Du train où vont les choses à la fin d’un long hiver

« En train de lire » de Béa
Une lecture commune avec Aifelle

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du train où vont les choses à la fin d'un long hiverDu train où vont les choses à la fin d’un long hiver
Francis Dannemark

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« … j’ai l’impression de vous connaître depuis longtemps. »

Pluie-vent de février sur Bruxelles et vogue l’aventure ! Un taxi, la gare, le quai, un train pour le Portugal, Christopher cherche ses billets de façon un peu distraite, une femme lui fait remarquer qu’ils sont dans sa poche gauche. Elle s’appelle Emma, elle sera sa compagne de voyage.
Parfois, sans comprendre ce qui nous arrive, on s’entend libérer des confidences à un parfait inconnu. Le contexte, le huis clos, un beau regard, et les mots s’échappent doucement. Christopher, chargé d’affaires culturelles, est à la croisée des chemins, il ne veut plus poursuivre son quotidien et part en quête d’autre chose, un renouveau qui le délasserait de cette fatigue qui l’englue. Il a cinquante ans. Emma semble le connaître, ça fait bizarre cette accointance instantanée ! Mais elle se rappelle… en effet, elle l’a vu un jour sur scène où il remplaçait un comédien, et elle avait ri, beaucoup ri ; c’est un très bon souvenir. Emma est interprète, elle a une quarantaine d’années et quelques déceptions.  A l’abri de l’hiver sans fin, tous deux échangent sur la culture, la vie, les enfants, la famille, les amours, le travail, les aspirations, la mort. Les débats sont passionnés, parfois Christopher s’en excuse…, intéressants et intimes, ponctués de doux silences, de somnolences, des ronflements des autres passagers, des galanteries de Christopher et des sourires d’Emma.
Le train file, beaucoup trop vite ! Il voudrait la saisir pour lui témoigner sa compassion, il lui étreint seulement la main. Il est le gardien de sa nuit, il veille pour que rien ne vienne la troubler. Elle lui lit des phrases du roman qu’elle lit, cite des auteurs, lui trouve matière à réflexion, et lui confie ses sommeils.
Bientôt Lisbonne, le temps des adieux ou celui des amours ? On souhaite que le voyage et « les choses » durent indéfiniment…

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La lecture se termine et je fredonne un air… « Question de feeling » de Richard Cocciante, un duo avec Fabienne Thibeault… « Deux étrangers qui se rencontrent, Stoppant leur course contre la montre, Seuls, tout seuls au bout du monde… »
C’est la troisième fois que je rencontre l’auteur dans ses écrits. Lorsqu’on voit le titre, on reconsidère les autres… songez… « La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis » et « Histoire d’Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un) ». Ce livre ne ressemble en rien aux suivants, mais j’ai retrouvé un peu de cette désuétude (qui n’a rien de ridicule au contraire !), la séduction un peu timide ou prudente, toute la délicatesse, la poésie et la bienveillance des autres histoires. Les personnages ont une douceur particulière malgré leurs peines, leurs désenchantements, et ils font fi de l’indifférence et l’insensibilité qui les entourent. Solitudes, rencontres, amitiés, amours, c’est une chanson, un film, le scénario est intemporel. On lit aussi avec plaisir quelques évocations cinéphiles, le jazz, des thèmes chers à Francis Dannemark.

Un beau livre que j’ai apprécié et que je vous recommande…
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D’autres billets chez Aifelle,

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edward-hopper7Edward Hopper

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36 réflexions au sujet de « Du train où vont les choses à la fin d’un long hiver »

    • Je suis bien d’accord, alors on va dire que nous l’avons faite ! et je viens de le préciser… J’ai hâte de lire son dernier roman et j’espère que je ne serai pas déçue…

    • Ce genre de rencontre-challenge est un piège pour nos lal ! Note-le et demande-le à la bibli… il est court.
      Je viens te donner le lien… Bonne fin de semaine Anne

  1. Je l’ai lu et finalement j’ai tout oublié! mais si je trouve L’Histoire d’Alice….à la biblio je le prendrai. Maintenant que j’ai un blog, je me souviens bien plus de mes lectures. Pour écrire un article je suis obligée de réfléchir, de repenser à ce que je viens de lire.
    Bonne journée Syl,

    • Bonjour Louise, je louais hier à Sharon les blogs et les partages. C’est un plaisir de décortiquer les histoires, les caractères des personnages, notre impression… Je reviens rarement sur mes billets, mais lorsque je le fais, je le fait avec plaisir.
      Passe une belle journée !

  2. J’aime beaucoup le litre et ce livre me tente beaucoup…le train, le coté délicat, suranné , la possible séduction des personnages.
    C’est dingue comme souvent les héroïne des romans se prénomment Anna ou Emma…Anna K et Emma B ont influencé psychologiquement les auteurs…

    • Ce titre plaît à tout le monde ! Pour l’atmosphère, comme dans une bulle, oui, ça va te plaire !
      Pour Anna et Emma, je me fais la réflexion chaque fois que je lis ces prénoms ! C’est marrant que tu le soulignes !!!

  3. Je confirme ce que j’ai dit chez Aifelle, ce sera donc ce titre-ci qui me fera découvrir l’auteur ! Ce côté désuet que tu annonces et la référence musicale me paraissent de bon augure.

    • Le désuet, c’est en fait la courtoisie de Christopher, son côté gentleman. Enfin… tu verras et tu me diras si toi aussi tu l’as perçu ainsi !
      Bonne lecture Mina

  4. Ha là tu m’intéresses, (ton billet est doux et tendre) j’ai l’impression de connaître l’auteur depuis le temps que tu m’en fais l’éloge mais jusque là j’étais tentée sans plus, là tu me fais envie, carrément ! En plus si c’est de l’ordre de la nouvelle question longueur c’est ce qu’il me faut en ce moment, je note ! 🙂 Bises♥

    • L’histoire n’a rien de spectaculaire, c’est juste une parenthèse dans la vie de deux personnes. L’écriture traduit bien l’ambiance, un cocon, et apporte un sentiment d’apaisement.

    • Tante Alice est un charmant personnage et si j’ai bien aimé le roman, je peux dire que j’ai eu une préférence pour « … les amis à ce moment précis… ».

  5. J’aime bien ces romans où il semble ne rien se passer et où finalement tout se dit et se fait en douceur. Les auteurs qui savent faire ça, je les note tu penses bien ! Et en plus c’est court ! bises

    • C’est une peinture de Hopper. Un très beau tableau que les blogueuses-lectrices reprennent souvent !
      Le roman est une douce lecture.
      Bon week-end 100drine…

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