le cadavre de Sir James Thirkie, un politicien en pleine ascension qui fut à l’origine du pacte de paix avec l’Allemagne. Près du corps, un poignard de style oriental, sur le corps, l’étoile jaune de David.

L’inspecteur Peter Anthony Carmichael de Scotland Yard est appelé sur les lieux du crime car l’enquête ne peut être menée par une police rurale. Dès le premier coup d’œil, il comprend que le corps a été déplacé et que le meurtre est bien plus complexe qu’il ne semble. Poignardé, étranglé, gazé, Carmichael voit en cet acharnement un acte raisonné pour brouiller les pistes.
Les invités doivent rester à demeure pour interrogatoires ; le personnel, les hôtes et les convives, à commencer par David dont la culpabilité est trop évidente.
Crime politique organisé par des terroristes venus de l’est, crime commis par un Juif ou simplement crime passionnel ?
Lucy sait que tous ont quelque chose à cacher, quant à Carmichael, il va falloir qu’il fasse tomber le légendaire flegme de toute cette intelligentsia britannique.

Vous prendrez une tasse de ce thé noir de Chine ?

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Ce roman est une uchronie policière. Et si Hitler… l’auteur imagine alors son enquête dans une Histoire revisitée. Churchill a été évincé, l’Angleterre a négocié sa tranquillité et Hitler continue ses exécrations. Dans une demeure aristocratique où les membres d’un cercle politique se sont réunis, un meurtre est commis. Comme dans les romans d’Agatha Christie, tout s’assemble pour le scénario d’un huis clos sis dans un beau domaine… un inspecteur accompagné de son sergent, une veuve éplorée, une maîtresse énigmatique, des personnalités tortueuses, une ambiance délétère, malsaine, un coupable servi sur un plateau, un mort qui était détestable… et une société toujours tirée à quatre épingles, policée, ambiguë, très anglaise.
L’histoire est vue par deux personnes. Lucy qui se confie, qui raconte son désarroi et la personnalité des uns et des autres, et Carmichael qui n’est dupe d’aucun subterfuge et qui va essayer d’innocenter David. Si les intrigues avec Hercule Poirot sont basées sur le machiavélisme du meurtrier et les déductions de l’imminent détective, Jo Walton met l’accent sur une atmosphère angoissante, fascisante, dystopique. Il y a deux mondes, celui d’une après-guerre qui essaie de se reconstruire et le prochain qui se structure dans toute l’horreur qu’on peut imaginer.
J’ai appréciée cette lecture surprenante, mais la fin est encore plus déconcertante… (le dénouement de l’enquête, un peu trop simpliste, et l’épilogue). J’aurais émis un avis mitigé si je n’avais pas lu que ce livre est en fait le premier tome d’une trilogie. La fin n’en est donc pas une et il est à souhaiter que nous retrouvions tous les protagonistes pour clarifier certains points et espérer que le bien puisse triompher du mal.
Alors… à suivre !

D’autres billets chez Dionysos,
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View from Shoulder of Mutton Hill in Ashford Hangers near Petersfield, Hampshire
Photo du Hampshire prise sur Google

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14 réflexions au sujet de « Le cercle de Farthing »

  1. Denoël me l’avait proposé mais j’avais peur de ne pas aimer, je n’ai jamais essayé l’uchronie mais la seconde guerre mondiale n’étant pas ma période préférée je préfère passer mon tour !

  2. A te lire, tu me donnes envie, mais l’ayant lu, je ne suis pas d’accord avec « une atmosphère angoissante, fascisante ». J’ai justement trouvé qu’il n’y avait pas d’atmosphère, qu’aucun personnage n’avait de relief et que l’intrigue était si indigente qu’elle en devenait très très rapidement inintéressante. J’avoue que j’ai du mal à comprendre l’engouement de la plupart des lecteurs…

    • J’ai imaginé. Lorsque j’ai posé le livre, je n’ai pas compris la fin. Trop rapide, trop ci, trop ça. Quand j’ai vu qu’une suite était prévue, j’étais entrain de rédiger mon billet. Et là, j’ai redécouvert d’autres aspects. Tu vois… ce groupe qui se réunit pour faire le monde, de vrais fascistes, de vrais terroristes, homophobes, cruels, qui n’hésitent pas à assassiner l’un des leurs. Et ce père qui me fout les chocottes qui appelle sa fille mon lapin rose ou ma petite caille, je ne sais plus… qui est si sympathique et aimant et qui en fait n’hésite pas à sacrifier sa fille pour leurs idéologies. Toute cette glace, cette froideur, qui se mêle à leur délire. La mère qui mène à la baguette son mari, une sadique qui doit cacher une cravache sous sa jupe… Et tout ce qui se passe dans le pays ! ces vicieux qui profitent des faibles… Pense aussi à la nuit où Thirkie est mort. Bouh ! ils l’ont étranglé, gazé et poignardé !!!
      L’atmosphère qui est angoissante est pour tout ça. Je lisais, j’aimais à imaginer… et après j’ai encore plus extrapolé !
      Pour l’engouement des lecteurs, je ne sais pas. J’ai mis 3 étoiles sur 5 sur Babelio. Une bonne note car je veux être surprise par la suite.

      • Franchement Syl, la façon dont tu parles de ces personnages est très intéressante. Bien plus consistante que ce que j’ai lu. Ce père, il ne m’a pas inquiétée du tout ; tous m’ont paru superficiels (les tiens sont passionnants, j’aurais voulu les lire !). J’ai l’impression que tu étais beaucoup plus dans le ton du roman que moi. Ce que je ne m’explique pas c’est que j’étais tout à fait partante pour ce roman, j’avais très envie de le lire et que cette envie s’est délitée au fur et à mesure de la lecture.Je suis sans doute passée à côté de quelque chose car vraiment, l’enthousiasme est quasi général…

        • Je ne suis pas enthousiaste ! J’ai lu moi aussi de bonnes critiques qui ne trouvaient pas d’échos à la mienne. Chacun a son ressenti. Tu as dû être surprise par la lecture et toutes ces petites choses que nous avons détaillées sur FB. Après c’est difficile de passer outre. Tu sais… bien souvent j’écris dans ma tête une autre histoire que celle que je lis.
          Je ne te dis pas de relire le livre (je me suis souvent endormie), mais peut-être de reconsidérer les personnages et d’attendre le deuxième tome…

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