Trollhunters

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Un livre offert par Babelio et les Éditions Bayard

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Guillermo Del Toro
Daniel Kraus

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San Bernardino, une petite ville de Californie,

Depuis que sa mère les a laissés quand il était petit, James Sturges Junior, dit Jim, vit seul avec son père dans une maison qui ressemble à un bunker. Des alarmes, des capteurs de présence, des dizaines de verrous aux portes et des caméras, ont été installés pour assurer leur protection. Jim a beaucoup de peine pour ce père névrosé, négligé, vieux avant l’âge, qui n’a jamais pu se remettre de la disparition de son frère Jack, quarante cinq ans plus tôt. Depuis ce drame, il a essayé de maintenir un semblant de vie normale, mais sévèrement traumatisé, il n’y arrive pas et fait subir à son fils toutes les psychoses qu’il a en lui.

Trollhunters-Artwork-1En 1969 dans la région de San Bernardino, près de deux cents enfants ont disparu sans laisser de trace. Jim Sénior avait à l’époque huit ans et Jack treize ans. Une milice de parents avait été créée, les enceintes des écoles avaient été renforcées et le soir, un couvre-feu avait été instauré. Mais pour l’anniversaire de Jack, on leur avait accordé un peu de liberté et ils étaient partis essayer le nouveau vélo reçu en cadeau. Ils avaient emprunté la route qui mène au canal et au pont Holland. C’est à cet endroit, sombre et encombré de rebuts, que Jim Sénior a vu pour la dernière fois Jack. Il n’a jamais pu raconter le cauchemar qu’il avait vécu, entre rêve et réalité. Qui aurait pu le croire s’il avait dit qu’il avait vu un monstre poilu, immense, plein de griffes ?

Les monstres… Jim Junior en voit un tous les jours au lycée. Steve, le capitaine de l’équipe de basket, est le caïd qui fait subir aux plus faibles les pires tourments. Avec son copain Toby, ils ne font pas le poids et se retrouvent souvent la cible de ses perversions. Mais ce n’est pas en se comportant comme une mauviette qu’il séduira Claire Fontaine, une Écossaise qui vient d’arriver… Claire est différente des autres filles ; belle, intelligente et curieuse. Son non-conformisme est une singularité qui détonne dans l’univers du lycée. Et quand elle joue le rôle de Juliette au théâtre, elle est simplement magnifique !

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Une nuit, Jim est surpris par des bruits. Il avait déjà entendu de tels chuintements dans les canalisations des sanitaires du lycée, et pour rire, il avait imaginé des créatures surnaturelles qui ne demandaient qu’à sortir. Mais seul dans sa chambre, c’est une autre histoire. N’osant pas s’aventurer dans la maison, il reste dans son lit, à l’affut des grognements. Serait-il devenu fou ? Sur son ordinateur portable, il cherche des vidéos qui témoignent des étrangetés qui se seraient passées à San Bernardino et tombe sur des trucs incroyables. C’est alors que la porte de sa chambre s’ouvre sur le pire de ses cauchemars. Une odeur fétide, des tentacules, plusieurs yeux, et voilà qu’un monstre l’entraîne sous son lit, à l’intérieur des lattes du plancher.

Toby lui avait bien dit qu’il fallait toujours regarder sous son lit ! Tétanisé par la peur, Jim est contraint par le monstre et se retrouve dans une sorte de caverne remplie d’ordures. Quel est cet endroit ?

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C’est un homme en armure qui va répondre à ses questions. Les monstres sont des trolls qui habitent une cité souterraine. Grâce à un médaillon traducteur, il peut comprendre leur langage et communiquer avec eux. Ils sont horribles mais pas forcément cruels. Enfin, pas tous ! L’homme de fer lui présente ARRRGH et Blinky, des compagnons d’armes qui l’aident à combattre Gunmar le Noir, le troll mangeur de chair humaine et kidnappeur d’enfants.
S’il a choisi Jim pour l’avoir à ses côtés, c’est qu’il est le descendant d’une lignée de guerriers. Son patronyme signifie « lance ». Il est le paladin de sa génération.

Jim découvre un univers parallèle grouillant fait de poubelles et de trolls en tout genre qui aiment guerroyer, manger, chanter et parler en prose. S’il comprend bien, cette visite impromptue n’est pas une simple sollicitation courtoise… La menace est claire et impérative. Il doit prendre les armes pour lutter contre Gunmar.  L’homme de fer insiste en lui donnant le médaillon…
« – Si tu ne le prends pas maintenant, s’emporta-t-il, nous reviendrons te chercher demain dans la nuit. Et la nuit d’après. Et celle d’après encore. Et ce sera tout ce à quoi se résumera ta vie, Jim Sturges, jusqu’à ce que tu nous obéisses. »

Le soleil commence à se lever, c’est l’heure de regagner pour chacun leur monde. Jim se retrouve dans sa chambre, le médaillon près de lui. Ce n’était pas un rêve. Pfff… il va falloir qu’il raconte sa nuit à Toby !

