Les maisons romantiques d’Angleterre


Challenge Petit Bac d’Enna, catégorie adjectif

 

 

Les maisons romantiques d’Angleterre
Barbara et René Stoeltie

 

Lorsque nous évoquons la campagne anglaise, magnifique écrin pour des maisons romantiques, nous voyons aussitôt des tableaux de Gainsborough, de Turner et de Constable. Nous avons aussi des titres de romans et des auteurs. Jane Austen l’a très bien décrite dans ses livres en nous rapportant un décor et une atmosphère. Mais également les sœurs Brontë, Agatha Christie, Thomas Hardi, Wilkie Collins, Arthur Conan Doyle… et bien d’autres encore !

Nichées au creux de vallons, derrière un bois, face à la mer, sur une lande, dans un cadre verdoyant à l’abri ou sur une terre rude tourmentée par les vents, ces demeures sont des manoirs géorgiens, des maisons palladiennes, des presbytères gothiques et des petits cottages rustiques en pierre garnis de vieux rosiers.
Rénovées, entretenues, nouvellement acquises ou héritées, elles sont décorées en fonction de l’âme des lieux mais aussi en fonction des goûts des propriétaires. Certains vont rendre une authenticité dans la recherche des objets, des meubles et des tissus, puis d’autres vont être plus fantaisistes en apportant une touche personnelle et moderne.
Dans ce livre, on peut admirer de très belles maisons et des petits pavillons aux toits de chaume.

On débute dans le Hampshire avec Chawton Cottage, la modeste maison de Jane Austen qui est habillée d’une sobriété presque austère. D’un intérieur de style néo-classique pour la salle à manger, avec un papier peint fleuri où sont accrochés des petits cadres et une belle cheminée, nous voyons que le seul luxe qui est resté sont un service Wedgwood et un portrait immense, qui tient tout un mur, du troisième frère de Jane, Edward Austen Knight.

Nous poursuivons avec une maison géorgienne du XIXe siècle, dans le Sussex. Près de la mer, les propriétaires ont donné un style élégant et baroque en lustrant les beaux planchers, en patinant les peintures, en les écaillant, et en l’agrémentant de meubles du XVIIIe. Le charme réside dans les trésors amassés sur les plages et la patine ancienne.

Dans le Wiltshire, une demeure de style jacobéen du XVIIe siècle nous ouvre ses portes. L’agencement a été fait par une décoratrice suédoise installée à Londres qui créée pour ses clients des intérieurs chaleureux. Les bois sombres se marient très bien à des teintes chaudes, des velours damassés, des plats en étain et des tapis dits « somptueux ». A cette Haute époque, elle mêle des tableaux contemporains qui dans cet univers ne dépareillent pas du tout.

Toujours dans le Wiltshire, on nous propose d’entrer à Keeper’s Lodge, le vieux pavillon du XIXe siècle d’un garde chasse. Antony Little, un créateur de tissus, a fait revivre cette petite maison digne d’un conte de fées, très pittoresque, en la restaurant et en lui donnant un style cosy et victorien. Les motifs des tissus, coussins, plaids, fauteuils, tentures, courtepointes, se confondent dans des écossais, des cachemires et des fleurs, le tout  s’organisant dans un hétéroclisme assez chargé, mais structuré.

Ces quatre  premières maisons ne sont que les premières pages de ce beau livre. Par la suite, nous traversons d’autres régions pour visiter d’autres demeures, imposantes ou pas, avec de vieilles pierres et d’antiques parcs pour nous faire rêver.

Il y a des univers chargés de faïences venues des manufactures anglaises avec leurs vaisseliers bien remplis, et des pièces qui se mettent en scène, pleines de curiosités, de livres et de collections. Les murs couverts de chaux, des alcôves accueillantes, de grands tapis aux trames usées, des fauteuils en cuir, des tables dressées, des cheminées allumées, des vitraux, des boiseries, des trompes l’œil, des fers forgés, des marbres, des statues, des gargouilles, des paniers en osier suspendus… des bouquets champêtres, un géranium tourné vers la lumière derrière le châssis d’une fenêtre… Et certains ont voulu rendre un effet en laissant des pièces vides, seules entités avec leurs sols boursoufflés et leurs murs décrépis. « Il faut de tout pour faire un monde », « Les goûts et les couleurs ne se discutent pas »… les expressions sont nombreuses !

« Les maisons romantiques d’Angleterre » a été édité en 1999 par les Éditions Taschen et les décorations n’ont pas trop vieilli. Les photographies qui l’illustrent sont de belle qualité. Alors si vous désirez l’acquérir, il faudra passer par des sites marchands qui font des ventes d’occasion. A s’offrir !

 

 

 

Des soupes qui nous font du bien

 

Un beau livre pour Noël

 

 

Des soupes qui nous font du bien
Clea et Clémence Catz

 

La simplicité de ce plat rustique prend une autre dimension dans ce livre.

De nos jours, les soupes, veloutés et bouillons reviennent à la carte dans nos maisons, aussi bien à la table quotidienne qu’à une table un peu plus élaborée avec des convives. Plus qu’un effet mode, c’est une prise de conscience. Les soupes mènent à un équilibre alimentaire indispensable à notre bien être.

Simple, mais « léger, rassasiant, complet, détoxifiant, énergisant… doux, agréable, réconfortant… ».

De préférence avec des produits locaux et de saison, les auteurs nous présentent 200 soupes et nous font découvrir certains produits comme l’eau florale ou les algues qui donnent une originalité à ne pas bouder… Mais avant de commencer la cuisine, il est bon aussi de lire les chapitres qui parlent de cuisson, du matériel, du tableau des saisons et du recyclage des épluchures de légumes.

