La Pierre de Lune

logo keep-calm-and-readlogo victorien-2013logo british mysteries« Mois anglais » de Titine et Lou 11ème billet
Lecture commune sur l’auteur avec Caroline, Rachel, Val,
Challenges « Victorien » d’Aymeline, « Classique » de Stéphie, « God save the livre » d’Antoni« Thrillers et polars » de Liliba et « British Mysteries » de Hilde et Lou

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img160La Pierre de Lune

Wilkie Collins

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En 1799, John Herncastle rapporte de Seringapatan un joyau légendaire. L’assaut donné par les anglais a favorisé cette rapine. Les pillages et la folie destructrice devaient être contrôlés, mais le palais du sultan Tipu qui contenait des trésors fabuleux, fut dévasté. L’homme qui rapporte les faits dans un courrier à ses parents, est le cousin de Herncastle, témoin du meurtre des trois gardiens qui protégeaient le diamant et de son vol. Par ses aveux, il justifie son antipathie envers lui. Il décrit comment John semblait être possédé par le bijou, son obsession et sa déraison… il raconte aussi les dernières paroles du prêtre qui avant de mourir, jette sur le voleur et sa descendance la malédiction de la Pierre de Lune.
Pierre de Lune est un diamant jaune de nature divine. Consacré, il porte la marque de Vishnou. Depuis le XIème siècle, trois brahmanes sont chargés de sa surveillance, jusqu’au sacrifice. Sa valeur est inestimable et sa légende empreinte de maléfices, maudit la personne qui se risquerait à le dérober.

Un demi siècle plus tard, en 1850, une autre personne prend la plume pour relater une histoire…
« – Betteredge, je suis allé consulter mon avocat à propos de certaines affaires de famille, et nous avons parlé de la perte du diamant hindou survenu dans la maison de ma tante, il y a deux ans. Mr Bruff pense comme moi que, dans l’intérêt de la vérité, l’affaire doit être mentionnée dans les archives de famille le plus tôt possible. »
Nous sommes en Angleterre, dans un domaine au bord de la mer, sur les côtes du Yorkshire. Le narrateur est l’intendant Gabriel Betteredge qui est au service de la famille Verinder. Arrivé comme simple domestique à l’âge de quinze ans, il a gravi les échelons et a suivi la jeune Julia Herncastle (soeur de John) dans sa vie maritale.
Avant d’entamer le coeur du récit, Gabriel narre son destin tout en essayant de réduire ses « digressions » ! Son existence s’est vouée aux Verinder, et sa fille Penelope, femme de chambre, confidente, amie d’enfance de Miss Rachel, fille de Lady Julia, en fait de même.
Donc… deux ans auparavant, il reçoit dans son logis Milady venue l’entretenir sur sa retraite. A soixante ans passés, il est temps pour lui de prendre congés. Doucement mais sûrement, la réflexion doit être amorcée. Mais avant, on doit préparer la venue du jeune Franklin Blake qui est convié pour l’anniversaire de sa cousine Miss Rachel. Tous sont ravis de le voir après sa longue absence faite d’aventures et de voyages.
Rachel va fêter ses dix-huit ans. A cette occasion, Milady l’informe que sa fille recevra de la part de son frère défunt, le colonel John Herncastle, une pierre admirable et rare qu’on appelle La Pierre de Lune. Cette gemme précieuse sera amenée par Franklin.
Alors que tout s’ordonne pour l’arrivée des invités, dont une autre parenté, Godfrey Abbwhite, on s’inquiète de trois énergumènes de type indien qui rôdent autour de la maison et qui se présentent en tant que saltimbanques.

Le jour de l’anniversaire, Miss Rachel, parée à son décolleté du surprenant bijou, est entourée par vingt-quatre personnes. Dans son récit, Gabriel spécifie qu’il n’est point important de les nommer toutes, mais il est à préciser qu’un célèbre explorateur, Mr Murthwaite, grand connaisseur des Indes et de ses mystères, lui fit une remarque singulière… « – Si vous allez aux Indes, Miss Verinder, n’emportez pas le cadeau d’anniversaire de votre oncle. Un diamant, aux Indes, est souvent le symbole d’une religion. Je connais le temple d’une ville où, vêtue comme vous l’êtes en ce moment, votre vie serait dans le plus grand danger. »
Le genre d’avertissement qui enflamme l’imagination d’une donzelle plus qu’il ne l’effraie !

