B.D. du mercredi de Mango
Challenge de la Rome Antique de Soukee
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La pourpre et l’or – Tome I
De sable et de Sang – Tome II
La meilleure des mères – Tome III
Ceux qui vont mourir… – Tome IV
La déesse noire -Tome V
Le sang des bêtes – Tome VI
Murena
Vie des feux – Chapitre VII
Revanche des cendres – Chapitre VIII
Texte : Jean Dufaux – Dessins : Philippe Delaby
Couleurs : Jérémy Petiqueux
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Rome, juin 64 après J.C.,
Néron a sombré dans une profonde tristesse à la mort de sa fille Claudia Augusta à l’âge de quatre mois. Las, il est assailli par les ombres du passé.
Une chaleur caniculaire est annoncé sur Rome pour les mois de l’été et des risques d’incendies sont à craindre. Le préfet de la garde, Ruffalo, prévient Néron et montre Le Palatin, architecture décousue, comme une menace pour la ville. Le rêve de Néron d’une cité nouvelle s’exacerbe.
Alors que des projets sont à élaborer, Massam le gladiateur au service de Poppée annonce le retour d’un vieil ami devenu un proscrit, un traître… Murena.
Lucius Murena est revenu de Gaule avec Balba. Hébergé par Rubria, une vestale et amie de sa famille, Murena a bien changé. La mort de son aimée Acté a modelé les traits de son visage, émacié, ombré par une barbe, et rendu son regard encore plus noir. Le jeune praticien, charmant et crédule, fait place à un homme hanté par des vengeances.
Lorsque Néron apprend que Rubria brave son autorité en accueillant Murena, sa colère ne tarde pas à s’abattre sous l’oeil égrillard de Massam. Tous deux violentent la vestale qui, de honte et de douleur, se donne la mort.
Cet outrage, fait pour narguer Murena, sera le dernier point qui engendrera la colère, explosant de violence les inimitiés et les rancoeurs. Dans un rendez-vous, le duel se tiendra dans une taverne du Palatin. Massam attend avec impatience Murena pour attiser la flamme, l’ardeur de la haine.
Un feu qui dévore les coeurs et Rome, dans la nuit du 18 juillet 64…
« Accompagné de sa cour, Néron parcourut à bride abattue les soixante milles qui le séparaient de Rome. Il lui restait à découvrir la réalité de ses songes, La vie des feux ! »
Deux hommes contemplent le spectacle ; Néron, subjugué par les feux de l’enfer; Murena « qui l’a déclenché ».
La panique pousse les hommes vers le Tibre, les acculant au désespoir. L’univers est un purgatoire.
Néron, la carte de la ville déployée, donne des ordres à la garde prétorienne, sous le commandement de Ruffalo, pour l’évacuation. Des quartiers sont sacrifiés, des vies oubliées dans les flammes pour sauver d’autres lieux. Les choix sont abominables mais Néron, tacticien, essaie d’enrayer l’embrasement.
De son côté, Murena mène une foule vers le Champ de Mars et se heurte à la garde qui fait barrage.
Morts chez les plus humbles comme chez les plus riches, l’incendie dure une semaine.
Rouge de feu, gris de cendres, Rome s’est voutée et cherche les responsables.
Châtiment des dieux envers le César Néron ? Il serait plus souhaitable que cela soit cette secte de chrétiens dont on retrouve sur les murs encore érigés, leur trace sous le signe d’un poisson.
Alors que certains spéculent et spolient de leurs biens les victimes, que Néron sur les conseils de son entourage ourdit des accusations contre les Juifs, d’autres recouvrent de terre leurs morts et commencent sans tarder à oeuvrer pour un renouveau.
Dans les ruines, Murena prend conscience que son honneur est plus digne que celui de Néron le meurtrier et étanche sa soif de justice dans la sueur et le sang en aidant à la reconstruction de la cité.
La fin de ce mois de juillet de l’an 64 présage d’une autre histoire… Néron, Murena, Balba, Massam sont des pions que les dieux aiment déplacer.
Depuis le premier tome de cette saga, j’attendais ce huitième volume qui illustre Rome sous les flammes.
Les dessins de Delaby prennent vie et rendent le sinistre dans toute son horreur. Il est essentiel de souligner le talent de l’illustrateur qui saisit une myriade d’expressions des personnages qui fuient l’incendie et qui capitulent.
Le coloriste Petiqueux a pour sa part insisté sur les teintes de rouge et d’or pour la fournaise, et de gris de cendre pour d’autres cadrages, restituant des contrastes et des distinctions entre le délire et des moments plus sobres, moins criants.
Le scénario, quant à lui, fait apparaître des rôles seconds et leur offre une belle place de traître ou de valeureux ; Tigellin, Massam, Ruffalo…
Néron n’est pas l’empereur que Peter Ustinov joue dans « Quo Vadis ». Sa folie n’étant pas encore déclarée, il alterne entre insensibilité, rage, destruction et compassion, miséricorde. Son ambition est de reconstruire sa Rome. Quant à Murena, il est rongé par son désir de vengeance. Cette noirceur le rend implacable, brutal, presque détaché de l’enfer qui le cerne. Mais face à sa responsabilité, sa lucidité le taraude et cherche à le faire expier de ses fautes, de « sa folie et ses tourments ».
Cet album clôt superbement ce cycle de l’épouse et pour avoir lu quelques pages sur la suite historique, je sais que les auteurs préparent un troisième cycle. Il narrera la fin de ce règne et retracera la persécution des Juifs.
Le préfet de la garde Prétorienne, Ruffalo
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