Au près de moi toujours

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Au près de moi toujours
Kazuo Ishiguro

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Kathy H., jeune femme de trente-un ans, est accompagnante depuis onze ans. Elle guide et assiste des personnes qui font  don de leurs organes. Excellente auxiliaire, elle a le pouvoir de choisir ses patients. Dans une chambre de convalescence, elle échange quelques souvenirs avec un donneur. Lui, il vient du Dorset, mais ses souvenirs ne sont pas heureux, elle, elle vient de Hailsham. A ce nom, le donneur qui se trouve être en phase terminale, esquisse péniblement un sourire…
« – Hailsham, je parie que c’était un endroit magnifique ».
Durant six jours, elle va lui raconter son enfance dans ce lieu prestigieux, une école d’élite. Ses souvenirs d’écolière sont doux, amers et nostalgiques. Une fois seule, elle se remémore les pensées et les images les plus anciennes. Des éclats de vie se rappellent à elle. Des réminiscences qui s’étendront jusqu’à son départ du Cottage à l’âge de vingt ans, puis jusqu’à celles de ses retrouvailles trop tardives avec Ruth et Tommy, ses meilleurs amis…

Hailsham était une école-pensionnat qui datait des années cinquante. A cette époque, de nombreux centres étaient édifiés dans les campagnes et les parties désertes du pays. Ces centres accueillaient les enfants et leur offraient une très bonne éducation.
Dans celui de Kathy, la vie était très agréable, presque légère. Les professeurs, dont Miss Emily et Miss Lucy, étaient prévenants et leur sévérité était juste. Les gardiens qui surveillaient l’intérieur et l’extérieur étaient en général assez conciliants. Les infrastructures étaient nombreuses ; les sportives, les culturelles, les créatrices… Tous les ans, on organisait des bourses d’échanges. Dès le petit âge, on habituait les enfants à donner des créations. Il fallait créer, soit par le dessin, soit par des écrits, puis offrir et partager. Madame, venait alors chercher des tableaux ou des poésies pour les exposer dans sa galerie d’art. On coordonnait des ventes, des collections… Et il y avait Ruth, il y avait Tommy, ses confidents. Kathy se souvient des instants joyeux de camaraderie, et de certains plus sombres, de doutes, de questions, d’hypothèses et d’incompréhension. Car à Hailsham, il n’y avait que des enfants sans parent, que des êtres élevés dans un but précis. « Informés sans l’être », ce n’est que vers l’âge de l’adolescence, la classe des séniors, que l’on commence à clarifier leur statut et à les instruire de leur vie future. C’est alors, que Kathy se revoit, petite fille, écouter une chanson de Judy Bridgewater « Darling, never let me go ». Elle avait mis ses bras en corbeille et berçait un bébé imaginaire. A cet instant Madame qui passait devant le dortoir, l’avait vue. Elle s’était arrêtée, le regard fixe et pénétrant, empli de commisération et de larmes.

Dans ce monde, est-ce que la vie peut encore présenter des surprises ou s’achève-t-elle avant même qu’elle n’ait été vécue ?
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Un livre magnifique. Ishiguro a composé une fiction très singulière en racontant cette histoire. Un monde inquiétant qui n’a aucune morale, aucune sensibilité, aucune éthique. Un univers froid et sans âme. La seule chaleur, émotivité, humanité, on les trouve auprès de ces enfants et de ces donneurs qui s’offrent en toute naïveté. La générosité, l’offrande et la vie communautaire, dès la naissance, elles leurs ont été inculquées. L’auteur, à travers les souvenirs de Kathy, le dévoile dès les premières pages, d’une façon sobre, légèrement en retrait, au lecteur qui désespère de tant d’innocence et de crédulité. On souhaite pour ces enfants, une autre issue, on rêve avec Tommy qui a réussi à convaincre Kathy, d’un dénouement providentiel. On extrapole sur le moindre petit fait en cherchant des échappatoires… on spécule, on fantasme… cette perspective est une bulle qui monte, qui monte, qui essaie de s’extraire de ce formatage, on y croit nous aussi, ce livre est un conte, nous sommes dans un monde surréaliste, alors pourquoi pas ?… et puis, la bulle éclate, éparpillant l’amertume, les désillusions et le chagrin. Jamais, jamais, je ne voudrais d’un monde pareil.
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Image du film et musique de Judy Brigewater « Never let me go »

