La mort s’habille en crinoline

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Une lecture commune avec Bianca et Fanny

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la-mort-s-habille-en-crinolinesLa mort s’habille en crinoline
Jean-Christophe Duchon Doris

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Paris,

Mme Roger est une couturière réputée. En ce mois de janvier 1856, elle espère avoir dans sa clientèle Virginia Oldoïni, une aristocrate Piémontaise de dix-huit ans mariée au comte de Castiglione. Jeune, très belle et ambitieuse, elle a quitté Turin (son mari, ses amants) à la demande de son cousin Camillo Cavour, un homme politique dévoué à son roi Victor-Emmanuel II, qui souhaite la présenter à l’empereur Napoléon III.
La rencontre se fera à l’occasion d’un bal aux Tuileries et, pour briller de toute sa beauté, la rendre exceptionnelle, il lui faut des atours précieux.
Les soies se déversent dans des teintes flamboyantes, audacieuses, attractives ; il en faut quatre mètres pour recouvrir vingt-huit cerceaux de huit mètres d’envergure, une crinoline unique, véritable cage d’acier fabriquée par les frères Peugeot…
Dans l’atelier de Mlle Annabelle, les petites mains doivent satisfaire cette commande spéciale. Le travail, sur un tissu « bleu ciel et argent », va se poursuivre jusqu’au milieu de la nuit, alors que les ouvrières sont à tirer l’aiguille depuis l’aube. Eglantine, douze ans, est la plus jeune de l’équipe. Elle est heureuse de travailler avec sa meilleure amie Camille qui l’a prise en charge au décès de sa mère. Camille est belle, toute en douceur et en courbes, avec un port élégant, bien différente des autres commises. Elle pourrait jouer la doublure de la Castiglione pour les essayages des robes…

Sept ans plus tard,

Dans les chantiers des nouveaux quartiers haussmanniens, un homme balance le corps d’une jeune femme dans un trou, le cache sous des gravats et part, satisfait de son crime.
Le lendemain, lorsqu’on découvre le cadavre, nu et égorgé, le commissaire Thomazeau charge son nouvel inspecteur Dragan Vladeski de l’enquête.
Les détails révèlent que la jeune personne n’est pas une miséreuse, ce que confirme une amie venue l’identifier. Sans se faire prier, la jeune femme raconte, donnant à cette enveloppe un peu d’âme qui n’est plus.
L’affaire aurait pu rester en suspens car Dragan a été renvoyé de la police pour une affaire ridicule, mais d’autres assassinats sont commis, dont un qui déclenche agitations et malaises jusque dans le cabinet du Ministre de l’Intérieur. Par le fait du hasard, c’est Dragan qui tire de la Seine le corps de cette femme. La mort est, comme pour les autres cas, due à une lame, cependant le corps n’est pas dénudé, mais revêtu d’une robe imposante, magnifique et unique… bleu ciel et argent… C’est à cet instant que le mystère se dévoile un peu. Toutes ces femmes ressemblent à la comtesse de Castiglione, l’italienne qui fut durant deux ans la maîtresse de Napoléon III, célèbre pour sa beauté, son intelligence et sa puissance sur les souverainetés.

« – Discrétion et efficacité ! Je compte sur vous, monsieur Vladeski. Il va de soi que l’identité et le mobile de l’assassin de cette pauvre fille nous importent peu. Tout ce que nous voulons, c’est nous assurer que tout cela est sans lien avec la Castiglione et l’Empereur ! »

Réintégré dans la police, Dragan dirige ses pas vers les ateliers de couture et reprend contact avec la jeune fille qui l’avait ému, au début de sa première enquête. Eglantine est même prête à l’assister pour venger le meurtre de son amie.
Ils vont alors chercher pourquoi la mort s’habille en crinoline…

