Les aventures d’un goubelin en pays de Broe

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Le mois Halloween avec Hilde et Lou

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les aventures d'un goubelinL’extraordinaire après-vie d’Alice Osmont ou…
Les aventures d’un goubelin en Pays de Broe
Texte et illustrations d’Hélène Larbaigt

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Il faut prendre une barque pour passer d’un monde à l’autre, celui des vivants à celui des morts. La brume est épaisse, la pleine lune et les feux follets sont les seules lumières. Une créature, laide, crochue, aux dents acérées, attend au portail et accueille les nouveaux. « Bonsoir. Rangez-vous dans la file et attendez qu’on vous appelle ! »
A treize ans, Alice Osmont n’est pas rassuré de découvrir ce monde d’outre-tombe. Paradis ou enfer ? Il ne sait pas où il est…
A la réception, un elfe barbu lui fait signer un registre et lui souhaite la bienvenue au pays des Blancs-goulés ; le jeune Alice est devenu un goubelin.

« – Hum ! Vous êtes bien M. Alice Osmont, désormais les deux pieds dans la tombe – constatez par vous même ?
– Pardon ? lui demandais-je en découvrant avec horreur que je me trouvais effectivement au-dessus d’un gouffre béant qui disparut en laissant place à une très désagréable sensation de vertige. »

goubelin 2On lui attribue une habitation en Pays de Broe qu’il doit partager avec des chats fantômes, une cousine éloignée, Bélissende, et Ercibald Abbot, un ancien libraire. « La Maison-du-chat-qui-chacoute-et-charmoie-en-se-léchant-la-queue » est une surprise car elle est identique à son ancienne demeure  ; même adresse à Rouen, même décoration, mais ailleurs…
Aidé dans son apprentissage goubelin par ces deux co-locataires, Alice découvre un univers inquiétant peuplé de
monstres. Il nous raconte sa nouvelle vie et nous fait partager les notes de ce cher Ercibald qui étudie l’origine des goubelins, les répertorie et les fiche.
Dans le premier livre, les chapitres retracent les différents genres des esprits de la nuit (les métamorphées, les fées domestiques, les gargouilles, les fées de Moremoflet, les vampires, les loups-garous, les létices, les fourolles…), ainsi que leurs particularités. On apprend  que l
e goubelin n’est pas méchant, qu’il est plutôt taquin et serviable et qu’il est souvent le gardien de fabuleux trésors.

Ce cher Alice a tant à découvrir ! et il nous invite à le suivre dans son extraordinaire après-vie…

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Le voyage en pays de Broe d’un jeune goubelin est un album graphique dont l’atmosphère fantasmagorique rappelle l’univers de l’étrange cabaret des fées désenchantées qui m’avait tant charmée. Là aussi, l’écriture et les illustrations abondent et dépassent toute ordonnance. Comme pour une potion magique, l’auteur aligne ses filtres d’imaginaire et distille… une goutte de légendes ancestrales, une goutte de féerie, de fantasmes, une autre pour l’humour, et… une pour le rock, une pour le punk, une pour le gothique, une pour l’extravagance, une pour la grâce, une pour la poésie, une pour l’obscur, une pour la mélancolie, une pour le rêve… Je ne sais pas exactement les quantités, ni les formules, mais elle le fait généreusement, passionnément.
Alice est un personnage fort sympathique qui nous embarque dans sa vie après la vie. On découvre que cette existence est pleine de vitalité, très dynamique. Les goubelins aiment les spectacles, la musique et les manifestations sportives. Tous se retrouvent dans le creux de la terre, un monde parallèle au notre, où nous côtoyons des goubelins chapeautés, des trolls, des Dames blanches, des damnés, des Milloraines… Grâce aux fiches d’Ercibald, on apprend à mieux les connaître.
Lorsque vous pénétrez ce livre, vous entendez des sons de cornemuses. Les nuits de fin d’automne, alors que l’hiver s’annonce, ils se retrouvent tous dans les tavernes à trinquer, à chanter et à dire de la poésie… Et il y a des soirs où on aimerait bien les rejoindre !
Je vous recommande cet album aux si belles illustrations… c’est magie !
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D’autres billets chez Zeb,

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Wilhelmina Bellhelm, la meilleure amie d’Alice, une Mille-groux

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L’étrange cabaret des fées désenchantées

Logo_BabelioMnemos_logo_NBUn livre offert dans le cadre des MC de Babelio
avec la participation des Editions Mnémos

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l'étrange cabaret des fées désenchantéesL’étrange cabaret des fées désenchantées
Textes et illustrations d’Hélène Larbaigt