Élève médiocre, adolescent gringalet, pas trop héroïque, comment Jim pourrait se transformer en un valeureux guerrier chasseur de trolls ? Là, est toute l’histoire qu’on nous invite à lire…
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Guillermo del Toro avoue aimer les créatures monstrueuses. Dans ce livre, avec l’auteur Daniel Kraus, il nous en présente tout un panel. Au plus elles sont horribles, au mieux c’est. Quel est le lecteur qui ne frissonne pas d’effroi quand il lit qu’elles se cachent sous le lit ou qu’elles profitent des coins les plus obscurs pour surprendre l’enfant ? Ça nous renvoie aux fantasmes terrifiants de notre enfance.
L’histoire embarque deux adolescents, Jim et Toby, guère confiants en leurs capacités, pour cette quête initiatique ! L’un est petit pour son âge, l’autre est obèse. Ils ne sont pas préparés à affronter de gigantesques bestioles aux dents acérées, pourtant ils vont s’en donner à cœur joie ! Tremble Gunmar !
Sur un tempo échevelé qui va en crescendo, les aventures de notre héros et comparses ne manquent pas d’humour, ce qui allège un peu la tension du début…
Le fantastique permet des intrigues les plus farfelues.
Pénétrer dans un autre monde m’a fait penser à l’expérience d’Alice de Lewis Carroll, quant aux trolls, ce fut une pensée à la série « A comme Association » d’Erik L’Homme et Pierre Bottero.

Je recommande ce livre qui est destiné aux jeunes adolescents. J’ai pris plaisir à le lire et je prendrai plaisir à le voir, car on découvrira Trollhunters dans le courant de l’année avec une adaptation en film d’animation. Alors… à suivre !

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Images du film d’animation « Trollhunters »

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La fille du docteur Baudoin

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la-fille-du-docteur-baudoin-marie-aude-murailLa fille du docteur Baudoin
Marie-Aude Murail

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L’élégant docteur Jean Baudoin s’agace de tout, en pleine crise de la cinquantaine. Son travail l’ennuie, son nouvel et jeune associé Vianney Chasseloup, si gentil, si patient, l’exaspère, et ses enfants grignotent ses nerfs. Atteint de sinistrose, il se réfugie le plus souvent dans l’ironie mordante.
« – Sainte Dolto, priez pour nous ! dit-il de ce ton mondain qui lui allait si bien. Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il me refile une moule accrochée au canapé, une gravure de mode et une gardeuse de cochons virtuels ?
– Tu parles de tes enfants ?
– Je préfèrerais que ce soient ceux du voisin.
– Pourquoi tu dis ça ? Quelqu’un t’entendrait, il croirait que tu ne les aimes pas.
– Je les aime… Mais j’aurais quand même mieux fait de les noyer à la naissance. »

Cerise, huit ans, est obsédée par ses élevages, bébé cochon, vache, poussin ninja, dragon, et quand sa cochonne se fait bouffer par un loup, c’est le drame !…
« – Oh, papa ! s’exclama Cerise. Je sais que c’est pas vrai et qu’il y a d’autres raisons de pleurer dans la vie, mais j’avais réussi à gagner deux cochons, et ils allaient faire un bébé en plus ! Mais il y a quelqu’un qui est entré chez moi et il a lâché un loup qui a mangé ma cochonne. Et mon pauvre cochon, il n’a plus de joie de vivre, maintenant… »
Paul-Louis, quinze ans, brillant élève de seconde, compte bien se dévergonder avec son copain Sixte dans les soirées branchées, les rallyes ; il lui faut donc un nouveau costume, c’est in-dis-pen-sable !…
« – Au fait, demanda Paul-Louis à son père, tu pourras me passer ta CB demain ? (…)
– Mais on se fait jeter dans un rallye si on n’a pas de costume !
– Et une cravate, lui rappela Cerise. »
Violaine, si belle, dix-sept ans et future bachelière ; en mode glandouille, se questionne sur son avenir… Et si elle laissait tomber son bac S pour faire un bac L ?
« – Quoi ? s’écria le docteur Baudoin. Mais le bac, c’est à la fin de l’année !
– Je veux faire une école de journalisme, poursuivit Violaine, sans paraître remarquer l’objection de son père. (…)
– Avec un bac S, on peut faire du journalisme scientifique…
– Oui mais non, l’interrompit Violaine de sa voix la plus molle, moi, ce que je veux, c’est faire des reportages comme d’aller filmer le cyclone en Louisiane… »