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Billet chez Sandy, Karine, George, Liliba, Céline, Cécile, Anis, Anne,
Billet du film chez Céline,
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Une réflexion au sujet de « Au près de moi toujours »

  1. Commentaires
    Zut, j’ai lu des trucs que j’aurais pas du lire…
    Je suis en plein dedans… J’aime le style. Je reviendrai lire ton avis complet quand je l’aurais terminé ! 🙂
    Commentaire n°1 posté par Cécile le 13/04/2011 à 10h03

    J’ai écrit des mots que je n’aurais pas dû ? Un billet difficile à écrire car 4 jours après, tu y penses et tu t’emportes, tu es chagrine, tu souhaiterais pénétrer dans le texte, et tu dois faire une chronique, tu voudrais tout raconter, tout expliquer, t’arrêter sur chaque enfant, souligner la poésie, et j’ai cette chanson qui me poursuit car je l’ai écoutée en même temps que j’écrivais. C’est très difficile parce qu’on est émue… Tu vas voir…
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 11h40
    J’♥ ce livre, énormément.

    As-tu vu ou vas-tu aller voir le film ?
    Commentaire n°2 posté par Adalana le 13/04/2011 à 10h34

    Bonjour Adalana, Je n’ai pas vu le film et n’irai certainement pas le voir pour l’instant. J’aurais trop peur d’être déçue. Il est encore trop présent en moi, avec mes images, mes couleurs, mes personnages. Cependant, j’ai vu des photos du film et elles m’ont bien séduite. Surtout les teintes surannées. En ce moment, j’ai le coeur un peu trop lourd… Bises
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 11h20
    J’avais adoré ce bouquin, même s’il fait frissonner…
    Commentaire n°3 posté par liliba le 13/04/2011 à 10h50

    La douceur des mots m’ont bouleversée et surtout cet état d’acceptation et de résignation. Oui, des frissons… Bises.
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 11h32
    Dire que j’ai aimé, adoré, serait en dessous de la réalité ! L’histoire est intéressante mais c’est surtout l’écriture tout en subtilité qui me bouleverse. Comment par petite touche il nous amène dans ce monde, comment par le personnage de Kathy et la 1 ère personne, il nous attache à ces jeunes, la fin devenant d’autant plus insupportable.
    Très heureuse que tu aies aimé.
    Commentaire n°4 posté par somaja.over-blog.com le 13/04/2011 à 11h09

    T’ai-je dis que je pensais à toi et à DoRé en le lisant ? C’est son livre et je crois que c’est toi qui le lui a offert. Je me trompe ? Ishiguro me fait toujours pleurer. Des gros bisous…
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 11h24
    Ne t’en fais pas. C’est juste que la ou j’en suis on ne parle pas de clones et de bebe éprouvette. Mais c’est pas bien grave! 🙂
    Commentaire n°5 posté par Cess le 13/04/2011 à 11h44

    D’accord… Tu es au tout début. Ne tarde pas à faire ton billet, j’ai hâte de te lire…
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 11h48
    Heu tout début, page 150 environ quand même 🙂
    Commentaire n°6 posté par Cécile le 13/04/2011 à 12h27

    Tu avais raison. J’ai enlevé certains mots. Bisous.
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 12h36
    Oui, j’avais tellement aimé cet auteur que j’ai offert ses romans (et surtout celui-là) à nombre de copines (et quelques copains qui ont eu plus de mal à entrer dans cet univers – ça doit être vrai qu’on n’est pas faits pareils avec eux z’autres !).
    Commentaire n°7 posté par somaja.over-blog.com le 13/04/2011 à 13h20