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Ce superbe livre dense, précieux, aux illustrations fines, riches, étranges, parfois effrayantes, se découvre par petites lectures, car il y a des histoires dans une. La profusion des écrits et des dessins d’Hélène Larbaigt absorbent le lecteur et le mènent dans un monde fantastique. En douceur, il dévoile les secrets des fées, des créatures que de tout temps les hommes ont chassées, ont aimées, ont tuées. Elles étaient ogresses, sorcières, démones, spectres, sirènes… De 1884 à 1984, il a fallu un siècle pour collecter les informations sur leurs identités, leurs histoires. On peut penser qu’elles sont inaccessibles, et pourtant elles s’offrent généreusement avec des sourires… mais attention au venin, rien n’est gratuit, elles ont trop souffert. Belles, elles le sont, dangereuses, aussi. Drapées dans de luxueux atours, érotiques, gothiques, steampunk, certainement parfumées aux essences capiteuses de tubéreuses, musquées, animales, poudrées d’étoiles et de poussières de fleurs, elles paradent pour Morte Vanité, la blonde fée qui sent la violette et qui a des bottines ensorcelées. La connaissez-vous ?

« Morte Vanité, la Fée des Vanités, fée fatidique, gardienne de l’autre monde… d’origine du pays de Galles en Angleterre. Née au XVIIème siècle dans le monde des hommes, au VIIIème siècle dans l’autre monde. Fondatrice de l’Étrange Cabaret à l’automne 1884… »
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.morte_vaniteMorte Vanité

.Le livre est comme une scène dont les décors seraient XIXème. Donnez votre ticket d’entrée à Guinevra Applewood, fille de fée… Choisissez bien votre loge, votre décor ; manoir, vieux théâtre, petite boutique d’un souk égyptien… le cabaret est un cirque qui voyage dans les endroits les plus insolites. Commandez votre repas, votre philtre, un menu vous est proposé, ripaillez de magie et trinquez avec elles ! Des tentures pourpres, velours, soies, taffetas, des boiseries précieuses, des lumières tamisées, des senteurs de fleurs fanées, des ombres pour mieux se perdre et des rires de crécelles, des rires sans joie, des rires de mélancolie qui accompagnent la musique.
Les temps ont changé mais l’âme humaine est toujours la même. Elle est avide des choses qu’elle ne peut avoir, les légendes le racontent, ainsi que ce catalogue d’histoires qui commence par Morte Vanité. Le recensement se poursuit avec toutes les autres créatures déchues qui hantent et qui désespèrent de ne plus savoir où aller. Elles  viennent de tous les pays. Elles habitaient les bois, les lacs, les mers, les îles, les neiges, les monts, les campagnes, les villes. Elles sont vaniteuses, mortelles, naufrageuses, gorgones, fille de fée, prêtresse vaudou, dame blanche, veuve noire… elles sont tout cela et encore plus, tous nos rêves et nos cauchemars. Elles offrent à la demande les réjouissances toujours éphémères, et le tribut à payer est grave, souvent mortel. Elles sont conteuses… Il é
tait une fois Londres 1884, Prague 1909, Dartmoor 1488, Bulgarie 1926… New-York 1983, il était une fois, bien plus ancien encore, le temps des fées et des déesses.
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Retenez bien leurs légendes, leurs mythes antiques, sinon elles risquent de dépérir. Apprenez à les connaître, les apprivoiser, tout en retenant que pour certaines, leurs malheurs ont fait les nôtres. Comprenez ce cabaret, l’œuvre, sa structure, son espérance de vie. Appréciez le spectacle des illusions entre ces pages, partagez leur triste liesse des gloires anciennes, faites durer l’enchantement. Leur sécurité est aussi leur réclusion. Elles aspirent à la liberté. Rentrez dans leurs petits secrets, observez les coulisses. Comme je vous le disais au début de cette présentation, les histoires personnelles se mêlent à celles du cabaret. L’osmose est hasardeuse, on découvre dans les confidences les jalousies, les rivalités, des amitiés hésitantes, l’amour entre un dieu, Cham l’homme-lion, et une fée déesse, Bast la féline.

Je vous invite au music-hall ! Je vous invite à lire la poésie de L’étrange cabaret des fées désenchantées et à percer leurs mystères.

Morte Vanité, Lussi la Blanche-Dormante, Rosie la Veuve Noire, Ona Oknata, Baba Yaga, Bast Myeaou Mehenyt, Greta Lebkuchen, Moira d’Arkaig, Les soeurs du Tarot, Guinevra Applewood, Circé, Baronne Samedi.