Lorsqu’on se plonge dans le bouillon du livre et qu’on déguste les photographies aux belles compositions, dont la rusticité est le maître mot, on comprend aussi qu’il faut également mettre une touche artistique et gourmande dans nos assiettes… C’est à dire, les accompagner d’une petite noisette de chantilly, de quelques morceaux de légumes crus, servies avec des croûtons et crackers, des fines herbes, des épices… et plein d’autres gourmandises qui sont rapportées dans une partie intitulée « Bar à soupes ».

Chaque saison a ses légumes et ses couleurs ; rouge betterave, blanc laiteux du panais, orange butternut, vert mange-tout… Des soupes cuites, des soupes crues, des soupes campagnardes et d’autres exotiques, parées de graines, d’herbes, de crèmes, des soupes mixées, des soupes avec des morceaux, dans des bols, des assiettes, elles arrivent à être de vraies séductrices et il devient alors difficile de ne pas les aimer…

« Des soupes qui nous font du bien » est un très beau livre que je vous recommande !

Voici une recette pour l’hiver, avec du panais, un vieux légume un peu oublié et snobé, qui revient à nos tables…
« Crème de panais à la poire, pour 4 personnes : 800 g de panais, 1 cuillère à soupe d’huile d’olive, le contenu de 2 gousses de cardamome, 1 oignon jaune, 1 grosse poire, 1 cube de bouillon végétal, 200 ml de crème liquide végétale
Éplucher les panais et les couper en rondelles. Dans une grande casserole, faire chauffer l’huile d’olive avec la cardamome et y faire blondir l’oignon émincé. Ajouter le panais et faire revenir 5 minutes en remuant de temps en temps. Ajouter les poires en morceaux, couvrir d’eau à la hauteur, ajouter le bouillon et laisser cuire 15 minutes à petite ébullition, jusqu’à ce que le panais soit tendre. Mixer longuement avec la crème végétale, saler et poivrer. »

 

 

 

Cuisine d’Arménie


Un livre offert par Babelio et les Éditions Solar dans le cadre
des Masses Critiques.

 

Cuisine d’Arménie
Corinne et Richard Zarzavatdjian
Préface d’André Manoukian
Graphisme : Stéphanie Aparicio et Julia Philipps

 

J’aime inviter dans ma cuisine des livres de recettes qui retracent l’histoire d’une famille. Je me projette facilement dans leurs lignées, sensible à la transmission, à l’héritage des valeurs ancestrales, aux traditions, à l’unité. Je découvre aussi d’autres lieux, d’autres temps, d’autres racines que les miennes.
Ce livre écrit par un frère et une sœur, raconte « un don, une identité culturelle, un trait d’union… et le bien-vivre, le savoir recevoir, le respects des produits, le plaisir de partager… ».

Boulettes d’agneau – Keuftés

Leur nom Zarzavatdjian évoque un métier qui travaille la terre. Des produits récoltés à la cuisine, il n’y a au final qu’un tout petit pas à franchir. A une époque, « Arméniens, Grecs, Kurdes, Turcs, chrétiens, musulmans et athées » se croisaient sur les marchés dans une ambiance vive, chaleureuse, et dans une atmosphère aux senteurs exacerbées par les épices. « On achète, on troque, on crie, on danse, on mange, on boit sans compter… » ; ce sont les sucs d’une vie qui pétille, généreux, riches, exubérants, d’une mixité venue des pays voisins et de la méditerranée.

Des racines, 1915, le génocide, un peuple en souffrance, des exodes aux quatre coins du monde, une diaspora… s’intégrer et transmettre ; « Être français, mais rester Arméniens »

Corinne et Richard sont les petits-enfants d’un grand-père venu s’installer en France. Par le biais de la cuisine, ils retrouvent leur terre, les essences de leur civilisation, et c’est avec un classeur de recettes, qui appartient à leur mère et qui fut découvert dans une valise dite « à souvenirs », que l’idée de rassembler ces recettes dans un livre s’est développée. Comme le dit André Manoukian dans la préface, cette cuisine est riche en tout et surtout en amour. Elle est un lien à la mère, elle est « mayring ».

Hammous, beuregs, tchi keufté, moussaka, haygagan printz pilaw, kavourma, tcheureg, kadaïf, paklavas… pour les non initiés, la musicalité de ces noms ont des résonances lointaines, suaves et pleines des mystères de l’orient. Dans la famille, ils ont tous un plat préféré qu’ils aiment retrouver à la table, familiale et festive. Les grandes tablées regorgent de mets traditionnels. Corinne aime les keuftés, des boulettes de viande, et Richard, un grand gourmand, aime tout !

Aubergines à la viande hachée

Vieilles photos, anecdotes, des consignes de la mère, des conseils du grand-père, des menus de fêtes, des menus dans le respect des saisons, on trinque, on mange, on joue de la musique, on rit, on s’aime, on se rappelle, et on partage. Lorsqu’ils reçoivent, l’hospitalité et la générosité ne sont pas de vains mots. La table se doit d’être belle, abondante, variée, bigarrée et parfumée. Les épices embaument les entrées (boulgour, potage, tarama, feuilles de vigne farcies…), les plats à base de viande (agneau, mouton, poulet), de poisson (moules) et les desserts (brioche, sablés, dattes, confiture de rose….). On les utilise en parsemant, en farcissant (coriandre, aneth, persil, basilic, cerfeuil, piment de Jamaïque, ciboulette, nigelle, cannelle, sumac…).  Le café, sourdj, est doux, sucré, épais, il doit délivrer des formes dans le fond de la tasse, des formes qui deviennent des histoires.
Authenticité, rusticité, cette cuisine séculaire est une des bases du patrimoine arménien.

Cheveux d’ange – Kadaïf

Près d’une centaine de recettes nous sont offertes, toutes illustrées avec de belles photos et expliquées avec des mots simples ; pédagogiques, initiatiques. On retrouve dans le design du livre et les compositions photographiques, les notes rustiques, abondantes et anciennes que les mots ont précédées. La couverture a les veinures du bois et leurs reliefs, les pages sont bistrées, les plats sont mis en valeur avec des gros plans, il y a de la lumière, de la couleur, c’est gourmand et très tentant, ça titille l’esprit. Cuisiner et voyager.