    Depuis samedi, j’en parle à Mister B. et à Benj. Ils sont sourds… Je suis sûre que O. aimerait, s’il ne l’a pas déjà lu.
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 13h30
    J’aime Ishiguro, ce livre comme tous ceux que j’ai lus de lui, mais je ne suis pas certaine d’avoir envie de voir le film… c’est son style qui fait son charme, tout autant que l’histoire elle-même…
    Commentaire n°8 posté par Ys le 13/04/2011 à 13h23

    Bonjour Ys, J’ai visionné quelques photos du film. J’étais bien solitaire et stupide à pleurer devant mon ordi. Les paysages, les comédiens, les couleurs, ressemblaient bien à mes images, mais suite à l’analyse de Céline qui est allée voir le film, je ne suis pas trop enthousiaste pour aller le voir. Ma lecture du livre est trop récente et je préfère la conserver comme elle est dans mon esprit sans être parasitée par d’autres visions. A bientôt…
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 13h38
    Tu n’as pas fait ton billet sur la correspondance ? Je vais en faire un aussi, on peut programmer ça en même temps ? demain ou vendredi ou samedi, ça te va ?
    Commentaire n°9 posté par liliba le 13/04/2011 à 14h40

    Cela serait bien qu’on le fasse ensemble. Je t’envoie ma photo pour que tu puisses la mettre sur ton blog. Et je mettrai aussi la tienne. Vendredi ou samedi, cela me convient très bien. J’attendais que les autres participantes aient commencé à écrire. Dis-moi pour le jour… et même demain si tu veux…
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 15h21
    Je ne connaissais pas ton blog qui est très riche. Ce livre a également été pour moi un coup de coeur. je ne sais pas si l’adaptation cinématographique est déjà sortie mais j’aimerais beaucoup la voir.
    Commentaire n°10 posté par Anis le 13/04/2011 à 15h06

    Bonjour Anis, Je suis allée lire ton billet et j’aime beaucoup ta référence aux estampes japonaises. Une autre lectrice a visualisé la chose à la manière des impressionnistes. J’aime ce rappel à l’art et à la peinture. Si tu veux lire une critique sur le film, Céline du Blog Bleu en a fait un article. J’ai mis son lien à la fin de mon billet. Quant à moi, je verrai ce film, un jour, plus tard. Je garde encore en moi le style et les mots d’Ishiguro… A bientôt et bienvenue sur ce blog.
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 15h40
    Plutôt jeudi ou vendredi, car comme je publie à 8h du mat, je ne suis pas certaine d’avoir terminé ce soir… je file : conduite ! bizzz
    je peux copier ta photo directement sur le blog, je pense… et tu as la mienne…
    Commentaire n°11 posté par liliba le 13/04/2011 à 15h58

    Alors, vendredi ! Ce soir, je dois écrire un billet… Vendredi, pub pour notre nouveau blog !
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 16h03
    Ce que j’ai pu aimer ce roman… et je me retrouve énormément dans ton billet. J’ai failli voir le film dans l’avion en février mais je n’ai jamais réussi à faire fonctionner le truc. Ça étonne quelqu’un?
    Commentaire n°12 posté par Karine:) le 13/04/2011 à 16h40

    Non… Ca fait longtemps que tu ne nous racontes plus tes péripéties, pirouettes et petites bêtises… Tu as appris à maîtriser ton corps en dansant le flamenco ?
    Pour le film, tu aurais pleuré tout le voyage, alors il a mieux vallu que…
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 17h40
    ça marche !
    Commentaire n°13 posté par liliba le 13/04/2011 à 17h00

    Ok !
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 17h35
    Tu n’es pas la première à me dire ça, pour les petites bêtises… ;)) Je les raconte davantage sur FB, je pense. J’essaie de me limiter aux livres sur le blog. 😉
    Commentaire n°14 posté par Karine 🙂 le 13/04/2011 à 17h45