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Pour ce roman, l’auteur nous embarque dans le Second Empire. Je l’avais laissé avec le procureur Guillaume de Lautaret sous le règne de Louis XIV et je me retrouve plus de cent cinquante ans plus tard avec un autre enquêteur, Dragan Vladeski. Ce personnage, tout aussi séduisant que son précédent, plaît aux dames ! Ténébreux, beau, cultivé, une prestance aristocratique, des traits slaves, Dragan est le petit-fils bâtard d’un prince Croate. Ce qui peut séduire aussi chez lui, c’est une certaine forme d’innocence ou d’inexpérience.
Dragan est accompagné d’Eglantine, une jeune fille qui connaît les arcanes des ateliers de couture et les personnes qui les occupent. Elle a une belle personnalité, une jeunesse pétulante, qui allie ingénuité, sincérité et témérité.
Durant cette enquête, ils vont se découvrir.
L’histoire mêle des personnages fictifs à ceux de notre Histoire et peint le tableau d’un Paris qui subit d’énormes changements. Ils se voient dans les transformations urbaines pensées par le Baron Haussmann, la modernité des nouvelles technologies que l’on découvre lors des expositions universelles, comme la photographie, la mode qui n’en finit pas de se réviser… et les affaires politiques à l’affut des remous de l’Europe. L’ère est au progrès, mais les ouvriers et les pauvres gens subissent toujours les diktats des fortunés.
Personnage central, la comtesse de Castiglione nous permet de fréquenter ces différents milieux. Sensible au style qui la pare et la transfigure, elle sait faire la mode. Elle sait également mettre en scène les photos de Pierre-Louis Pierson dans lesquelles elle s’idéalise. Mystérieuse, elle joue de ses absences et de ses apparitions, laissant à ses admirateurs le droit de la vénérer via des imitations.

J’ai aimé ce nouveau roman de Jean-Christophe Duchon-Doris et comme le dit ma copine de lecture commune Bianca, « c’est l’évocation historique qui m’a intéressée » le plus… mais je tiens à préciser que les scènes qui relatent les meurtres, dans un jeu du chat et de la souris, captivent bien le lecteur !

Je vous recommande cette lecture.

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37 réflexions au sujet de « La mort s’habille en crinoline »

  1. Je suis très contente d’avoir partagé cette belle lecture avec toi ! Ce roman est une belle réussite et tu en parles comme toujours formidablement bien

    • Douce Bianca ! Ton billet est parfait ! Je voulais aussi parler de Zola… »Au bonheur des dames »… et de bien d’autres choses que tu cites, mais cela aurait été comme un plagiat de ton billet !!!
      Bise

  2. Je vais être sérieusement en retard pour cette lecture… Je suis contente de voir que vous avez apprécié ce roman. Du coup j’ai hâte de le commencer demain!
    Très belle reproduction d’une plaque de verre. 😉

  3. Pour moi c’est original car j’imagine toujours les meurtres en série dans notre époque, à vrai dire j’ai du mal avec le passé , mais pas avec les ténébreux; je peux craquer. 🙂

  4. tu m’a convaincu
    ce roman a l’air super. je me le commande a la fin du mois! pardon pour les fautes d’accents. je suis un telephone anglais. chouette billet! bisous british.

    • J’espère que tu apprécieras Guilan ! Ne mets pas trop l’accent sur l’intrigue… mais dévore tout ce qui est historique. Nombreux sont les personnages qui ont vraiment existé. C’est une ambiance, une époque… Sinon, Dragan va te plaire ! aussi ténébreux que Thornton.

  5. Je m’aperçois que les romans historiques me manquent, j’en lisais pas mal avant le blog ! Et là avec la Castiglione, le monde de la couture, ça me fait envie ! Les travaux haussmanniens et d’autres détails m’ont fait penser à La Curée de Zola, pas que le Bonheur des Dames, cette époque était particulière avec tous ces changements après une longue période d’inertie…

    • Oh ! je n’ai pas répondu à ce message ! J’aime beaucoup lire des livres qui me font voyager dans le temps et lorsqu’il y a une intrigue policière… un chouïa d’amour… c’est le must !

  6. Je note bien sûr ! Comme toi, ce que je préfère souvent dans les polars historiques c’est l’évocation de l’époque. En plus ici il y a aussi la mode de l’époque…tout pour me plaire.
    Bisous

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