Les auteurs nous souhaitent pari ahrordjag… bon appétit !… et de profiter pleinement de « la joie de l’instant présent »

Ce livre précieux, riche de son patrimoine, riche en émotion, riche en lignage et en fratrie, est à conserver, à recommander et à offrir. Et mes pensées vont vers mes cousines Nathalie et Carine.

 

Riz au lait – Gatnabour

 

 

Henry Caro-Delvaille

logo_babelioUn livre offert dans le cadre des Masses Critiques Babelio avec le partenariat des Éditions Faton

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henry-caro-delvailleHenry Caro-Delvaille
Peintre de la Belle Époque, de Paris à New York
Christine Gouzi

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Il est difficile de résister aux livres d’art ! surtout lorsqu’on vous les offre… N’ayant jamais été déçue par les publications des Éditions Faton, j’ai opté pour ce choix lors des Masses Critiques Babelio, séduite avant tout par la couverture et le sous-titre « Peintre de la Belle Époque ». Fin XIXe siècle, début XXe, c’est une période riche, fourmillante, élégante, prometteuse ; l’industrie, les sciences, les arts sont en plein essor.

Pour son doctorat d’histoire, encouragée par l’historien d’art Jacques Thuillier, Christine Gouzi a pris pour sujet le peintre Henry Caro-Delvaille. Elle livre à travers ce magnifique livre, vingt ans de recherches et plus d’une centaine de tableaux. La plupart de ses œuvres ont disparu. Né en 1876 à Bayonne dans les Basses-Pyrénées, fils d’un riche banquier Juif, son avenir était déjà établi dans la banque paternelle, mais ses ambitions étaient autres. Certainement peu sûr de lui, encore trop jeune, ce n’est pas vers ses sensibilités artistiques (danse et peinture) qu’il s’oriente, mais vers l’armée, chez les hussards. Cependant, après un accident de cheval, il est obligé de faire autre chose et se dirige vers la peinture. Dans un premier temps à l’École des Beaux-Arts de Bayonne où il obtient un prix en 1897, puis dans un second temps à Paris où il devient l’élève de Léon Bonnat. Indépendant, il ne se sentira jamais un disciple du maître, aspirant à se sentir « libre ». Libre comme le vent ? Il se plaisait à dire qu’il avait des origines gitanes. Ses cheveux, sa carnation, son regard noir et sa passion pour le flamenco devaient en attester !
Suite à l’avant-propos, l’auteur nous offre un passionnant entretien mené sur plusieurs années, de 1992 à 2005, avec le célèbre ethnologue Claude Lévi-Strauss qui fut le neveu du peintre. Les souvenirs sont riches, la conversation informelle ; le peintre, la famille, l’art et ses différents mouvements, Paris, la société artistique… le témoignage est captivant.


leon-bonnat-et-ses-eleves-de-marie-garayTableau de Marie Garay, « Léon Bonnat et ses élèves »
Huile sur toile, 2,16 x 2,59 m, 1914, Bayonne, musée Bonnat-Helleu
(Henry Caro-Delvaille est placé au bord du cadre.)

Ni de l’impressionnisme, ni du nabisme, rejetant le cubisme et le dadaïsme, sa peinture dite figurative et intimiste, raconte des histoires de son époque, rendant ainsi ses compositions attrayantes auprès du public. Les chapitres « Peinture mondaine et peinture du monde », « L’intimisme », « Les portraits mondains », découvrent les rituels d’une vie bourgeoise ou demi-mondaine (chez la modiste, une partie de cartes, au jardin public, un thé l’après-midi…) et célèbrent l’élégance de la femme qui rayonne aussi dans son rôle de mère. On retrouve ses modèles dans différentes scènes du quotidien qu’il aime peindre. Sa femme et ses belles-sœurs sont souvent représentées. L’auteur dit « des instantanés de vie ».

portrait-de-madame-landry-henry-caro-delvailleDétail du portrait de Madame Landry et de sa fille Hélène
Huile sur toile, 1,21 x 1,61 m, 1902, Amiens, Collection du musée de Picardie


Les commandes pour les portraits affluent. Il pare ses modèles de grâce et de douceur en gommant certaines imperfections. Il n’en délaisse pourtant pas le nu… Dans ce chapitre, l’auteur dit qu’il a commencé tôt à être attir
é par cette étude, influencé par les artistes Grecs. Ses nus ne sont pas statiques, ils accaparent l’espace ; le mouvement en rapport avec la danse (Isadora Duncan, dont il a été l’amant, a été portraiturée nue sous un voile grec en 1917).

la-robe-mouchetee-caro-delvaille« La robe mouchetée »
Huile sur carton, 0,755 x 0,515 m, Paris, Petit Palais

La deuxième partie raconte la communauté juive de Bayonne et les racines de sa famille. Il épouse, en 1900, Aline Lévy, fille aînée du rabbin Émile Lévy… Les trois filles du rabbin ont épousé des artistes peintres ; se joignent à Caro-Delvaille, Gabriel Roby et Raymond Lévi-Strauss (petit-fils du compositeur et chef d’orchestre Isaac Strauss et père de Claude).
En troisième partie ce sont ses voyages en Amérique et son installation. La guerre fait des ravages, traumatise et annihile tout élan. Réformé, il peut honorer des contrats en Amérique et part en 1916 où il reste seul durant un an. Sa femme et ses deux enfants le retrouvent en 1917. Là-bas, il fait des portraits pour renflouer les caisses, mais ce qu’il préfère peindre ce sont des fresques murales… Le succès est moindre, les critiques sont parfois assassinent, les temps changent et l’art célèbre d’autres genres beaucoup moins « classiques ».