Cette soirée, Gabriel s’en souvient bien, il était au service. Alors que cela devait être un repas de rires, de grandiloquences et de charmes, la soirée était ponctuée de silences et de maladresses. Là encore, le diamant étincelait de tous ses feux, comme s’il avait « jeté un sort sur toute la compagnie ». Repas ennuyeux et taciturne, la soirée s’anima quand par la terrasse, on entendit le son d’un tambour qui rythmait le jeu des jongleurs. Les Hindous revenaient sans sollicitation et amusaient les dames.

Le lendemain, toute la maison est en émoi, la Pierre de Lune a disparu.
Le sergent Cuff, diligenté pour l’enquête par Scotland Yard pour assister l’inspecteur Seegrave, est prêt à soupçonner toutes les personnes, hôtes, famille, invités et domestiques, qui étaient présentes. Il n’oubliera pas également les mystérieux Hindous.
Cette pierre bouleverse les vies. Depuis qu’elle est apparue, une menace semble planer. Le suicide d’une jeune domestique n’est qu’un prélude au drame, les sables sont mouvants.

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Depuis le temps que je souhaitais lire Wilkie Collins, je suis enfin contente de l’avoir fait en ce mois de lectures anglaises. J’avais entraperçu son univers et sa complexité à travers deux bandes dessinées, « Venise hantée, L’étrange mort de Lord Montbarry » et « Mysteries, seule contre la loi », mais je ne connaissais pas encore ses mots.
Cette première approche n’est pas décevante, elle m’incite à la découverte.

L’intrigue est conçue pour suspecter chaque acteur de ce roman, de la domestique au passé douteux et à la fragilité exacerbée, Rosanna Spearman, jusqu’à Miss Rachel, jeune fille accomplie.
Le sergent Cuff chargé de l’enquête est un homme étrange qui aime les roses. Fin limier, il semble pourtant se perdre dans ses suspicions. Nous découvrons plusieurs pistes distillées par différents auteurs de récits. Après l’intendant Betteredge, homme délicieux et dévoué, nous avançons avec une version de Miss Clack, une nièce de Verinder. Nous sommes à la moitié du roman. Cette femme a un tempérament des plus désagréables. Elle se présente ainsi… « Je remercie mes parents, actuellement au Ciel, de m’avoir inculqué l’ordre et l’exactitude, dès mon jeune âge… ». Son témoignage a le ton de sa personnalité, précieux, bigot et mesquin. Nous poursuivons avec Matthew Bruff, Franklin Blake et d’autres personnes, témoins de l’affaire, tous bavards et avides de parenthèses !
L’investigation traîne et ne semble aboutir à rien, troublant les mentalités et les désirs, heurtant les dignités et individualités. Presque un huis clos qui ouvre tout de même ses portes sur l’extérieur, ce microcosme dévoile les faiblesses, les peurs, les lâchetés, les déficiences de la société victorienne.

Une lecture appréciée malgré des longueurs pesantes, un début alambiqué et un nombre important de personnages.

Des billets chez Titine, Soukee, Elisa, Keisha,
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tipu sultan
L’assaut de Seringapatam
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38 réflexions au sujet de « La Pierre de Lune »

    • Je ne crois pas avoir ce titre, il faut que j’aille fouiller… mais c’est une lecture qui est programmée !
      De ces « pavés victoriens » comme tu dis, je ne m’en lasse pas !

  1. Vous êtes plusieurs à constater des longueurs… c’est un roman de Wilkie qui m’a toujours fait un peu peur, le sujet me tentant un peu moins que d’autres… bon, il attendra encore un peu dans ma PAL 🙂

    • Le sujet est très intéressant. J’ai aimé la légende de la Pierre de Lune et cette incursion dans l’histoire avec Tipu Sultan et Mysore. C’est juste une introduction, mais mon imagination s’est évadée. J’espère que tu le liras ! Titine a beaucoup aimé.

