Demande à la poussière

logo mois americainLe mois américain avec Noctenbule
1er billet

Une lecture commune avec Jérôme, Manu et Nahe

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Bandini, 1er tome
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demande à la poussière Demande à la poussière
John Fante

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Dans l’Amérique de la Grande Dépression,

Arturo Bandini, fils aîné de Svevo et Maria, a laissé son Colorado natal. A vingt-ans, il déambule dans les rues de Los Angeles avec des rêves de gloire plein la tête. Il se dit écrivain et s’imagine des scénarios où sa renommée serait saluée, applaudie. De beaux costumes, de belles voitures, l’hôtel grand luxe et des femmes (estampillées Amérique) toutes énamourées. A la bibliothèque municipale où il passe son temps, il rêve de voir son futur livre côtoyer les plus grands. Lorsqu’on est désargenté et qu’on ne peut rien faire, ce lieu est un bon refuge.
Arturo aurait pu rester dans sa famille et suivre les traces de son père. Là-bas, même si le travail et l’argent font défaut, il y a toujours un plat de pâtes en sauce au centre de la table. Cependant, il aime écrire et sa première nouvelle a été éditée. « Petit chien qui riait » a été le déclencheur de cet envol et la confirmation de ses espérances sur son devenir.

Les doutes sont fréquents quand on a le ventre vide et que le loyer de la chambre reste impayé. Il recherche l’inspiration dans l’apprentissage de la vie, mais partagé entre son éducation religieuse et sa soif d’expérience, il tâtonne sans décrocher d’idées. La liberté n’est pas si facile à acquérir.
Alors que ses incertitudes le démoralisent et qu’il  projette de retourner chez lui, il reçoit de sa mère quelques dollars qui lui permettent de rester encore dans la cité. Ses pas le mèneront vers un bar où Camilla, une jeune mexicaine, travaille comme serveuse.
Elle n’a pas la peau blanche d’une Américaine, elle est trop voluptueuse, mais elle devient sa princesse Maya et l’objet de ses fantasmes.
C’est peut-être à travers elle qu’il trouvera la grâce des mots ou qu’il se perdra.

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J’ai lu précédemment « Bandini », chronique familiale qui mettait en scène les parents d’Arturo. Les personnages avaient le piquant et le charme de leurs origines italiennes. Malgré leurs faiblesses et leurs manquements, j’avais eu de la sympathie pour eux.
Déjà Arturo se détachait du lot et ne m’inspirait que peu d’attirance. Dans cette évolution, je le trouve toujours désagréable, plein de défauts, et pourtant il a cette lumière héritée de ses parents.
Livre semi-autobiographieque, l’auteur se fond en Arturo. De cette époque, il n’avait pas encore son arrogance et ses vices (« jouisseur, menteur, joueur, alcoolique… »). Il avait la passion de l’écriture, une hérédité de conteurs, et un appétit énorme pour les choses de la vie.
Dans une ville touchée par la crise, des quartiers pauvres, des gens nécessiteux, Arturo continue à rêver. Il a la jeunesse et l’inconscience. Sans le sou et dépensier dès qu’il en a, il vit dans l’instant sans jamais s’inquiéter vraiment du lendemain ; folie ou ignorance, naïveté ou simple incapacité à être autonome.
Vingt ans et toute l’instabilité, les angoisses, de son âge, il vacille entre des scrupules dus à son éducation catholique et une grossière insolence. Arturo se montre timoré pour les affaires amoureuses et se comporte bêtement ; macho, goujat, fabulateur…
C’est dans les moments où il trahit une candeur qu’il est le plus attendrissant… quand il veut faire lire ses écrits, lorsqu’il veut séduire…
Avec Camilla, il découvre un univers méconnu. L’amour, la générosité, la bienveillance, embellissent son âme. Elle devient sa muse. Mais la passion a aussi ses failles, violentes et dévastatrices. L’expérience sera inoubliable et amère car si Camilla représente une part de la quintessence qu’il recherche, elle est aussi faite de ténèbres et de mystères. Elle est une jeune femme éphémère…

Une lecture sur l’initiation et la naissance d’un grand écrivain. Sensualité et émotions…
Je vous invite à la lire.

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D’autres billets chez Jérôme, Nahe, Manu, Mango, Gwordia, Morgouille,

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Image du film « Demande à la poussière »
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38 réflexions au sujet de « Demande à la poussière »

  1. Je préfère Demande à la poussière à Bandini. C’est un livre culte pour moi. Je l’ai lu à 18-19 ans et je voulais devenir le même écrivain que lui, crever la faim en attendant d’être publié et de connaître la gloire. Bon je n’ai pas continué dans cette voie, heureusement d’ailleurs… mais ça restera un livre important dans mon parcours de lecteur, essentiel même.
    Et puis concernant son fils dont j’ai lu à peu près tous les livres, il faut reconnaître que l’on est pas au même niveau. C’est notamment beaucoup plus vulgaire. Son premier roman au titre magnifique (Les anges n’ont rien dans les poches) m’avait emballé mais ces ouvrages suivants moins…

    • Ton approche de cette lecture a été différente. Nous n’avons pas mis les mêmes sentiments. Je comprends ce que tu veux dire et ta confidence est touchante. Les heures de notre jeunesse sont aventureuses. J’ai l’impression que j’apprécierais moins le fils. J’aime chez John, son époque et l’Amérique qu’il raconte, comme celle de Steinbeck.
      Je vais suivre avec « Mon chien Stupide ».
      A demain Jérôme !

  2. Que je l’aime cet auteur, connu par hasard avec « Mon chien stupide », un livre qui m’a tout de suite plu énormément et qui était offert pour deux livres achetés, lors d’une opération commerciale. Je ne m’attendais pas à découvrir ainsi un tel coup de cœur et puis sont venus les autres livres de Fante. Quel régal!

    • Je vais lire « Mon chien Stupide » maintenant. Je l’ai déjà parcouru et j’ai relevé des passages. Je suis contente d’avoir fait la connaissance de cet auteur.

  3. Bien que je n’ai pas la même expérience que Jérôme (livre lu à 35 ans sans envie d’être écrivain hihi) je dois dire que mon avis se rapproche du sien. J’ai de loin préféré Demande à la poussière à Bandini, qui ne m’avait que peu séduite.

    • J’ai aimé Bandini car c’était l’histoire d’une famille d’immigrés. Le père maçon… J’ai pensé à mon arrière-grand père tailleur de pierre qui est parti avec sa famille…

  4. Ton avis me donne envie de réessayer de lire cet auteur . Je n’avais pas du tout aimé « mon chien stupide » pourtant classé roman culte par beaucoup 🙂
    Vaut il mieux selon toi lire « Bandini » d’abord ou « Demande à la poussière » ?
    Bonne journée Syl

    • Oui, Valentyne. D’abord Bandini car ce sont les parents. Ainsi on situe mieux Arturo. Il y a même un autre livre sur ce voyage à Los Angeles. Mais je ne sais pas où on doit le ranger dans la chronologie.
      Bonne relecture !

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