henry-caro-delvailleHenry Caro-Delvaille dans son appartement de l’avenue Mozart avec La femme à l’hortensia au-dessus de la cheminée et sur le mur à gauche Groupe païen
Photo de Maurice Louis Branger, 1910

En fin de livre, une chronologie reprend les lignes essentielles de son existence jusqu’en 1928, l’année de sa mort. Je ne m’étendrais pas sur la période à New York, très intéressante, plus moderne, moins idéalisée, car elle compte l’autre moitié du livre… je vous la laisse découvrir.
D’après l’auteur, ce peintre appartient à une génération perdue. Pourtant primé, médaillé, exposé dans les plus grandes villes, et ami des plus grands, l’engouement pour ses œuvres n’aura duré qu’un laps de temps. Elle sous-titre son introduction par « Une gloire déboulonnée ».
J’aime beaucoup les peintures qui illustrent cet ouvrage de qualité. Outre les toilettes élégantes avec manches gigot, mousseline blanche et autres falbalas de la Belle Époque, ce sont les postures des modèles, et leurs regards, qui me charment. L’innocence se mêle à la volupté. Il y a un peu de Proust…
Je vous recommande ce livre et vous convie à rencontrer cet artiste méconnu…

 

caro-delvaille-henry-women-reading-1910-1911Devant la maison blanche
Huile sur toile, 0,66 x 0,813 m, 1910-1911

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Une semaine de beaux livres

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Au cours de cette semaine, je vais vous présenter de beaux livres ;
livres illustrés pour les petits et les grands, livres de bricolage, livres de cuisine.
Et si vous désirez me rejoindre, n’hésitez pas à venir me voir… je ferai une liste.

Lundi : Pierre Hermé, Macaron – Recettes
Mardi : Un amour de feutrine – Bricolage
Mercredi : Le petit théâtre de Rébecca – Album pop up
Jeudi : La mythologie grecque – Album pop up
Vendredi : Dautremer et vice-versa – Album

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La nature morte française au XVIIe siècle

logoartshelbylee
« L’art dans tous ses états » de Shelbylee

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la-nature-morte-francaise-au-xviie-siecleLa nature morte française au XVIIe siècle
Eric Coatalem

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Eric Coatalem, galeriste à Paris,  est spécialisé dans les peintures françaises des XVIIe et XVIIIe siècles, et a organisé de nombreuses expositions sur Lubin Baugin, François Perrier, Jacques Rigaud, Gustav Klimt, Louyse Moillon…

Avec cet ouvrage de belle facture, érudit, dense de 500 pages, de 200 artistes répertoriés et de 500 reproductions (pour la plupart venant de collections privées), il honore les natures mortes qu’on appelait à l’époque le « petit genre » peu prisé par les collectionneurs, l’Académie royale de peinture et les musées.
Les choses naturelles, une nature détaillée avec une méticulosité infinie, qui célèbrent aussi bien la vie que la mort, sont magnifiquement exposées dans ce livre-musée scindé en deux parties :

Les artistes français du XVIIe siècle
Les artistes étrangers et français de toutes époques

Dans l’introduction, il est dit que la nature morte raconte « la fugacité du temps, la mort ou la simple beauté du monde ».
C’est au XVIIe siècle qu’elle prend son essor en Europe, mais Hilliard T. Goldfarb (conservateur en chef adjoint et conservateur des maîtres anciens, musée des Beaux-Arts de Montréal) tient à revenir dans le temps en citant des artistes de la Grèce antique, les enluminures du Moyen-Âge, la Haute Renaissance…
La corbeille de fruits du Caravage est l’un des premiers tableaux présentés dans le livre.
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caravageMichelangelo Merisi, dit le Caravage, Corbeille de fruits
huile sur toile, 31 x 47 cm, daté vers 1598-1599

A travers ces tableaux, peintures de la réalité, on pénètre… « les intérieurs des maisons, les fleurs et les denrées alimentaires vendues sur les marchés du XVIe siècle. ». On lit que les classes nobles et bourgeoises s’étaient prises de passion pour les jardins. Avant, le jardin était médicinal, après, il était aussi d’agrément. Les fleurs (cultivées et non sauvages) resplendissent sur les toiles, et les bouquets sont peints en dépit des saisons. Une fleur de l’hiver se mêlera à la fleur de l’été. L‘Académie royale des sciences s’intéresse alors à l’étude de la botanique (fleurs, fruits), et à l’étude de la faune (planches anatomiques d’animaux). Les pièces de boucherie, de dépeçage, trouvent une place dans le décor.
On admire les nombreuses compositions florales dont l’éphémère beauté nous saisit.
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jean michel picartJean Michel Picart, Bouquet de fleurs dans un vase en verre,
huile sur toile, 45,7 x 35,7 cm, vers 1600-1682

Au fil des différentes époques, les compositions changent. De classiques, mesurées, elles tendent vers une exubérance riche et artificielle. Précieuses, débauche de trésors, œuvres décoratives, les scènes sont composées pour flatter les sens. L’esthétisme luxueux convient au règne de Louis XIV.
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jean-blin-de-fontenayJean-Baptiste Blin de Fontenay, Vase de fleurs avec un buste de Louis XIV
huile sur toile, 190 x 162 cm

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« Le plus la Peinture imite fortement et fidèlement la nature, plus elle nous conduit rapidement et directement vers sa fin, qui est de séduite nos yeux. » De Piles, chef de file des théoriciens à l’Académie à la fin du siècle, en 1708.

trophime_bigot_allegory_vanityTrophime Bigot, Le maître à la chandelle, allégorie à la vanité,
huile sur toile, 95 x 135 cm

La vanité « tout le tragique de la condition humaine », particularité de la nature morte, montre une composition qui amène au funèbre et à la fragilité de la vie. Le religieux est dépassé et suggère d’autres symboles. Aux ossements, aux crânes, les artistes intègrent souvent des objets comme un livre, un sablier, un vase, une bougie… Le matériel, toute chose tangible, et le spirituel, l’essence mystique de l’âme. Ce chapitre est rédigé par Alexis Merle du Bourg, docteur en Histoire de l’Art.
Là encore, les tableaux montrent des styles bien différents et « ambivalents ». (L’ambivalence, lorsque le peintre ajoute un miroir dans lequel un crâne s’y mire. « De manière continue depuis le Moyen-Âge, le miroir a été associé à la dénonciation explicite de la vanité, et secondairement de la luxure… »).
La sobriété de certaines œuvres qui renvoient à la déchéance, au néant, à la solitude, fait place à une autre génération qui montre une « sophistication » plus prononcée.

