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La ruelle au clair de lune
Stefan Zweig
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Un port en France,
Un voyageur allemand ne peut prendre la correspondance de son train pour rentrer chez lui, car le bateau qui l’a débarqué a eu du retard. Il décide alors de se perdre dans les ruelles de la ville. Il est le narrateur de cette nouvelle.
L’ambiance le conduit dans la profondeur des quartiers. Curieux de cette faune grouillante et colorée, il observe et décrit l’atmosphère ; marins, filles légères, musique, cris, rires, ivrognerie, senteurs poissonnières, lumières tamisées, lampions rouges, œillades langoureuses et tarifées… Le solitaire arrive à apprécier les instants de cette nuit. Il pense que ces heures sont sensuelles, propices aux rêves, même si les lieux transpirent l’angoisse et la désespérance.
Etourdi par ses sensations, il perçoit une mélodie allemande. Il suit le fil et arrive dans un établissement peu engageant. Au comptoir, une femme chantonne. Elle n’est ni belle, ni laide, ni jeune, ni vieille. Ses yeux fardés sont inanimés. Lorsqu’elle le harponne et l’invite à boire un verre, il se sent obligé d’accepter. Il décèle en sa vulgarité, un masque protecteur… Étrange fille à matelot !
L’histoire prend une tournure moins passive lorsqu’un homme tente de s’approcher. Entre lui et la fille, le contentieux est lourd. Railleries, regards assassins, cruauté, l’inconnu, soumis, subit les humiliations en silence. Pourquoi ?
Notre narrateur fuit l’air malsain et ne songe qu’à rejoindre son hôtel. Très vite, dans « la ruelle au clair de lune », il est apostrophé par l’homme du bar qui veut se justifier.
Elle n’est pas si méchante, elle a ses raisons. Lui et elle, c’est une vieille histoire ; il va la lui raconter.
Elle était miséreuse, il était riche. Il l’a aimée, mais trop mal, trop tard…
« J’aurais voulu partir, mais tout en moi était alourdi ; j’étais là, assis dans cette atmosphère trouble et saturée, chancelant de torpeur comme le sont les matelots, enchaîné à la fois par la curiosité et par le dégoût, car cette indifférence avait un côté excitant. »
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Cette nouvelle de Zweig est dans le recueil « Amok » (Nouvelles d’une mauvaise passion) parue en 1922. Dans mon livre, elle vient à la suite de « Lettre d’une inconnue ». Le thème de l’amour malheureux, à sens unique, la souffrance, sont à nouveau abordés.
Le décor que Zweig nous présente a son importance. A travers le voyageur, nous exhalons la crasse « portuaire ». Pénétrer l’intérieur des terres est une véritable aventure qui échauffe l’imagination et titille nos sens. Il offre à son narrateur un rôle secondaire, celui de spectateur et confident (bien malgré lui), puis oriente les projecteurs sur un couple défait.
« Il était une fois » est une triste histoire… Un jeune homme riche prend sous sa protection une jeune fille pauvre et en fait sa « chose ». Il instaure un jeu qui lui apporte un plaisir pernicieux. Dominateur, il impose les règles. Elle doit implorer chaque désir et consentir à la soumission. Pour lui, la voir s’humilier le comble de bonheur. C’est plus que de l’avarice, à ce paroxysme c’est morbide et cruel. Leur relation se termine sur la disparition de la jeune fille qui ne peut plus supporter cette servitude. Dès lors, les rapports sont modifiés, s’inversent, et lorsqu’il la retrouve, la victime devient bourreau. Pour elle, la prostitution est une finalité préférable à tout ce qu’il peut lui offrir. La passion amoureuse est traitée dans ses formes sadiques et masochistes.
La fin est presque inévitable, elle est esquissée, on la forge. Je n’en dirai pas plus. Arbitre impuissant, le narrateur est rentré dans la dualité malgré lui. Son désir de fuite, de ne pas s’impliquer, souligne une certaine lâcheté et le renvoie à une médiocrité.
C’est la troisième fois que je lis Stefan Zweig et je suis toujours emportée. Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous convie à le faire…
Des billets chez Bladelor,
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Je n’ai pas lu cette nouvelle mais c’est un auteur que j’apprecie .
Bonjour Eline,
Elle est toute petite mais intense. Donc, à noter !
Nous avons le même recueil alors, elle est aussi dans le mien… Tu vas lire Amok maintenant ? Je vais aller lire le billet de l’Irrégulière sur Lettre d’une inconnue, bisous, bon dimanche Syl (et je crois qu’effectivement je vais pleurer ;0)
Je ne veux pas que tu pleures !!! Mais de temps en temps, ça nettoie les conduits.
Je ne vais pas lire « Amok », mais « Le joueur d’échecs » ou « La pitié dangereuse ». Il y a de quoi faire…
Le joueur d’échecs j’ai beaucoup aimé !! Tu devrais aimer toi aussi
On verra… mais ce titre a déjà des bon-points !
En fait je me suis trompé de titre, c’est « 24 heures dans la vie d’une femme » que j’ai lu, et pas Le joueur d’échecs mais j’en ai entendu beaucoup de bien et il me tente aussi…
J’ai lu « 24 heures… » et j’avais aimé. Je ne sais pas si dans « Le joueur… » il parle de tragédie de l’amour.
Toujours une bonne chose de lire Stefan Zweig. Un si grand écrivain !
Je constate… Bonne soirée
Tu es à fond Zweig en ce moment ! Bon choix en tout cas.
C’était la suite de l’autre nouvelle. J’ai fragmenté car deux billets étaient nécessaires.
Biz Phili
Coucou Syl, je t’ai tagguée dans mon blog et j’aimerai bien que tu y participe.
bonne soirée
Il faudrait que je me trouve ce recueil, des petites nouvelles, de Zweig en plus me feraient le plus grand bien ! J’adore l’ambiance que tu peins dans celle-ci !!!!♥
Je te l’envoie alors ?
Hum, je réfléchis, car avec tout ce qui est encore à lire, ce qui va arriver, serait-ce bien raisonnable ??? Si on attendait un peu ??? 😆 merci merci en tous cas !!!♥
OK. Tu sauras.
J’ai beaucoup aime » lettre d’une inconnue ». il faut que je relise du Zweig, il passe pour l’un des auteurs ayant le plus parlé de la passion qui ne peut que finir mal de toute façon. Je pense que c’est un auteur dérangeant…
N’a-t-il pas écrit des textes heureux ? C’est triste… Je préfère l’auteur à l’homme.
Ah oui ! Il faut lire Zweig ! D’ailleurs je ferais bien de ressortir mon recueil !
Il n’est pas de la Force Rose, papa Zweig !!!
Wow, tu donnes très très envie !!! Je veux lire cette nouvelle…
Tu as aimé les autres, tu aimeras celle-ci forcément.
Bon, je ne dis plus qu’il faut que je le lise, je l’ai dit tant de fois…mais grâce à Mindounet, Stefan m’attend dans ma Pal, ça ne derait donc pas tarder. Tu en parles très bien et tu donnes envie. Bisous
Alors bonnes lectures. Tu verras, c’est comme un film en noir et blanc. A bientôt…