Il y a des soirs comme celui-ci, où le docteur Baudoin souhaiterait être ailleurs… mais le jour où Violaine lui rend visite à son cabinet pour lui apprendre qu’elle pourrait être enceinte, c’est pire que tout ! Être maître de ses émotions, museler le fauve qui est en lui, donner un test de grossesse, refermer la porte de son bureau et attendre.
Lorsqu’il lui posera la question, Violaine lui dira que c’est négatif…

Or, Violaine a menti à son père. Avec sa meilleure amie Adélaïde, c’est vers le Centre de planification familiale qu’elle va chercher de l’aide. Là-bas, elle aura la surprise de rencontrer Vianney Chasseloup qui tient un cabinet de consultation durant son temps libre…
Le docteur Chasseloup est le contraire du docteur Baudoin. Investi dans son travail, profondément humain, toujours à l’écoute de ses patients, il voue une admiration envers cet associé qui a eu la générosité de le prendre avec lui. Alors, il va prendre soin de Violaine et l’assister du mieux qu’il pourra dans ses démarches.
Est-ce que Violaine va garder le bébé ?

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J’aime beaucoup les romans de Marie-Aude Murail. Ils apportent toujours de belles émotions. Puis il y a cet humour aux différentes tonalités ; espiègle, radieux, grinçant, noir.
Une belle plume.


Pour faire comme ses copines, pour ne pas être en marge, un soir, Violaine dit oui à son petit ami et se retrouve enceinte. L’histoire du roman raconte sa détresse, son courage et le parcours qu’elle décide de prendre, seule. L’avortement est alors abordé avec tact, intelligence, sans affectation.
La famille, socle branlant, a aussi une belle part. Le docteur Baudoin ne suscite pas une sympathie immédiate tant il est désagréable, cependant il arrive à nous attendrir. Cerise, la petite puce qui semble être obnubilée par sa ménagerie virtuelle, est consciente des états d’âme des uns et des autres. Son regard doux et innocent est un baume. Paul-Louis dit Pilou, qu’on pense égocentrique, n’hésite pas à jouer du poing pour défendre l’honneur de sa sœur aînée. Quant à la mère, Stéphanie, capitaine qui
a subi des houles et des cyclones dans sa vie de femme, continue à faire face à la tempête avec sang-froid. Dans les premières pages, l’union de cette famille ne paraît pas évidente… et pourtant, elle sera du genre « Un pour tous, tous pour un ».
Cette chronique ne serait pas complète si je ne parlais pas du gentil docteur Chasseloup, à l’enfance meurtrie. J’éprouve beaucoup d’empathie pour lui. Il est un médecin comme on en trouve peu. Il répare les corps et les âmes, dévoué, généreux et sensible. Violaine qui le compare à un âne à cause de ses yeux doux, trouvera en lui un soutien loyal et sincère.
Ah… ne pas oublier de vous dire… ce roman est aussi une belle histoire d’amour… Elle aime beaucoup les ânes et son prénom. Il aime son prénom et ses yeux violets.

Une lecture à recommander ++

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D’autres billets chez Bianca, Nahe, Hilde, Noukette,

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Picasso, La fille au miroir

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Boyfriend APP, Trouve le mec de tes rêves…

logomelangedesgenres1logo mois americainlogo_babelioUn livre offert par Babelio et
Scarlett des Editions Panini

 « Mélange des genres » de Miss Léo
et « Auteurs américains » de Noctembule

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Boyfriend-AppBoyfriend APP
Trouve le mec de tes rêves
Katie Sise

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South Bend, Indiana,

Audrey est une jeune lycéenne en classe de terminale, au lycée Harrison. Depuis le décès de son père, mort dans un accident du travail trois ans auparavant, sa vie a changé. Elle était appréciée et courtisée par la plupart des élèves, elle était la meilleure amie de Blake Dawkins, la fille d’un multimillionnaire directeur de l’entreprise Dawkins Tech qui employait son père, elle était confiante, sûre d’elle et prête à avouer son béguin pour Xander, « le roi du terrain de crosse ». Mais du jour où on a accusé son père de négligence, son univers a commencé à se fissurer. Aujourd’hui, elle est une fille plus réservée, mal dans sa peau, méfiante, bien moins populaire, qui s’est réfugiée auprès des Troglodytes, le groupe des geeks, avec Mindy, Nigit et Aidan. C’est son père, un modeste ouvrier mécanicien passionné d’informatique, qui lui a fait découvrir cette science et désormais, la trame des programmations, les algorithmes et les sites sécurisés qu’elle aime pirater n’ont plus de secret pour elle. Ainsi, elle imagine se rapprocher de lui…