.Pieter BoelPieter Boel, Allégorie des vanités du monde,
huile sur toile, 207 x 260 cm, 1663

L’éphémère et l’éternel se conjuguent dans des mystères, l’évanescence, l’austérité et le faste. Les spécialistes nous racontent ces beaux tableaux qui inspirent admiration et frissons. Les sentiments évoluent suivant les représentations… L’opulence d’une corbeille de fruits et les richesses d’une tablée de François Habert (actif au XVIIe siècle) procurera une émotion autre que « La vanité au crâne, rose et montre à gousset » de Nicolas de Largillierre (1656-1746).

crâne et bulles de savonVanité aux bulles de savon, crâne et instruments de musique,
Simon Renard de Saint-André, huile sur toile, 60 x 43 cm

Un crâne, je songe immédiatement au poème de Baudelaire… « L’Amour est assis sur le crâne de l’Humanité, Et sur ce trône le profane, Au rire effronté, Souffle gaiement des bulles rondes qui montent dans l’air, Comme pour rejoindre les mondes au fond de l’éther… ».
Lorsque je vois « Le dessert de gaufrettes » de Lubin Baugin, (1610-1663), je pense aussitôt à « Tous les matins du monde » et j’entends la musique de M. de Sainte-Colombe
La peinture est poésie, rêve, voyage, tout au long de ce
« dictionnaire des peintres travaillant en France au XVIIe siècle » ; de Nicolas Baudesson (1611-1680) à Baudoin Yvart (1611-1728?) et autres anonymes…

Magnifique livre, j’ai conscience d’avoir été une privilégiée lors des Masses Critiques de Babelio. Bible, référence, il est à recommander à tous les amoureux des arts. Je tiens à préciser qu’il n’est point nécessaire d’être savant pour apprécier cet ouvrage et comprendre les symboles. On se balade émerveillé devant tant d’adresse, on se questionne sur le temps qui passe et les lésions qu’il laisse, la vie, la mort, la beauté, la pureté, la fragilité, la décrépitude, les croyances, notre monde, leurs mondes et l’essence réelle et irréelle des choses.
Il serait un superbe cadeau pour Noël !

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Lubin_BauginLe dessert de gaufrettes, Lubin Baugin,
huile sur bois, 41 x 52 cm

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Chauvet-Pont d’Arc, Le premier chef-d’œuvre de l’humanité

Logo_BabelioUn livre offert par Babelio et les Editions Synops
dans le cadre des Masses Critiques

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chauvet pont-d'arcChauvet-Pont d’Arc
Le premier chef-d’oeuvre de l’humanité
Relevé par la 3D
Les auteurs…
Textes de Pedro Lima
Photographies de Philippe Psaïla
Réalisation 3D de Philippe Psaïla et Guy Perazio

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Les hommes préhistoriques de la période aurignacienne (40000 ans avant J-C) ont certainement ressenti comme nous l’extraordinaire beauté du site avec le cadre majestueux du Pont d’Arc qui enjambe une rivière sinueuse. Pour contourner une barre rocheuse, cette rivière a creusé le cirque d’Estre et fait apparaître des falaises escarpées. Au-dessus du méandre asséché, s’ouvrait (à l’époque des artistes préhistoriques) sur le flanc de la montagne une immense entrée de dix mètres de haut, visible de très loin. Ce porche a aujourd’hui disparu suite à un éboulement de la roche (il y a environ 21000 ans) condamnant ainsi l’accès aux hommes et animaux.

En décembre 1994, trois spéléologues (Eliette Brunel, Christian Hillaire et Jean-Marie Chauvet) s’intéressent, comme depuis de nombreuses années, à la richesse souterraine de la région. Ils recherchent à travers les fissures de la paroi le moindre souffle d’air. Ayant repéré quelques semaines auparavant un filet d’air dans la paroi (en surplomb de l’ancienne entrée), ils avancent en rampant dans un étroit boyau puis débouchent dans une vaste cavité ; la beauté minérale les sidère. Sur les sols argileux parfaitement conservés, ils marchent doucement entre des ossements d’ours. En pénétrant dans de nouvelles galeries, Eliette Brunel s’écrie : « Ils sont venus ». Sur les parois des peintures de chevaux, félins, rhinocéros se mélangent par dizaine. Encore chamboulés par leur découverte, les trois amis quittent avec précaution les lieux. Un semaine plus tard, la veille de Noël, ils reviennent accompagnés de trois amis. Pour protéger le sol, ils installent des bandes en plastique. Ils atteignent le fond de la cavité et découvrent une fresque unique et bouleversante.
« Nous en avions tous les larmes aux yeux, et nous nous demandions en permanence si nous ne vivions pas un rêve éveillé » raconteront par la suite les découvreurs. Le préhistorien, spécialiste de l’art pariétal Jean Clottes se rend le 29 décembre pour authentifier la découverte. D’abord sceptique, le spécialiste est vite stupéfait par ce qu’il voit. Devant la scène des Félins, il ressent l’une des grandes émotions de sa carrière. Certain de l’authenticité des peintures, il reste six heures dans la grotte en compagnie des découvreurs et de deux autres personnes.