    Dommage pour nous ! La première fois que j’ai lu un de tes billets, tu racontais ton petit travers hypocondriaque, j’avais bien ri. Et tu avais une lectrice de plus !
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 19h03
    un merveilleux roman que j’ai fait lire à ma maman dernièrement et qui en a été aussi chamboulée que toi ! j’ai aimé l’ambiance, l’intrigue qui nous tient jusqu’au bout et pourtant au début j’étais sceptique, mais Ishiguro est un très grand auteur !
    Commentaire n°15 posté par george le 13/04/2011 à 18h17

    Ton billet était très bien écrit. Sceptique ? Tu croyais que les souvenirs étaient trop gentillets ? Mais avec Ishiguro, ce n’est jamais simple et mignon… Bonne soirée George.
    Je vais faire mon billet pour promouvoir notre nouveau blog, celui des correspondances. Attends-toi à recevoir un petit courrier.
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 19h24
    ah bon ??? génial ! je vais guetter le facteur qui prend ses aises en ce moment !
    Commentaire n°16 posté par george le 13/04/2011 à 19h30

    Il te taquine… sors-lui ton matinet, il fera moins le fier !
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 13/04/2011 à 19h42
    Ce livre me donne envie de le lire !
    Merci d’être passée 🙂
    Commentaire n°17 posté par Luna le 14/04/2011 à 09h22

    Bonjour Luna, Je ne voudrais pas être trop autoritaire, mais ouiiiii !!!! lis-le !!!!! mais prépare tes mouchoirs ! A++
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 14/04/2011 à 09h33
    haaa… il me marque encore celui-ci et il va longtemps me marquer ! C’est une perle ! Un livre à encadrer et à bizouter ! ;o)
    Commentaire n°18 posté par sandy le 14/04/2011 à 09h34

    Oui, moi j’aimerai dire, « Ne vous inquiétez pas les enfants, c’était un cauchemard ». Tu vas lire un autre livre de cet auteur ?
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 14/04/2011 à 09h45
    Oui, Les vestiges du jour ont rejoint ma PAL dès que j’ai tourné la dernière page de celui-ci !
    Commentaire n°19 posté par sandy le 14/04/2011 à 09h47

    Tu vas TE REGALER… C’est bôôôô !!! l’écriture, les personnages, l’histoire… tout. Je crois que c’est mon préféré. Après je mets « Auprès de moi toujours » et après « Quand nous étions orphelins ». Je vais voir pour ses autres livres… Bonne journée miss…
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 14/04/2011 à 09h51
    Quand je pense que j’ai ce livre dans ma PAL ainsi que « Les vestiges du jour » et que je ne les ai pas encore lus ; c’est presque impardonnable car de ce fait je ne connais pas cet auteur qui a l’air assez extraordinaire.
    Commentaire n°20 posté par Anne le 14/04/2011 à 12h30

    Bonjour Anne, Je te conseille de lire « Les vestiges du jour » si tu as besoin d’une histoire mélancolique… pour après passé à « Au près de moi toujour » qui est une histoire plus dure et peut-être plus marquante, toujours avec les mots d’Ishiguro qui manie la douceur, la poésie, l’amertume, avant talent. Dans les deux, tu pleures !!! Bisous…
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 14/04/2011 à 12h53

    Un jour je pense vraiment lui redonner une chance, à ce roman ! (la première fois, je m’étais ennuyée, et ça… c’est une véritable cause d’abandon chez moi !)
    Commentaire n°21 posté par Anne le 29/07/2012 à 12h18

    Coucou ! Je peux dire que l’ennui ne m’a pas effleurée. Pour en revenir à la révélation de ce que tu sais quoi… on s’en doute dès les premières pages. C’est l’auteur qui distille ses informations dans la première partie du roman. Après, tu le lis pour savoir le dénouement. Je te souhaite un autre essai plus concluant ! Biz
    Réponse de thelecturesetmacarons.over-blog.com le 29/07/2012 à 12h49

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