Le Jardin des Épitaphes

Norman-Rockwell
Une semaine de livres jeunesse
Un livre offert par les Éditions Didier Jeunesse,
dans le cadre des Masses Critiques Babelio

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le-jardin-des-epitaphes-1Le Jardin des Epitaphes
Celui qui reste debout – Tome 1
Taï-Marc Le Thanh

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Rebaptiser la terre en Jardin des Épitaphes est la plus émouvante et lyrique façon de nommer le cimetière qu’elle est devenue. Un jour, les beaux et inquiétants nuages qui s’amoncelaient dans le ciel ont éclaté, déversant des pierres, et le bombardement a tout ravagé en provoquant la Grande Catastrophe. Terre de désolation, le monde se scinde alors entre un avant et un après. Les hommes qui restent, des survivants, se cachent dans des grottes et se planquent dans les entrailles des villes éclatées. On découvre aussi qu’un gêne mutant a transformé certains hommes en singes et d’autres en zombies. D’après Osiris, un fou échappé d’un hôpital psychiatrique qui se prend pour un devin, le pire est à venir…

Jour après jour, Hypoténuse nous confie sa fuite, un voyage vers l’Amérique pour retrouver ses parents, en compagnie de son petit frère Poisson-Pilote et sa petite sœur Double-Peine, alias Adrien et Élodie. Grâce à un cahier rempli des écrits de Pensées-qui-frisotent, un jeune noir rencontré aux Halles à Paris, on apprend un peu plus sur ce nouveau monde dirigé par une secte et des machines.
Passer par la Beauce, longer la Loire, aller vers le sud, traverser l’Espagne, se rendre au Portugal, prendre un bateau pour l’Amérique… Hypoténuse parle de ce continent comme de la terre promise. Il raconte à la douce Double-Peine que là-bas le chaos a fait moins de dégâts, les chevaux sauvages défient l’air au galop, l’herbe des vallées est tendre, verte, tout est grandiose et majestueux. Là-bas, leurs parents les attendent.

Hypoténuse a dix-sept ans. Il se décrit comme étant plus grand que la moyenne. Il est plus fort aussi… Ce n’est que vers la fin de ce premier tome que nous apprenons pourquoi. Avec humour, Poisson-Pilote le compare à un ninja car ses combats sont des chorégraphies presque surnaturelles. Conscient des dangers qui les guettent, il fait de son mieux pour protéger les petits ; les défendre contre l’adversité, pilleurs, zombies, cannibales et gens de la secte, les préserver des peurs et cauchemars et surtout leur rendre la foi. Empreint de valeurs morales qui vont le guider dans sa quête et ses devoirs, il s’ordonne des règles et n’oublie pas dans ces préceptes, de faire plaisir aux enfants et de les faire rire. Ses inquiétudes et ses pleurs, il les réserve.

« Vagabonds du Jardin des Épitaphes », Hypoténuse, Poisson-Pilote et Double-Peine vont vivre de terribles et sanglantes aventures. L’apocalypse a façonné un univers effroyable et il leur faudra beaucoup de courage pour affronter tous les périls…
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J’ai aimé ce premier livre qui a pour titre « Celui qui est resté debout » et je recommanderai cette lecture. L’intrigue, pleine d’exploits guerriers et de mystères, nous maintient captif dans sa trame, du début à la fin. L’auteur est un merveilleux conteur qui mêle à l’épouvante et aux scènes d’action, de la poésie, de l’innocence, de la fragilité et de la tendresse. La douceur incarnée par Double-Peine donne au récit une vulnérabilité opportune.
Ce tome implante le décor et donne une tonalité dantesque. Quant au prochain, on pourrait souhaiter quelques révélations sur la secte qui chasse les survivants, ainsi que sur les expériences scientifiques qui seraient peut-être à l’origine du chaos.
A suivre !

PS : Tout au long du livre, nous avons un joli répertoire de chansons, car les trois enfants aiment chanter. Vous les trouverez listées sur le site, « ici ».

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Tu tueras le père

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Le mois italien avec Eimelle,
Halloween avec Hilde et Lou et Polars avec Sharon

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Sandrone Dazieri

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De la brigade mobile de Rome, le commissaire Colomba Caselli est appelée par son supérieur Alfredo Rovere, sur les lieux d’un meurtre et d’une disparition. Une femme décapitée, son jeune fils de huit ans disparu (on ne découvre que ses chaussures suspendues à un arbre), le mari est soupçonné d’être le meurtrier. Homme violent, il n’aurait pas accepté le fait que sa femme veuille le quitter…
Aux premiers coups d’œil, Colomba conteste la version de son collègue le commissaire adjoint Marco Santini et c’est auprès d’une autre personne, Dante Torre, qu’elle va demander soutien et conseils. Les rivalités et antagonismes au sein de la brigade plombent l’atmosphère et nuisent à l’enquête.

