Le coupeur de roseaux

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Challenge « Un classique » de Stéphie


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Le coupeur de roseauxLe coupeur de roseaux
Junichirô Tanizaki

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L’auteur ou une autre personne, se promène sur les chemins qui logent le sanctuaire de Minase. Chassé de Kyoto, Go-toba, 82ème empereur du Japon,  avait érigé un palais dans les lieux. Sous les ramages des érables, il se récite les haïkus qui célèbrent la rivière Minase, les montagnes, la brume, l’automne et le flot des arbres.

« Rivière Minase !
Pourquoi avoir préféré
Les soirs d’automne ?

Ils auront traversé
les premiers mille ans
sans vieillir !
Ces jeunes pins présagent
un long règne à notre seigneur… »

Le sanctuaire national est un mémorial aux trois empereurs déchus de l’ère de Jôkyû. Le narrateur a le regard tiré vers le mont Tennô, les cours d’eau, les berges de la rivière envahies par les roseaux, les roches… tout est ravissement pour l’âme du promeneur poète, peintre.
L’après-midi appelle le soir et sa lune. Entre les tuteurs des roseaux, un homme le salue. Le narrateur n’est plus seul, un contemplateur s’invite dans ses songes. D’une charmante et douce manière, il requiert le plaisir de lui raconter une histoire… celle de son père et d’un amour, O-Yû sama, une belle dame sans merci.
Un verre de vin, deux verres, trois… l’invitation au saké est irrésistible, elle donne de bonnes sensations. L’un narre une vie, l’autre l’écoute sous le clair de lune qui enchante le miroir de la rivière.
Juste une histoire que la brise happe en passant…

« … tout petit, mon père me forçait chaque année à parcourir quelques deux ou trois lieues le soir de la pleine lune du huitième mois. Aujourd’hui encore, le retour de cette date me ramène des souvenirs de cette époque. A cette occasion, mon père me tenait des propos semblables à ceux que vous venez de tenir : « Sans doute n’es-tu pas encore capable de ressentir toute la mélancolie de cette nuit d’automne, me dit-il souvent, mais un jour tu comprendras. »
– Que voulait dire ce comportement ? Aimait-il à ce point ce jour de pleine lune ?… »

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De la contemplation à la rêverie, du voyage intérieur à la simple promenade, l’auteur commence par nous présenter une estampe, un décor bocager, sous les vers japonisants d’une antique époque. La balade est harmonieuse, pas hâtive, douce avec son air automnal et sa lune mystérieuse. Le lecteur déambule paisiblement avec lui, embarqué dans un dédale de chemins aux horizons lointains. Les images sont belles, elles méritent nos pensées. Un vieil homme apparaît et conte l’histoire d’une jeune femme parée de toutes les qualités, belle comme l’astre et inaccessible.
Sensible, sensuelle et musicale, l’histoire se saisit de la deuxième partie de la nouvelle. Le vieil homme aborde avec délicatesse l’obsession de son père séduit par les visages de O-Yû qui donne le ton et rythme la danse.
Un récit aux us d’un Japon ancien et traditionnel, une marque du temps subtile, un héritage à travers une confidence, ce livre est une belle écriture..

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estampe roseaux
Hiroshige – Estampe « Soixante-neuf relais de la grande route de Kiso »
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23 réflexions au sujet de « Le coupeur de roseaux »

    • « Le journal d’un vieux fou », « La clef »… C’est vraiment une petite balade très nipponne. Tout l’art de la narration, que tu peux apprécier.

    • C’est particulier comme écriture. Il faut vraiment se poser et jouer de l’imagination. La culture nipponne est subtile. Je découvre.
      Bonne lecture George

  1. Tu as lu  » journal d’un vieux fou »? J’ai commencé Tanizaki par ses romans et je dois dire que ce recueil de nouvelles m’a un peu déçue. Mais c’est un très bon auteur japonais. Un classique même.

  2. Coucou,
    je note ce livre qui sera lu dans le tram pour aller au boulot.
    En effet j’ai décidé de lire tous les jours dans mon moyen de transport mais la condition petit livre et pas cher !
    Bises

  3. Ton billet me donne très envie, je le note tout de suite !! je ne comprends pas je ne reçois pas tes articles par mail alors que je suis abonnée. Je me suis donc désabonnée puis réabonnée, j’espère que ça va marcher…
    bonne journée 🙂

    • Oui Manu.
      J’ai terminé un Murakami qui te plairait peut-être…
      « Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil ».
      A bientôt, et pense à prendre le Enola ! J’aimerais bien continuer… Biz

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