(Ce livre n’est pas pour les jeunes enfants)


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Le protectorat de l’ombrelle, Sans honte – Tome III

logohalloween14logo Steampunklogo XIXème 2Octobre sur le vaisseau fantôme avec
Hilde et Lou
Steampunk, et XIXème de Fanny

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Sans âme, tome I
Sans forme, tome II
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sans honteSans honte
Le protectorat de l’ombrelle
Gail Garriger

(Attention ! billet avec spoilers)

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Londres sous l’ère de Victoria,

Lady Alexia Maccon a quitté son mari. L’Alpha de la meute des loups-garous et quatrième comte de Woolsey, lord Conall Maccon, l’en a pratiquement contrainte en refusant de reconnaître l’enfant qu’elle porte. Hélas… d’après les écritures, une paranaturel et un surnaturel ne peuvent pas enfanter.
Depuis deux semaines elle loge chez son beau-père, sous les feux des critiques hystériques de sa mère et des conversations stupides de ses demi-sœurs. « Le désagrément fœtal » comme elle le nomme est une véritable énigme qui fait jaser toute la bonne société sur une hypothétique inconvenance qu’elle aurait commise hors de la couche maritale. L’affaire prend de telles proportions, qu’Alexia se voit également démettre de ses fonctions du Cabinet Fantôme de la reine Victoria. Rejetée par Conall, et forcément de la meute, abandonnée par lord Akeldama qui a disparu on ne sait où, menacée de mort par les vampires de la ruche de la comtesse Nadasky, pourchassée par une horde de coccinelles mécanisées en bombes, elle réunit quelques uns de ses amis proches et fidèles pour leur dévoiler ses plans. Elle part en Italie… (pays des mâles Italiens, du café, du pesto… de tutti quanti… mais aussi fief des Templiers).
Approuvé par le professeur Lyall, Bêta de la meute, qui est de plus en plus inquiet pour son Alpha repu de formol (il n’y a que ce breuvage qui peut le saouler), par Floote, le mystérieux-ancien valet de feu son père, et par Geneviève Lefoux, inventrice Française au service de l’Ordre de la Pieuvre de Cuivre, le voyage est décidé à l’unanimité…

« – Lady Maccon, comment osez-vous montrer votre visage ici ? Prendre le thé d’une façon aussi voyante en compagnie d’un (elle fit une pause), d’un carton à chapeau agité… Dans un établissement respectable, fréquenté par des femmes honnêtes, convenable et d’excellente réputation.. Vous devriez avoir honte ! Honte de simplement marcher parmi nous (….) Vous devriez être en train de ramper aux pieds de votre mari et de le supplier de vous reprendre. »

Au manoir de Woolsey, juste avant d’être enfermé dans les geôles souterraines du château par le professeur Lyall qui ne sait plus comment faire pour le sortir de sa dépression, Conall demande à son Gama le commandant Channing Channing des Chesterfield Channing de surveiller Alexia et de la protéger de tout danger.

Accompagnée de Geneviève, toujours habillée en homme, et de Floote, Alexia va chercher les explications de sa grossesse auprès de l’Ordre du Temple. L’Italie lui préserve des surprises… mamma mia !

« L’Italie ?
– Le creuset des opinions antisurnaturelles, cracha le professeur Lyall.
– Le cloaque du fanatisme religieux, ajouta Tunstell.
– Les Templiers.
Ce dernier mot était de Floote et il le murmura. »

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Ce troisième tome est digne des précédents. L’écriture folle de l’auteur, humour et loufoqueries, me ravit chaque fois. Plus que l’histoire qui se développe, ce sont les extravagances des mots-fleurs. Gail Carriger jardine méticuleusement son scénario. Je me délecte alors des noms des personnages (Channing Channing des Chesterfield Channing, ou Emmet Wilberforce Bootbottle Fips, Fips pour les intimes, ou…), de leurs caractères extravagants, des situations absurdes,  de toutes les machineries bizarres qu’elle crée, des réparties, de l’ambiance victorienne aromatisée de so style et de fantaisie… C’est sûr, elle doit être apparentée à lord Akeldama !
Nous sommes embarqués sur le Continent et découvrons les mœurs des autochtones avec les coquineries des Français et les goûts sauvages des Italiens pour le café et l’ail ! Si les vampires craignent ce condiment, les loups-garous redoutent le basilic. L’entourage habituel d’Alexia se restreint un peu car elle laisse son imbécile de mari qui pédale dans sa tête, sa meilleure amie Ivy devenue Madame Tunstell, la meute… Lord Akeldama est absent, la présence de lord Ambrose, vampire au service de la comtesse Nadasdy, est juste esquissée… mais l’histoire dévoile un peu plus de la personnalité ambiguë de Geneviève Lefoux et celle impénétrable de Floot le valet.
Je ne suis pas déçue par ce volet et je lirai sans aucun doute le suivant… « Sans cœur ».

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D’autres billets chez AcrO,

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Peinture de James Tissot, « La Tamise »

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