Commotionnée par « le désastre », une précédente enquête qui s’est terminée à Paris dans un bain de sang, Colomba a bien du mal à se concentrer. Les souvenirs reviennent dans des flashs et génèrent des crises de panique. Sa lettre de démission préparée, elle prendra sa retraite après cette enquête qu’elle est contrainte de mener de façon officieuse pour rendre service à Rovere, son chef et mentor.

Dante Torre a le don de voir le vrai visage des gens et de lire leurs pensées, leurs vérités. Il met sa science, ses « sensibilités », à la disposition de sociétés qui l’emploient et le rémunèrent fort bien ! Pourtant, sa seule et véritable mission est de retrouver des personnes disparues. Riche, extrêmement intelligent, mais en proie à des paranoïas, il reste terré dans son appartement où il voit très peu de monde. Lui aussi se charrie des traumatismes… Il a été kidnappé enfant et maintenu prisonnier dans un silo à grains durant onze ans. Un jour, alors que la personne qui le rattachait à un semblant d’humanité, qui le nourrissait, l’éduquait, le maltraité, s’est montrée moins vigilante, Dante a pu s’échapper. Mais le cauchemar perdure car le ravisseur que la police a arrêté n’était pas le véritable tortionnaire. Depuis toutes ces années, Dante le clame mais personne ne veut le croire. Comme on dit « affaire classée – mort et enterré ».
Parfois, il se sent observé par lui, silhouette noire et mystérieuse qu’il nomme le « Père ».

Le binôme Colomba-Dante fonctionne aussitôt. Deux âmes abîmées se sont reconnues. Lorsqu’elle le mène sur les lieux du crime et de la disparition, Dante plonge directement dans l’horreur. On découvre peu d’indices, sauf un sifflet mis en évidence qu’il reconnaît. Le « Père » est revenu…

« – Il est revenu, murmura Dante. Après toutes ces années.
– On verra bien ce qu’ils disent au laboratoire, répondit-elle, diplomatiquement.
– J’ai toujours su qu’il était encore là, quelque part.
(…)
– Vous savez ce qu’il voulait me dire, le Père, avec ce sifflet ?
– Il est mort, Torre. Il y a très longtemps.
– Il voulait me dire : « Reste loin de mon territoire. » Et j’ai l’intention de le faire. »

« Il est revenu »… et s’il n’était jamais parti ? et s’il avait sévi depuis tout ce temps… L’un est sûr, la seconde l’est moins. Elle ne voudrait pas se perdre dans les délires de Dante.
Tous deux vont devoir travailler seuls car leur investigation ne plaît à personne. L’affaire a son coupable et il n’est pas bon de remuer la boue, surtout lorsqu’elle est parsemée de cadavres.

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Ce thriller captivant se lit dans un souffle ; on ne le lâche pas facilement ! J’ai tout aimé… même les longueurs du scénario (et quelques invraisemblances) trouvent grâce à mes yeux. Le roman fait 665 pages.
J’ai été séduite par les personnages, des tempéraments forts et fragiles. Colomba est une belle femme de trente deux ans, énergique, déterminée, intuitive, marquée dans ses chairs par le « désastre ». Elle ne se pardonne pas d’avoir été manipulée et prend à sa charge la responsabilité de l’échec. Dante, la trentaine, ressemble à David Bowie… très grand, mince, dandy, souvent vêtu de noir. Atteint de troubles obsessionnels dûs à son rapt et son enfermement dans un silo quand il était enfant, il a une addiction aux tranquillisants et vit dans un appartement envahi par des piles de documents, de journaux, de disques… toujours à la recherche de son enfance volée.
L’histoire commence par un meurtre, une disparition et l’incarcération d’un homme qui ne cesse de dire qu’il est innocent. Les institutions policières et judiciaires aimeraient entériner le dossier mais le duo Colomba-Dante a une autre vision de l’affaire et contre les autorités supérieures en provoquant de nombreux « désordres ». Après recherches, c’est l’horreur absolue car ils découvrent d’autres disparitions d’enfants… Une trame habilement tissée, déconcertante, des manipulations machiavéliques, un exécuteur qui nettoie le terrain, de l’humour, des frissons, une cadence infernale, du suspense… le Père, un homme démoniaque… et Rome la ville éternelle, le Tibre, ses campagnes.
Je vous conseille ce roman… j’espère qu’il vous surprendra !