  2. J’ai l’intention de le lire! J’en ai lu beaucoup d’autres de Wilkie Collins et j’aime; mon préféré, peut-être parce que c’est la premier, reste La dame en blanc et aussi Mari et femme.Justement le billet que je vais publier le 27 (c’est une LC) sur Katie Summerscale « l’affaire de Road Hill House » explique que Pierre de lune s’inspire très fortement d’une histoire criminelle qui a marqué l’Angleterre à son époque.

    • Bonjour Claudia,
      Je pense que je vais préférer « La dame en blanc ». Si j’ai apprécié ma lecture, j’ai trouvé beaucoup de « parenthèses » qui plombent le rythme. D’ailleurs, l’auteur le précise souvent… ses intervenants s’égarent régulièrement et personnalisent leurs récits.
      Je ne serai pas des vôtres le 27, mais je lirai « L’affaire de Road Hill House » plus tard.
      Je n’ai pas eu le temps de me documenter sur « Pierre de Lune » et la rédaction de ce billet a été « épisodique » car j’ai eu du monde toute la journée. Je le trouve incomplet et terne, bâclé. Tu trouveras une belle chronique chez Titine…
      http://plaisirsacultiver.wordpress.com/2009/11/13/pierre-de-lune-de-w-wilkie-collins/
      Biz

  3. Je n’ai encore lu de Wilkie Collins. J’ai cru comprendre qu’il était un contemporain de Dickens (mais pas sûre). Apparement il y a quand même pas mal de longueurs. Je n’ai pas pour le moment envie de lire ce roman. J’ai lu pas mal de billets peu enthousiastes où on reprochait au livre ses faiblesses d’écriture. A voir.

    • ? je suis surprise Missy ! On peut lui reprocher ses longueurs mais pas le style ou une éventuelle « faiblesse d’écriture ». En tous cas, je suis loin de ce constat. Tu verras…

  4. J’ai lu l’année dernière  » la dame en blanc » avec au début une petite appréhension mais finalement j’ai bien aimé ( ça m’a étonné d’ailleurs).  » Pierre de lune » est prévu.

  5. Une auteure que j’ai envie de découvrir depuis longtemps. « La dame en blanc » me tente particulièrement, je crois que je commencerais par celui là.

  6. Comme tu le sais, j’ai beaucoup aimé cette lecture, c’est toujours mon Wilkie préféré ! Je trouve la construction à plusieurs voix particulièrement judicieuse, elles sont comme les facettes d’une pierre précieuse. Je te conseille la lecture de « L’affaire de Road Hill House » de Kate Summerscale qui étudie un fait divers ayant inspiré Wilkie. Je trouve que ce livre apporte un éclairage intéressant sur « Pierre de lune » notamment sur l’inspecteur Cuff et le fait d’investiguer dans la sphère intime à une époque où le foyer était très protégé.

    • D’avoir lu ton billet m’a fait comprendre certaines choses. J’aurais même dû le lire avant le livre pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur. Merci pour ces précisions Titine !

  7. oui je suis comme toi….beaucoup de longueur, des passages qui auraient pu etre evites pour nous aider….mais je pense quand meme continuer avec Collins….;)

    • Ce n’est pas le titre que nous aurions dû choisir pour commencer. Moi aussi, je vais poursuivre car j’ai deux titres dans ma PAL. A suivre donc !

  8. Des longueurs, c’est alambiqué et il y a beaucoup de personnages… ça fait quand même pas mal de points négatifs. J’ai un titre de Wilkie Collins dans ma pal, je vais essayer de lui faire un sort pendant les vacances.

  9. Ton billet est fort tentant, je ne connais pas encore moi non plus mais les « longueurs » dont tu parles me font reculer… Disons pas pour l’instant, il me faut du pétillant, du remuant, de l’enlevé !!! 😀 Bises

  10. Ho mince, je l’aurais bien lu avec toi ! Il traine dans ma PAL depuis si longtemps… je ne sais pas si j’aurais un jour le courage de le lire !

  11. Comme Sandra, j’ai lu La dame en blanc, que j’ai aimé mais je lui ai aussi trouvé des longueurs. Comme vous semblez unanimes sur les longueurs de celui-ci, je crois que je vais passer.

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