Hyacinthe et Rose

logo un_bouquet_des_pivoines_par_pierre_joseph_redouteIl y a des livres qui se classent dans la catégorie « Je ne suis pas facile à ranger, mais je le vaux bien ! » et ce livre en est. Il m’a été offert par Somaja qui connaît si bien mon goût pour les belles illustrations et les fleurs.

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Hyacinthe et RoseHyacinthe et Rose
Texte de François Morel
Illustrations de Martin Jarrie

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C’est l’histoire d’un petit-fils devenu grand qui porte un regard attendri et nostalgique sur ses grands-parents. Rose et Hyacinthe, beaucoup de choses les séparent, on pourrait même dire « tout », mais, en dehors de leur famille, il est un sujet qui les passionne et qui les réunit… les fleurs.

« C’est bien simple : Rose et Hyacinthe, mariés depuis quarante-cinq ans, ensemble depuis toujours, ne s’entendaient sur rien. Hyacinthe était coco, Rose était catho. Hyacinthe aimait boire, Rose aimait manger. Hyacinthe aimait la bicyclette, la pêche à la ligne, le vin rouge, la belote et les chants révolutionnaires. Rose préférait les mots croisés, le tricot, l’eau de mélisse, les dominos et les cantiques. Hyacinthe aimait traîner… à table, au lit, au bistrot, avec les copains, sur un banc, dans un champ, sur les talus, à observer les nuages… « Tu n’es qu’un Traînard », lui disait Rose qui était toujours la première debout, la première couchée, la première assise à table, la première levée de table, le repas à peine terminé déjà devant l’évier à nettoyer la vaisselle. « Madame Gonzales » l’avait surnommée Hyacinthe. En souvenir de Speedy.
Ils avaient dû s’aimer mais c’était il y a longtemps.
Il est même probable qu’ils aient pu faire l’amour. L’existence d’une descendance de douze enfants, de neuf petits-enfants le laisserait fortement supposer… »

dahliaLe narrateur, sous la plume de François Morel, se revoit enfant lorsqu’il passait des séjours à la campagne. Ses images respirent notre vécu dans ses compositions, ses odeurs, ses goûts… toutes les perceptions qui se sont incrustées dans nos mémoires et qui rappellent un jadis bien heureux sous la tutelle des aïeux. Rien n’est altéré, ça sent peut-être un peu le fané mais l’odeur est délicieuse.
L’album est composé de trente-sept portraits de fleurs qui illustrent les textes.
La marguerite rappelle un cliché qui terrorisait le petit garçon. Au moment de la photo, le taquin Hyacinthe avait caché son visage derrière un bouquet de marguerites. Ainsi le grand-père semblait avoir été décapité.
Le dahlia fait résonance avec le prêche admiratif du jeune curé qui arpente les allées du jardin en le comparant à l’éden… suivi des mots que le grand-père agacé marmonne entre ses dents… « Si c’est des fleurs gratuites qu’il espère pour son église, il peut toujours courir… ».
La tulipe, l’œillet, la rose… elles fleurissent dans le livre d’Hippolyte Langlois auteur d’un livre régulièrement consulté, « Le Nouveau Jardinier fleuriste », dans les chansons, sur les blouses de la grand-mère, sur les étagères de la cuisine dans des verres à moutarde, elles sont à l’honneur dans le concours du plus beau bouquet organisé par le cousin Jean-Pierre, dans les deuils, les joyeux moments… elles sont partout, elles sont les vacances et la mémoire de tant d’histoires… et elles se mangent aussi, au plus grand désespoir de Mamie Rose qui crie à l’hérésie  !
« Des coquelicots, des pissenlits, des fleurs de rien, des fleurs de peu… »
 Chez les grands-parents, le petit garçon apprend le langage des fleurs, leur harmonie. Il les dessine, les compose, les imagine, les admire. Le jardin est un tableau, il est aussi le lieu de toutes les philosophies.

Sept ans, quatorze ans, dix-sept ans… l’enfant grandit et les fleurs sont un berceau pour les sentiments, un ornement à l’amour, un baume aux angoisses ; penser à l’amour sous un ciel d’épines en fleur…
Et vint un été où Rose s’en est allée… et, dans la même journée, où Hyacinthe l’a accompagnée…

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Par l’intermédiaire des fleurs, des petites anecdotes retracent avec humour et tendresse la vie des grands-parents. On ne sait si c’est l’enfance de François Morel, acteur, écrivain et chroniqueur sur France Inter, ou si c’est une enfance fictive.
Hyacinthe et Rose sont des personnages aux caractères bien affirmés, peut-être un peu rigides dans leurs convictions, mais foncièrement sympathiques, attachants et bons. L’amour ? ils se le disent à leur manière et dès le début du récit nous ne sommes pas dupes de leur indifférence. Après tant de vécu, ils pensent s’affranchir chacun à leur manière, mais continuent à se séduire. La meilleure façon de le faire ? Avec les fleurs.
J’ai découvert Martin Jarrie avec un autre album qui illustre les légumes avec gourmandise : « Une cuisine grande comme un jardin ». Ici, les peintures sont toutes aussi belles et rendent du velouté aux fleurs. Il contraste ses couleurs pour donner du relief à ses sujets qui sont présentés en gros plan.
Les mots et les illustrations se mêlent à merveille !

Je vous recommande ce livre pour l’histoire et la beauté des dessins. Vous découvrirez des variétés de tulipe, marguerite, dahlia, pavot, œillet, bégonia, anémone, rose, arum, lys, fritillaires, coquelicot, tournesol, iris, narcisse, jacinthe… et des fleurs imaginaires.

Un autre billet chez Louise

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iris

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28 réflexions au sujet de « Hyacinthe et Rose »

  1. Merci pour cette découverte, je suis sure que ce livre est trop bon, et l’autre avec les dessins des fleurs j’aimerais le lire, car je suis une grand amoreuse des fleurs.
    Bonne fin d’aprés midi et merci de ta gentillesse toujours vers moi
    gros bisous
    rosa

  2. Ton billet est magnifique ! On voit que cette histoire t’a inspirée, les illustrations sont belles, Somaja a le chic pour dénicher ces beaux livres ! Et puis les prénoms : Hyacinthe et Rose, deux fleurs qui se rencontrent !!! 😀

  3. J’ai vu plusieurs fois ce livre avec des avis très bons d’ailleurs et je me demandais ce que ça pouvait bien donner. Ton avis m’a donné encore plus envie de le découvrir et les peintures sont superbes. Bises de Paris où il fait un froid de canard.

  4. Toi aussi tu as craqué, j’ai tellement adoré ce livre que j’avais trouvé par hasard à la bibliothèque que j’ai réussi à me le faire offrir. Bon il ne rentre pas sur les étagères du coup il est au sommet, mais cette place est parfaite pour lui. J’ai vu qu’ils ont récidivé avec La vie des gens. J’espère le trouver à la médiathèque .

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