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D’autres billets chez Mille et une pages,

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Dérapages

logo_babelioUn livre offert dans le cadre d’une opération Masse Critique de Babelio avec le partenariat des éditions Versilio

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Danièle Thiéry

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Paris,
Jennifer se retrouve seule, enfermée dans son appartement bunker avec un nourrisson vieillard qu’elle doit nourrir de son lait. Rien ne peut expliquer ce qu’il vient de se passer… la voiture qui l’a percutée sciemment, la disparition de son bébé, l’échange… et cette entité qui se tortille de douleur et de faim ; humaine, mais monstrueuse. Son mari, serait-il de connivence ?

Berck, Pas-de-Calais,
Quel est ce corps qu’on découvre dans l’écume d’une plage de Berck ? Un enfant à qui il est difficile de donner un âge. Il paraît faire six ou sept ans et pourtant les traits de son visage renvoient un autre âge, entre cinquante et soixante ans. Créature sortie d’une histoire à la Mary Shelley, elle se retrouve sur la table d’autopsie sous le scalpel du médecin légiste et sous le regard d’Edwige Marion, commissaire divisionnaire de la police judiciaire de Paris.

Marion n’a guère le temps d’extrapoler des hypothèses car on lui annonce que sa fille adoptive Nina est revenue d’Angleterre dans un sale état. Elle la retrouve à Paris couverte de sang, mutique, ayant certainement subi un traumatisme psychologique et complètement métamorphosée en une femme à la poitrine épanouie. Que s’est-il passé ? Elle avait confié Nina à sa sœur Angèle qui vivait à Londres avec son mari, le brillant Azonov un scientifique de renommée internationale, elle pensait qu’elle devait se plaire dans le lycée français, elle avait essayer de gommer toute appréhension, défiance, et la voilà face à une jeune fille qu’elle ne reconnait plus, secrète, muette, qui cherche à se réfugier dans le sommeil et qui ne dévoile rien de ce qu’elle aurait subi, si ce n’est le mot « Cambridge » qu’elle cite dans une litanie. Ce n’est pas non plus Angèle qui pourrait donner une quelconque explication, car Angèle a disparu… Un vrai cauchemar !
C’est donc auprès d’Alistair Mac Queen, un vieil ami devenu Chief Superintendant à la Metropolitan Police de Londres, qu’elle va demander une pré-enquête et découvrir que Nina a bien changé !

Avec ses amis, le capitaine Valentine Cara, Stéphane Ducros le psychologue, Rose Vergne le médecin légiste, son lieutenant Jean-Charles Annoux et bien d’autres qui gravitent autour de la Mouzaïa, un QG offcieux, Marion va commencer son investigation et découvrir l’horreur absolue ; Jennifer, Berck-Plage, Nina, Angèle… Azonov et ses expériences sur le génome pour lien.
Qu’a subi Nina ? Où est passée Angèle ? et Jennifer, retrouvera-t-elle son bébé ?

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C’est la première fois que je lis Danielle Thiery et c’est au cours de ma lecture que j’ai compris que ce tome est le onzième d’une suite qui raconte les enquêtes tourmentées d’Edwige Marion, commissaire de police. Il est donc dommage de lire « Dérapages » sans connaître les histoires précédentes qui ont bâti son personnage ainsi que ceux des rôles seconds. J’ai souvent été déstabilisée par des réminiscences des chroniques antérieures et la synergie en a été amoindrie. De plus, je n’ai pas compris pourquoi l’auteur dévoile dès le début le fil de l’intrigue car très rapidement on sait de quoi il en retourne. J’aurais souhaité un peu plus de suspens, des indices distillés avec plus de subtilité et un dénouement peut-être plus « classique », péremptoire. Là sont les points négatifs qui rendent mon appréciation mitigée. Pour les points positifs, je voudrais souligner le style alerte et accrocheur de la narration, les personnages qui entourent Marion à la Mouzaïa, tous intéressants et séduisants, la thématique qui si elle n’a rien d’original, a su quand même me captiver… et Marion, une femme attachante qui m’incite à vouloir en savoir un peu plus sur elle.
Ce thriller a quelques passages féroces, implacables, et je ne le conseillerai pas à tout le monde, seulement à un public avisé…

A suivre.

 

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