Les amitiés au lycée ont changé. Blake, son ancienne amie, est devenue sa pire ennemie, sans pardon pour une faute qu’Audrey aurait commise. Avec son fan club, brochette de filles écervelées, elle s’amuse méchamment à la harceler. Sous ses moqueries, Audrey a de plus en plus de mal à se contenir, mais par respect pour sa mère qui travaille à la cafétéria du lycée et par souci de finir correctement sa scolarité, elle s’efforce de ne pas faire de remous.
Le rêve d’Audrey, c’est de pouvoir aller à l’université. Les finances de la famille étant maigres, elle sait que cela sera difficile et qu’il faudra qu’elle travaille en alternance. Mais un jour, Public Corporation, une société informatique mondialement connue, lance un concours pour « récompenser l’application mobile la plus novatrice » ; deux cent mille dollars seront attribués « sous la forme d’une bourse d’études ».
Son ambition n’est plus un mirage ! En peu de temps, et avec beaucoup d’imagination, Audrey va participer et élaborer un programme incroyable. Pour les cœurs solitaires, il faudrait une application qui cherche et attribue le petit copain idéal : la Boyfriend App.
Une pierre, deux coups… remporter la prime et se venger de Blake.

Avec ses copains Troglo, Mindy la timide, Nigit, geek dans toute sa splendeur, Aidan, celui qui la fait frissonner et fantasmer, et sa cousine Lindsay qui a une belle notoriété due à son blog de mode, Audrey va révolutionner le lycée Harrison et bien d’autres cercles plus fermés, plus secrets… à l’image d’une vague qui se transforme en tsunami.

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Pour son premier livre, l’auteur nous offre un roman sympathique que les « young adult » aimeront certainement lire. La thématique initiale se base sur toutes les technologies informatiques qui abondent et qui se surpassent dans une surenchère de consommation. Dans cette progression, il y a une part pour le plaisir et le rêve.
Le scénario se divise en deux parties. La première présente l’histoire des personnages, leurs caractères, et l’élaboration du projet Boyfriend App dont les formules tarabiscotées de sa conception ne m’ont pas ennuyées. La lecture fut plaisante, attendrissante et pleine d’humour. Pour la seconde partie, c’est une version plus sophistiquée qu’Audrey réalise et le déroulement prend alors une tournure surréaliste qui m’a dérangée. Ça ressemble parfois à une grosse mêlée. La fin est elle aussi un peu tirée par les cheveux et trop rapide par rapport au reste du livre.
L’auteur raconte que ce qu’elle a aimé le plus imaginer, ce sont les intrigues romantiques. Il est vrai qu’elles apportent au roman légèreté et fraîcheur.
En conclusion, dans l’ensemble, je dirai que cette lecture a du potentiel et du charme, je n’ai pas boudé mes pages.

Merci Fanny pour m’avoir offert ce livre !

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technologie

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Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot

Un livre offert par Somaja

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les vingt-cinq vies de Sandra BullotLes vingt-cinq vies de Sandra Bullot
Colas Gutman

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Sandra se voit « mollusque ». Elève de seconde, elle vit son adolescence comme un boulet qui leste sa carcasse. Pourtant, elle sait bien que sa paresse et son état larvaire n’a rien d’engageant… mais elle n’y peut rien ! Lorsqu’elle regarde son amie Désirée Rathanavana, parfaite jeune fille et excellente élève, elle s’enfonce un peu plus dans l’indolence… elle se ratatine dans sa coquille et entre en contemplation :
Le chômage de son père et la déprime qui le tétanise au fond de son lit à manger des chips toute la journée, n’a rien pour enthousiasmer l’ambiance familiale. Sa mère, actrice en quête d’un petit rôle, essaie de maintenir un semblant domestique et anime de son exubérance fantasque la maison, tout en maudissant la mollesse de sa progéniture et en louant le génie de Désirée. N’oublions pas le petit frère Ao… envahisseur de chambre, petite peste affectueuse, grand zozoteur devant l’éternel et amoureux de sa petite camarade de maternelle Emilie Lafayette. Côté lycée, il y a Irène Lara sa meilleure amie qui vit très mal son célibat, ses rêves et son béguin pour Benjamin Leroy.