Le 18 janvier 1995, le ministre de la culture Jacques Toubon annonce l’existence de la grotte Chauvet avec ses fabuleux trésors artistiques en compagnie des trois spéléologues.
Des prélèvements dont des échantillons de charbons de bois permettent, par la technique du carbone 14, de dater les peintures (autour de -35000 ans). Il s’agit des plus anciennes représentations de l’humanité, deux fois plus vieilles que celles de Lascaux. Notre conception de l’art préhistorique s’en trouve alors complètement bouleversée. En effet, on peut constater qu’il n’y a pas d’évolution stylistique dans l’art pariétal. Les artistes de la grotte de Chauvet sont aussi talentueux que ceux de la grotte de Lascaux. Ainsi, la notion de progrès n’existe pas dans l’art à l’inverse de la science. Les théories de Leroi-Gourhan se trouvent contredites car il parle d’une évolution stylistique, les formes représentées étant très schématiques à l’Aurignacien ; ce qui n’est pas du tout le cas ici.

La protection de la grotte est rapidement mise en place avec une lourde porte blindée reliée à un système de vidéo surveillance. L’accès au public est interdit. Afin d’éviter les erreurs faites à Lascaux, les visites sont rares et dépendent de plusieurs paramètres physiques enregistrés par des capteurs comme la teneur en gaz carbonique.

La capture de la grotte en 3D permet de mieux saisir les volumes, mettant en évidence les trous et les saillies. Des scanners ont enregistré seize milliards de points. Sur ces surfaces 6000 photographies réalisées en haute définition par Lionel Guichard ont été superposées. Sans se déplacer, le spectateur peut alors, par l’intermédiaire de son ordinateur (sur le site lepremierchedoeuvre.com), admirer les peintures de la grotte en visualisant bien les dessins qui épousent parfois les courbures de la roche. Les artistes ont parfaitement utilisé les anfractuosités des parois. Le relevé topographique montre la grotte selon les trois dimensions. On peut aussi voir dans l’espace, un crâne d’ours qui a été posé sur un rocher. Quelle était l’intention de ce geste, cérémoniale, rituelle… ?

La grotte renferme 442 représentations animales, des signes (points, traits, hachures) et des empreintes humaines (des mains en positif ou négatif) qui remettent en cause nos réflexions à propos de l’origine de l’art. Le bestiaire est dominé par des animaux dangereux (félins, mammouth, rhinocéros, ours).

Les techniques utilisées sont parfaitement maîtrisées et très diverses (fusain, peintre à l’ocre rouge et jaune, tampon, gravure, raclage, estompe…). Des mises en scènes avec des associations complexes suscitent notre admiration et provoquent une véritable émotion esthétique. On pense que seulement quelques artistes ont œuvré, peut-être encadrés par un maître car on retrouve des ressemblances dans la façon de représenter les oreilles. Ces artistes étaient sans doute assimilés à des chamans, donnant à la tribu une pensée spirituelle.
Les études ont montré que certaines empreintes de mains étaient celles d’une femme ou d’un adolescent. Des aménagements de la grotte ont été réalisés par les hommes préhistoriques car des blocs de pierre ont été déplacés afin de former des marches ou un bassin.

Après avoir descendu une échelle métallique, on entre d’abord dans la salle Brunel,  où on remarque à l’ouest l’éboulis qui a fermé l’ouverture première de la cavité. Au fur et à mesure que l’on progresse les peintures se révèlent de plus en plus présentes et envoûtantes. Dans la salle Hilaire, neuf ensembles regroupent des dizaines d’animaux. Ainsi le panneau des chevaux montre toute l’habilité des artistes et leur faculté à concevoir des mises en scènes très élaborées. Dans le prolongement de la salle Hilaire, la salle du Crâne est recouverte au sol d’ossement d’ours. Au centre de cet « amphithéâtre », est posé sur un bloc de pierre un crâne comme un acte symbolique. La salle du fond constitue le saint des saints avec des panneaux monumentaux et très expressifs comme le fameux panneau des lions d’une beauté fascinante.

Le projet d’un fac-similé à deux kilomètres de la grotte faisant appel à des technologies de pointe et au talent d’artistes copieurs voit le jour en 2007. En 2015 la fin du chantier permet l’ouverture de la Caverne du Pont-d’arc (reconstitution de Chauvet-Pont d’Arc).

Ce livre permet une immersion totale dans la grotte en raison de la qualité des images, le tout renforcé par la 3D sur ordinateur. D’un abord facile, le texte replace fort bien le contexte de la découverte et la portée historique de celle-ci.

Un magnifique et passionnant livre que je vous recommande !

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Détail du panneau des Rhinocéros

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Visions Huichol, un art amérindien du Mexique

L’art dans tous ses états de Shelbylee

Un livre offert dans le cadre des Masses Critiques de Babelio
Partenariat avec les Éditions d’Art Somogy

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vision huicholVisions Huichol
Un art amérindien du Mexique
Michel Perrin

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Michel Perrin, ethnologue et anthropologue, s’est spécialisé sur le chamanisme, la mythologie, le symbolisme, l’ethnomédecine et l’art. Lors d’un voyage au Mexique, dans la sierra de Jalisco, de 1989 à 1991, il découvre la culture amérindienne et le peuple Tateikie. L’accueil est peu chaleureux. Ils sont fiers, discrets et réticents envers l’étranger. Des tableaux faits de fils retiennent son attention…
Il y retourne vingt ans après, en 2010, et perçoit un changement. L’écotourisme « a ravivé et transformé » leur art. L’artisanat s’est développé et s’ouvre sur le monde extérieur. On le découvre sur les étals des marchés mais aussi dans les musées.

Dans l’introduction, il se questionne sur deux points qu’il est important de relever…
 » Quelles relations existe-t-il entre la religion et l’art d’une société traditionnelle ?
Comment un art pictural se nourrit-il d’un milieu géographique particulier et d’une manière spécifique de concevoir l’homme et le monde, exprimée par les mythes et les rites ? »

huicholNotre-Mère-Terre
Martin de la Cruz (Niuveme), 1989 – 30 x 30 collection particulière

Ce magnifique livre sur les Huichol est un partage de connaissances (leur histoire, leurs mythes, leur religion, leur culture, leur terre…), de spiritualité (leurs visions…) et d’émotions (leurs créations, l’essence de leur art, l’harmonie des formes, des symboles, des couleurs…).

Les Wirraritai, appelés les Huichol, parlent la langue uto-astèque. Ils habitent sur des hauteurs escarpées (3000 mètres d’altitude) car ils ont été contraints de quitter les terres basses lors des incursions militaires espagnoles du XVIème siècle. Ils se divisent en cinq communautés, des scissions qui représentent le centre et les quatre points cardinaux. Santa Catarina Cuexcomatitlan, San Andrés Cohamiata, San Sebastian Teponahuaxtlan, Tuxpan de Bolanos et Guadalupe Ocotan. Le chiffre cinq est un nombre particulier qui revient régulièrement dans les rituels chamaniques.
Dans les années 50, on a demandé à ce peuple d’artistes d’exprimer par des dessins, leur croyance et leurs rêves. « Quelque cinquante années plus tard, un ethnologue a suivi un chemin inverse. Il a demandé aux Indiens de déchiffrer et d’interpréter leurs œuvres picturales… ». La mythologie huichol se raconte à travers leurs œuvres. Les formes sont « des êtres divins, humains, animaux ou végétaux ». Tout s’imbrique et passe de l’un à l’autre. On ne distingue alors de cette complexité que « les lignes dominantes » et contrastées ; le sombre, la nuit, s’opposent à la lumière, le jour, le désert à l’océan…
Pour nous aider à comprendre (ou à cheminer librement dans notre imaginaire), à reconnaître les formes, un petit répertoire dévoile les principales divinités. Elles sont animales comme l’Aigle, le Cerf, le Loup, le Lézard… elles sont éléments comme l’Eau, le Feu, le Vent, la Pluie… elles sont astres comme la Lune, le Soleil… elles sont végétales comme le Peyotl, le maïs…

Dans un des paragraphes intitulé « Voir, communiquer et créer. Un art chamanique ? », l’auteur note l’influence des traditions religieuses et des rites chamaniques. Après avoir consommé du Peyotl, l’esprit s’ouvre est accède à des strates parallèles, mondes « des ancêtres, des dieux, des esprits, des âmes et des morts ». Leurs visions racontent leurs communions et nous invitent dans « des lieux sacrés ».

Sur des surfaces de contreplaqué recouvertes de cire, ils disposent des fils de laine. Les arabesques peuvent composer des tableaux simples ou très chargés. Comme les peintures ou gravures des Aborigènes d’Australie, (je pense aussi à Picasso et Robert Combas), beaucoup d’énergie, de vie, passe par ces formes. Labyrinthe, carte au trésor, tapisserie aux teintes éclatantes, on peut dire sans paraître vulgaire, qu’on en a plein les yeux !
Suivre le cheminement, se tortiller en tous les sens suivant les remous des fils, faire une pause sur une figure et en découvrir l’expression, les couleurs, son remplissage, chercher l’histoire sans la deviner, se perdre dans les pigments… et rentrer en osmose…

Le livre compte près de 130 créations photographiées, toutes détaillées, expliquées, formulées en proses. Il y a des chemins, des naissances, des prières, des fêtes… un immense univers magnifique, généreux, spirituel, rempli de mystères et de ferveur.

Si vous avez la possibilité et la chance d’aller au Musée d’Arts Africains, Océaniens et Amérindiens de Marseille, l’exposition « Visions Huichol, un art amérindien du Mexique » se tient jusqu’au 11 janvier 2015.

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Un livre à offrir ou à s’offrir.

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108247_1411486651_5-huichol-dieux-que-ns-rencontrons_557x420pJosé benitez Sanchez, 1988 – 61 x 81,5 cm, collection particulière


Les Dieux que nous rencontrons

Un chamane et son aide sont sur des rochers.
L’un d’un côté, l’autre de l’autre.
L’un communique avec Notre-Frère-Aîné-Kauyumari.
Kauyumari a une tête de cerf à quatre ramures.

Du chamane sort un serpent rouge, c’est sa force.
De sa main émane une vibration, c’est un message.
De sa tête pend une ramure de cerf.
Celle-ci le désigne comme chamane.

Notre-Grand-Mère-Nakawé est au centre.
Colibri, messagère des dieux, la convoquée.
Ses messages sont semblables à un masque.
Notre-Grand-Mère en reçoit les paroles.

Notre-Grand-Mère est au-dessus d’un étui chamanique.
Les deux cornes, comme des pinces, sont ses gardiens.
Personne d’autre que le chamane ne pourra le toucher.

Notre-Grand-Mère parle avec l’esprit du dieu Cerf-du-Monde-Obscur.
Ils sont reliés par la tête et par le corps.
Ils échangent des paroles, ils s’envoient des messages.

L’esprit du cerf communique aussi avec Kauyumari.
Le chamane communique avec Kauyumari.
Kauyumari communique avec l’esprit du dieu Cerf.
Le dieu Cerf communique avec notre Notre-Grand-Mère-Nakawé.

Des dieux apparaissent aussi dans les montagnes.
Ils habitent des roches sacrées.

C’est à l’origine des temps, lorsque sortit Notre-Père-Soleil.
Des ancêtres se convertirent en pierres et en rochers.

Tous ceux qui n’atteignirent pas  le Mont-de-l’Aube se pétrifièrent.
Ce sont les kakauyari.

D’un rocher sort une tête, avec trois flèches.
C’est Werika, Notre-Mère-Aigle.
C’est son âme, son expression, sa parole.