La vie semble apathique, jusqu’au jour où Sandra ne peut empêcher de laisser ses émotions se déverser. Incapable de répondre à Irène lorsqu’elle lui demande « Et toi, t’as rêvé de quoi cette nuit ?… On a tous besoin de rêver. », elle se met à pleurer. Le prétexte ridicule que ses larmes sont dues à une allergie saisonnière, ne dupe personne dans la classe. Et oui, dans ces cas-là, autant faire les choses correctement et se trouver un auditoire bien attentif ! Quoi faire après une telle représentation, se terrer dans un coin ?

Heureusement, il y a Irène…
« – Qu’est-ce qui t’arrive, tu boudes ?
– Non, j’avais besoin d’être seule, c’est tout.
– Ah, moi aussi, ça m’arrive. Je m’enferme dans la salle de bains, je me regarde dans la glace et quand je sors, je sais qui je suis. C’est superprofond comme truc, la solitude. »

Le soir même, elle reçoit un mail d’un mystérieux garçon au pseudo particulier « Endive au jambon » qui lui avoue avoir été ému de son allergie. Le courtisan masqué récidive le lendemain (avec en offrande une photo d’un pied fort joliment galbé), et les autres jours… provoquant quelques malentendus lorsque Sandra se met à soupçonner tous les garçons de son lycée qu’elle croise. Tous ? Non… Endive au jambon est difficile à traquer ! Dans l’imagination de Sandra, il ne peut être que beau, fort, irrésistible… Alors quand elle suspecte Benjamin Leroy, « débile profond » et potentiel amoureux d’Irène, elle panique ! Comme un pêcheur, elle appâte et envoie…

« L’endive,
Ou bien tu as un sérieux strabisme ou bien tu m’as envahie du regard en cours de français.
Je n’aime pas ça. Passe ton chemin, Napoléon. La fourmi n’est pas prêteuse et ne se laisse pas salir par des regards torves et gluants.
P.S. : Peux-tu me renvoyer une photo de tes pieds ? »

Réponse de Benjamin :
« Napoléon t’emmerde.
Dis donc la folle, faudrait savoir : je suis une endive ou bien Napoléon ?
Et puis, c’est quoi cette histoire de fourmi ? Franchement va te faire soigner chez les mabouls !
P.S. : Ci-joint une photo de mon cul, Sandra Bullot ! »

Ouf ! ce n’est pas lui !!! Et si c’était Eugène Labache ? ou…

D’après Irène et ses notions impénétrables, nous avons plusieurs vies dans une vie. Sandra décide donc d’expérimenter les siennes… sa vie de caniche royal, pieuvre multitâche, fourmi neurasthénique, perroquet, tractopelle, gazelle rusée comme un renard, …, haricots verts en boîte, et celle bien plus fantastique de Sandra Bullot, « Mademoiselle mille sourires ».

L’adolescence a ses vies, elles sont tyranniques, difficiles à respirer, mais elles aident à grandir. Et comme le dirait Irènelaphilosophe…
« – Tu sais Sandra, tu n’as rien à craindre. Bien sûr aujourd’hui, tu passes une sale matinée, mais qu’est-ce qu’une matinée dans une journée, et qu’est-ce qu’une journée dans une vie et, même, qu’est-ce qu’une vie dans une vie ?
– T’es rentrée dans une secte ou quoi ?
– Pas du tout, je te parle de réinsertion. De plusieurs vies, tu comprends.
– Tu veux dire de réincarnation ?
– Non, la réincarnation, c’est pour les morts, la réinsertion, pour les vivants. Sandra Bullot, tu as plusieurs vies, crois-moi, et il y en a forcément une de bonne. »

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Plaisir de lecture, ce roman sur l’adolescence est caustique, drôle, fleuri, très espiègle et tendre. L’auteur traduit finement cette phase de l’enfance qui se cherche, passant par différentes étapes, aussi bien physiques que psychologiques. J’ai beaucoup aimé les personnages, ils inspirent la sympathie, les rires et la tendresse. Sandra, même dans sa phase mollassonne-engourdie, paraît spirituelle… enfin, c’est la lectrice qui le dit, et non la mère d’un ado ! Son regard sur le monde qui l’entoure, son humour, ses réparties imagées, son amour pour sa famille, son envie de les protéger, sa cuirasse qui craquelle, son désir de rêves, sa générosité… font de cette adolescente, une jeune fille intelligente et épanouie.
Je vous conseille ce livre, un bonheur de lecture.

Des billets chez Somaja, Leiloona,
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