Il y a aussi le Cerf-Bleu.
Il guide le chamane dans les montagnes du désert, sur le chemin des dieux.
Deux bâtons à plumes sont près deux.

Points, étoiles et flèches sont des paroles, des pensées, des expirations.
Ce sont celles du chamane, celles du cerf, celles des dieux.
Elles vont des chamanes aux dieux et des dieux aux chamanes.

Tatewari, Notre-Grand-Père-Feu, est près du chamane et de son aide.
Près de l’un est le feu bleu.
Près de l’autre est le feu rouge.
Car le feu naît d’abord bleu, puis il devient rouge.

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La cuisine des fées

logoSyl.2logocuisinehantéeDans la maison hantée de Lou et Hilde,
Halloween, 12ème billet

Un dimanche dans la cuisine
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la cuisine des féesLa cuisine des fées et autres comptes gourmands
Laurence et Gilles Laurendon – Christine Ferber
Photographies de Bernard Winkelmann
Mises en scène et illustrations de Philippe Model

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Un livre dans lequel on s’émerveille à chaque page.
« La cuisine des fées » a un avant-propos, six chapitres et un index des recettes. On pénètre dans un univers artistiquement mis en scène, illustré d’aquarelles et délicieusement pensé depuis des années.
La gourmandise se pare des plus beaux atouts et prend son histoire dans les contes de notre enfance. Elle veut régaler les enfants, les amuser, les combler de féeries. Près de soixante-dix recettes semblent être extraites des grimoires de fées et de sorcières. « La maison magique », « Le jardin enchanté », « La forêt mystérieuse », « L’antre de l’ogre et de la sorcière », « D’un château à l’autre » et « Le pays merveilleux » sont des lieux enchanteurs où nous retrouvons Peau d’Âne, Tom Pouce, Cendrillon, Riquet à la Houppe… et tant d’autres !
Nous nous transformons alors en un ogre qui dévore tout du regard et qui se lèche les babines en imaginant le bouquet des saveurs et la finesse des textures.

C’est magique… La galette au beurre du Petit Chaperon Rouge prend une envergure majestueuse dans son panier. La tartine grillée à la crème épaisse avec sa confiture de quetsches des frères Grimm a une rusticité… raffinée ! La bouillie de fromage blanc, de riz, d’avoine, d’orge et de riz perd sa modestie et devient, sans vantardise, des « nuages ». Le pain perdu aux épices dans son plat en étain s’égaie de fruits rouges et paraît être le plus merveilleux des desserts… Et… il y a toute la préciosité et la poésie des pâtisseries plus sophistiquées. Des copeaux de chocolat garnissent le gâteau du marquis de Carabas. Une dentelle de caramel chapeaute une tarte à la crème. La pureté d’un glaçage blanc dit royal nappe un gâteau de mariage. La maison en pain d’épices de Hansel et Gretel a des murs garnis de meringues, de bonbons givrés à la violette et aux fruits, de macarons, de pistaches, et d’autres friandises.

Générosité, grâce, enchantements, ce livre est un plaisir. Il est à recommander !

Dans le courant de la semaine, je ferai deux recettes :
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Petits biscimg222uits aux noix et à la vanille

– 230g de beurre tempéré
– 90g de sucre glace
– 1 blanc d’un gros œuf
– 200g de farine
– 1 pincée de sel
– 70g de cerneaux de noix moulus
– 1 gousse de vanille
Pour la décoration :
– 10g de sucre glace
– 10g de cacao en poudre

– Fendez la gousse de vanille en deux dans la longueur et grattez les graines de la pointe du couteau. Mettez le beurre, le sucre glace, le sel et les graines de vanille dans le bol d’un robot ménager et fouettez jusqu’à ce que ce mélange prenne la consistance d’une pommade. Ajoutez le blanc d’oeuf et fouettez encore pour obtenir une crème onctueuse et très mousseuse.
– Tamisez la farine et les noix moulues. A l’aide d’une cuillère en bois, incorporez délicatement dans la crème mousseuse.
– Préchauffez le four à 200°C (th. 6-7). Dressez des petits serpentins de pâte sur une plaque couverte de papier sulfurisé en vous aidant d’une poche et d’une douille cannelée.
– Mettez à cuire environ 8 minutes : les biscuits vont légèrement s’étaler sur la plaque. Ils seront parfaitement cuits lorsqu’ils auront pris une belle couleur dorée.
– Laissez-les refroidir sur une grille et saupoudrez-les d’un peu de sucre glace et de poudre cacao.

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Pommes croquantes au caramel

– 4 belles pommes rouges
Pour le sucre cuit au caramel :
– 500g de sucre semoule
– 5 gouttes de jus de citron
– 12,5 cl d’eau

– Rincez les pommes et séchez-les soigneusement.
– Dans une casserole, faites chauffer l’eau, le sucre et le jus de citron. Lorsque le sucre bout, nettoyez les parois intérieures de la casserole à l’aide d’un pinceau et d’un peu d’eau. Posez un thermomètre à sucre dans la casserole : lorsqu’il atteint 155°C, le caramel est clair et dit au « gros cassé ». Froid, il sera croquant comme un bonbon.
– Ôtez la casserole du feu. Piquez chaque pomme sur une fourchette et trempez-les dans le caramel. Enrobez-les en veillant à ce que la couche de caramel ne soit pas trop épaisse. Attendez que le caramel se solidifie un peu avant de les poser sur une feuille de papier sulfurisé.
– Réchauffez les reste de caramel en remuant à l’aide d’une spatule en bois. Lorsqu’il est bien liquide, ôtez-le du feu, prenez deux fourchettes entre le pouce et l’index, trempez-les rapidement dans le caramel et secouez-les au dessus d’une feuille de papier sulfurisé. le sucre cuit va tomber en filets dorés. Recommencez plusieurs fois, puis réunissez ces fils en un petit nid. Déposez chaque pomme dans un nid de sucre.
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